mardi 9 juin 2015

Qui sont les austronésiens dont procèdent les langues de Calédonie et des Loyauté?

                      Qui sont les austronésiens ?
Aujourd’hui, les apparentements des langues entre elles ne sont plus à la mode et il faut avoir 75 ans comme moi pour s’en soucier.
Pourtant, l’austronésien tel que Dempwolff l’a défini (son ouvrage irremplaçable, en allemand, a été réédité en 1969) constitue un bloc compact et sûr. Il est fondé sur le lexique des langues indonésiennes et malaises surtout ; il faut y rajouter le malgache, les langues formosanes et le polynésien. Les langues parlées en Mélanésie (terme géographique et non linguistique) sont très mal étudiées mais elles sont probablement à rattacher à l’austronésien.
Disposant des ouvrages de Leenhardt sur le houaïlou et de la grammaire de Madame de La Fontinelle, j’avais étudié le houaïlou de Nouvelle-Calédonie et constaté qu’il s’agissait bien d’une langue austronésienne, mais mon texte semble être perdu, tant il n’a intéressé personne. Je suis pourtant le seul à avoir rattaché une langue mélanésienne comme le houaïlou à l’austronésien.
A ceux qui désireraient étendre aux autres parlures calédoniennes et loyaltiennes le rattachement éventuel à l’austronésien de Dempwolff, quels conseils donner ?
D’abord, il faut remonter directement de telle parlure à
l’austronésien, et non pas chercher des apparentements avec d’autres langues locales, même si l’ouvrage de Leenhardt avec des listes de mots dans tous les «  dialectes » peut être consulté. De plus, il faut se fonder, non sur les noms de nombre, variables suivant l’objet numérisé (mais lmaracine pour deux est duSa , lifou lue, de lua-i),  ni sur les noms de parenté, variables suivant le sexe du locuteur et de l’allocuteur, mais sur les noms de couleur et sur les animaux comme les poux (tchien en belep) ou roussette (emprunt à l’ibère pek). Chaque parlure a constitué sa  propre morphologie à partir d’un ensemble de noms appropriés, auxquels était adjoints un pronom personnel. Les langues les plus commodes sont celles pour lesquelles il existe un dictionnaire, comme ceux du  Canala  (œuvre du père Neyret, dactylographiés et retouchés, puis déposés par mes soins aux archives de Nouméa) ou celui du Belep (moins complet).


Les parlures non étudiées, mais certainement apparentées.
Les langues australiennes et parlées en Nouvelle-Guinée font partie du même bloc que les langues parlées en Mélanésie, de même que les langues amérindiennes comme le quechua, dont les locuteurs sont arrivés par le pôle sud, mais qui sont toutes très mal étudiées.

L’austroasiatique et les substrats
Les linguistes néo-zélandais posent avant l’austronésien une langue mère qu’ils appellent l’austroasiatique regroupant notamment le khmer, le birman, le laossien et le vietnamien. Le japonais et le coréen sont à part. La langue aïnou et les langues parlées à Okinawa, différentes du japonais, sont assurément austronésiennes , par exemple à Okinawa le nom de l’oursin dont on mange les organes sexuels féminins se rattache à yossi en lifou ou à yoni en Inde où ce peut être un substrat monda, -des langues jadis parlées par une race blanche proche de celle des aïnous. D’autre part, on a rapproché, avec Paul Rivet,  le sumérien (cf le khmer,et les toponymes des Comores et du  Cameroun) kush, peau de lexèmes austronésiens. Enfin un mot comme uma, maison en  lifou ou en Nouvelle-Irlande  se retrouve dans les langues nigéro-congolaises, si mal étudiées.
Quelle  était la langue maternelle  des mélanésiens avant qu’ils ne parlent une langue austronésienne, comme les Antillais qui parlent de nos jours des langues indo-européennes du type du français ou de l’anglais ? Vraisemblablement une langue nigéro-congolaise. 

Le sabir austronésien
Beaucoup de linguistes contemporains sont convaincus que le foyer des langues austronésiennes est situé quelque part à Formose ou en Chine. En effet, il faut supposer une vaste zone de melting-pot où un sabir a dû être parlé, comme la koiné au 3e siècle av. J.-C. sur les rivages méditerranéens, où ce grec altéré servait de lingua franca, de langue véhiculaire, comparable au bichlamar ou au créole de la Réunion. L’amalgame de populations disparates s’est passé comme chez les Kirghizes (ibères –ouigours blancs imposant leur langue voisine du turc à des indigènes de race jaune, peut-être austronésiens ou austroasiatiques) ou a      u Népal (langue indo-européenne voisine du sanskrit étendue à des noirs, peut-être proches des mélanésiens)  Où faut-il le situer ? A mon avis,  en Birmanie et à date très reculée.
Quelques emprunts anciens.  
A l’ibère-ouigour sont empruntés des noms de plantes : medu, pamplemoussier  sauvage, prunier sauvage à fruits jaunes (obubu en fayawé , nguéa en kaponé, cf ‘umai  à Okinawa, de o prothétique+ bou pour mou , duplication de la dernière syllabe typiquement papoue), bourao donnant les feuilles de balassor servant à fabriquer les bagayou ou cache-sexe masculins, les bambous servant à fabriquer des couteaux, hele en houaïlou, de fele, malgache filao, bois de fer casuarina))
A l’espagnol hispanioli,  est emprunté le nom du blanc, popalagni ou apopalai (les premiers blancs  aperçus au XIVe siècle étaient espagnols), a   insi que carabouzo, prison, peut-être par le biclamar.
Au français, fer, est emprunté au XVIIIe siècle le nom du sabre d’abattis, fao.

A l’anglais sont empruntés de nombreuses appellations, comme boul-ma-cao, de bull et de cow, signifiant tête de bétail. 

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