mardi 14 juillet 2015

Pourquoi les ornithologues n’ont jamais pu résoudre le mystère du Cagou, ou leurs erreurs de systématique.

Pourquoi les ornithologues  n’ont jamais pu résoudre le mystère du Cagou, ou leurs erreurs de systématique.



Etymologie de Rhynochetos jubatus et Rhynochetidae.
 Si jubatus signifie avec une huppe en latin, la formation, l’étymologie et l’orthographe de Rhynochetidae est moins évidente.  On peut partir du latin savant  rhyncaeca,en français  rynchée,désignant  échassier des pays chaud, du grec rhynchos, bec, et songer à la rhynchée d’Australie, Rostratula australis, rostrum étant l’équivalent latin du grec  rhynchos.découverte par John Gould en 1838   et construire, avec un suffixe de ressemblance –etidae,  un rhynchetidae (sans o), puis avec un suffixe –etos un rhynochetos . Il reste que le nom du cagou, échassier dans l’esprit de celui qui l’a nommé,-Gould en 1856,- est donc fautif,Rhynochetos au lieu de Rhynchetus,  ainsi que la graphie latinisée Rhinochetus jubatus (1901, Burckhardt). Le mot est homonyme de cagou,mot béarnais dérivé du grec kakos, mauvais,  paria,  faux lépreux blanc atteint de vitiligo , puis lépreux contrefait, en argot chef des gueux : « un vieux cagou » .  
A propos du Cagou huppé,  on peut lire dans l’un des deux ouvrages classiques sur les oiseaux calédoniens, celui de  Jean Delacour, Guide des oiseaux de la Nouvelle-Calédonie, 1963 :
« Le Cagou est certainement l’oiseau le plus intéressant de la Calédonie. C’est un échassier forestier tout à fait particulier, formant une famille spéciale qui n’est étroitement apparentée à aucune autre. Le Caurale de l’Amérique du Sud (Eurypygidés),  également isolé, et peut-être les Mésites de Madagascar sont sans doute les plus proches d’eux, mais néanmoins encore bien éloignés… Œil rouge, bec et pattes jaune orangé. » Le cri  du cagou, semblable à un aboiement, avec des sifflements et des notes profondes, s’entend surtout au lever du jour. 
  Dans le second ouvrage, Oiseaux de Nouvelle-Calédonie et des Loyauté, 1980, 2 vol. de F. Hannecart et Y. Letocart, vol.1, p.47, on peut lire : « Seul représentant [vivant] de cette famille [des Rhynochetidés]. « Car sur la toile on peut lire qu’il y   avait jadis un autre représentant, plus grand, dont Balouet a étudié les fossiles, lui donnant le nom de Rhynochetos orarius (de ora, bord de mer, par opposition aux montagnes dans les forêts desquelles vivait le cagou actuel ).  
De nos jours, la classification linnéenne, ou traditionnelle, qui assignait des rangs taxonomiques à la classification des êtres vivants (règnes, classes, ordres, familles, espèces, etc.) d’après  des similarités morphologiques , et qui , pour les oiseaux et pour le cagou en particulier, a montré ses difficultés et ses limites,  a donc aujourd’hui  cédé la place à une classification cladistique reposant sur des clades , du grec klados, branche .Un clade regroupe un ancêtre et l’ensemble de ses descendants. Pour le cagou, nous ne prétendons pas lister tous les descendants, mais seulement ceux qui intéressent la Calédonie. Toutefois, nous citerons la classification ancienne à titre de comparaison.
Clade des Gouridae, comprenant des Otididae (outardes), des Phasianidés (faisans, etc.), des Gouras et des Cagous.
Ancêtre , le hotzin huppé
1Le Lophophore resplendissant, Lophophorus  impejanus , un Phasianidé bleu pastel de l’Inde.
2 L’outarde houbara, Clamydotis undulata, un grand oiseau de la famille des Otididae  (outardes, voir les Otidiformis fossiles de Nouvelle-Zélande). Mongolie, Chine, Inde.
3 Goura de Nouvelle- Guinée, 3 espèces : 
-Goura cristata, dont serait issu le cagou fossile, avec, outre la sous-espèce nominale, deux sous-espèces : Goura cristata minor et goura cristata pygmataea. C’est peut-être cette dernière variété qui a donné le cagou actuel.
-Goura scheepmakeri  dont 1 sous-espèce :
goura scheepmakeri schaterii Salvadori, 1876
-Goura victoria dont 2 variétés en plus de la variété nominale, savoir Goura Victoria victoria  Fraser 1844, plus petite que la suivante, avec une huppe moins fournie, et goura victoria baccarii, Salvadori, 1876.
 D’où :

a)Microgoura de  Choiseul aux Salomon, en voie d’extinction : Microgoura meeki, issu du  Goura cristata pygmataea ?
b) Cagou huppé de  Nouvelle-Calédonie, famille des Rhynochetidae, Rhynochetus jubatus,  2 variétés dont l’une éteinte  et l’autre  le cagou vivant,  sans doute variété de  Goura cristata pygmataea sous un autre nom.Le cagou éteint Rhynochetos orarius Balouet 1989,  de 15% plus grand que l’autre , pourrait être  Goura cristata
c) Nouvelle-Zélande, fossiles, genre Aptornis, 
2 espèces : l’une dans l’île du nord, Aptornis otidiformis, Owen 1844, plus grosse,l’autre dans l’île du sud, Aptornis defossor Owen 1871,sans doute respectivement    goura cristata et
goura cristata pygmataea sous d’autres appellations ?
d)Nouka Hiva, le kaau, cagou, en voie d’extinction,Rhynochetos jubatus ?


C’est grâce à la biologie moléculaire et à l’étude de l’ADN, celui du cagou entre autres, que les ornithologues ont étudié sa parenté avec les Caurales  et avec les Mésites de Madagascar. Ils font intervenir le continent Gondwana disparu il y a 16 millions d’années pour expliquer ces surprenantes et lointaines parentés et le hotzin huppé d’Amérique du sud , qui se révèle  l’oiseau moderne le plus ancien, car on a trouvé de ses fossiles datant de 18 millions d’années, du temps du Gondwana.  Aussi est-il tentant pour nous de  regrouper les Caurales  d’Amérique du sud, les Mésites de Madagascar avec  les gouras de Nouvelle-Guinée et leurs parents du Pacifique, dont le cagou,  dans un même clade.
Le problème du cagou est lié à la taxonomie. La taxonomie actuelle est fautive  et on ne s’étonnera pas de voir le cagou rattaché à des gruiformes ou à  des columbiforme ou encore  des phasianidae etc.
Un signe cladique  à prendre en compte est la présence de pulviplumes, qui existaient aussi chez le dinosaure et que les Américains appellent « down powder » (c’est-à-dire le duvet en poussière sur l’extrémité des plumes, le bout de la plume se désagrégeant  en une fine poussière de kératine). Ces pulviplumes se trouvent chez les psittacidés,  columbiformes, les oies  etc. et notamment chez le cagou, les mésites, les caurales, les « adzebills » de Nouvelle-Zélande.  Le cas extrême est celui d’un phasianidé, le Lophophorus  impejanus (qui porte un aigrette, lophos en grec, et impedianus, sur échasses) ou monial (ermite) de l’Himalaya, vivant en Inde, en Afghanistan et au Pakistan ainsi qu’en Assam, peut-être apparenté au goura de Guinée, donc au cagou.  Chez lui,  les pulviplumes forment une énorme tache blanche sur le dos, toute resplendissante : on dirait de petites  perles de nacre d’un blanc éclatant,  très brillantes,  jetées en vrac sur son plumage : il est si beau que le Népal l’a choisi comme emblème national.    
  La version qui remplace l’ancienne classification des Columbidae, des gruiformes et des Phasianidae serait,semble-t-il, celle d’un taxon regroupant notamment les caurales d’Amérique du sud  et  les  mésites de Madagascar ,les  pigeons,  les gouras de Nouvelle-Guinée, les « adzebills » fossiles  de Nouvelle-Zélande et le  cagou .
  Les Caurales d’Amérique du sud.  
A Etymologie de caurale
 Caurale vient de kau , chanter, comme gou dans ka-gou, le chanteur,et  de ra, morphème substantivant postposé comme dans goura. C’est l’altération européenne de kaura-ni-lua, qui signifie celui qui chante (coq ou autre oiseau) au (ni) sol (lua) et non dans les arbres comme les oiseaux qui ne sont pas aptères. Cette étymologie est capitale afin d’éliminer pour les caurales l’hypothèse du Gondwana et même celle d’une évolution convergente de ce phylum. On peut retracer leur trajet à partir de la côte ouest de la Nouvelle-Guinée d’où ils furent transportés par les Austronésiens jusqu’aux îles Salomon,  puis,  à partir du niveau du pôle et de  l’extrême sud de l’Amérique,  le long des côtes d’Amérique du sud jusqu’au niveau de l’Amérique centrale.
Les caurales soleil (en anglais sunbitterns, butors avec des soleils)  montrent un  dessin que forment les ailes une fois déployées : elles dévoilent de magnifiques panneaux châtain et orange au niveau des primaires, ainsi que des ocelles blancs, semblables à de petits  soleils. Ils crient le matin comme le cagou . ils appartiennent à l’ ordre des Eurypygiformes, famille des Eurypygidae, genre Eurypyga  [du grec pygè, queue, et de eurus, large] ,  espèce Eurypyga helias ,et  vivent du Guatemala au sud du Pérou , comptant 32 sous- espèces. Comme le cagou et les mésites, ils  ont des pulviplumes et leurs iris sont rouge rubis, leurs   pattes sont jaune orange (dans les plaines à l’est des Andes, mais  rouges en Amérique centrale).
 Les Mésites de la côte est de Madagascar..
 Selon Westmore , les Mesitornithidae, ordre des Mesitornithiformae, groupe des Columbimorphae qui incluent Columbiformes et Pterocliformes (du grec kleis, kleidos,clavicule, cou) , taxon des Mirandoornithes (flamands et grèbes) avec les pigeons,  contiennent deux genres , Mesitornis et Monias benschi. Ils habitent uniquement la côte est de la grande île.
 On peut lire sur le Net : « Le cagou  et le caurale soleil, sunbittern en anglais, comme les adzebills éteints de Nouvelle-Zélande, pourraient être des parents qui ne sont guère trop éloignés. » Bien qu’on  ait généralement rangé tous ces oiseaux parents du cagou  dans l’ordre des Gruiformes, Westmore, en  1960,  a inventé  pour eux un  ordre sui generis, celui des Mesornithiformes, du grec mésos, intermédiaire, hybride (entre les grues, les pigeons, les faisans).  Ils sont proches des colombes, pigeons, grèbes et flamands. Ils possèdent les mêmes pulviplumes  que le cagou.
  
   Nous allons maintenant tenter de rompre l’isolement taxonomique du cagou, en lui cherchant des parents , non plus en Amérique ou à Madagascar, mais  cette fois dans une  région plus proche ,celle du  Pacifique , et ce, quelle  que soi leur situation dans la taxonomie traditionnelle

Le goura bleu et huppé de Nouvelle-Guinée, ancêtre du cagou.

Famille Gourinae,  genre Goura Stephens, 1819.  En anglais, blue crowned pigeon.
Il y a trois espèces :
1Goura cristata, ou goura couronné, 3 sous-espèces,
2 Goura scheepmakeri, 2 sous-espèces
3 Goura Victoria. 2 sous-espèces.
1 Le Goura cristata de Papouasie Nouvelle –Guinée, en anglais Western crested goura.
Distribution : c’est l’espèce qui vit le plus à l’ouest de la Nouvelle-Guinée, d’où son nom anglais. Depuis très longtemps,  lers Austronésiens l’ont  introduit comme gibier dans les Moluques, mais  uniquement l’île de Seram ; ils l’ont introduit aussi à  Supiori. Le goura semble originaire de  Salawati dans la presqu’île de Vogelkop et s’être étendu vers l’est en direction de la rivière Siriwo, le long de Geelvink au nord et de celle de l’Etna au sud. Dans les îles de la Papouasie occidentale, on les trouve à Misool, Batanta et Waigeo.
75 cm, gris-bleu, ventre gris, présence de marron sur le manteau et les couvertures alaires, huppe simple. Iris rouge,  pattes rouge foncé, bec gris ou noir. Forte tendance au mélanisme (zones variables de couleur noire). Deux sous-espèces en plus de la variété qui donne son nom à l’espèce, c’est-à-dire Goura cristata cristata : Goura cristata minor et goura cristata pygmataea. C’est peut-être cette dernière variété qui a donné le cagou actuel.    
2 Goura de Sheepmaker, goura scheepmakeri Finsch , 1876
73 cm, donc légèrement plus petit que les deux autres types de gouras.
Deux sous-espèces :
 Goura scheepmakeri sheepmakeri Finsch 1876 et Goura scheepmakeri sclaterii Salvadori, 1876
Très apprécié pour sa chair et aussi pour ses plumes. Il est endémique au sud de la Nouvelle-Guinée. Il se distingue des deux autres variétés de gouras par son ventre et sa poitrine marron- bordeaux.
3 Le goura de Victoria
Iris rouge foncé. Bec gris avec le bout brunâtre. Pattes rouge violacé mat. Il peut s’hybrider avec les deux autres types de  gouras. Deux sous-espèces : Goura Victoria victoria  Fraser 1844, plus petite que la suivante, et avec une huppe moins fournie, sur les îles de Yapen,Blak et Supiori, où il a été introduit comme gibier
et Goura victoria baccarii, Salvadori, 1876, présente dans le nord de la Nouvelle-Guinée.
On capture les oisillons  pour les élever comme animaux domestiques.  10000 oiseaux restants ;distribution originelle  sur  les îles de Yapen, au nord de la Nouvelle –Guinée -Papouasie, entre Geelvink Bay (province d’Irian Jaya, Indonésie) et l’Astrolabe Bay, ainsi que dans une petite zone autour de Collingwood Bay en Papouasie -Nouvelle-Guinée.S’est étendu à Supiori.

Goura vient de l’austronésien gou, chanter à voix forte,  et de ra, identique à ka, le morphème substantivant retrouvé dans kagou, l’oiseau qui chante (selon d’autres : qui aboie).
Explication de ses migrations autre que par le Gondwana :
les Austronésiens présents en Nouvelle-Guinée avaient un élevage de gallinacés et un autre de gouras.
L’introduction  du coq bankiva en Calédonie (Nord est ) et à l’île des Pins par les Austronésiens.
Dans les migrations des Austronésiens, notons leurs somptueux poulaillers  en  pierres de l’île de Pâques. Le nom du coq bankiva vient du nom d’une île proche de Sumatra, l’île de Banka, adjectif bankiva, originaire de Banka. Dans Oiseaux de Nouvelle- Calédonie et des Loyauté vol.1, p.89, les auteurs notent à propos du Coq bankhiva (famille des Phasianidés) que le 7 septembre 1774 Cook entendit dans la région de Balade le chant de plusieurs coqs. Delacour note, op .  cit. , p. 59 : (Gallus gallus)« Aucun gallinacé n’existe à l’état naturel en Nouvelle-Calédonie, mais le coq sauvage d’Asie, ou coq bankhiva,   a été introduit, et il y en a encore à  l’île des Pins .  »
 L’introduction simultanée des gouras en Calédonie par les mêmes Austronésiens.
Cette introduction ,tant  à l’île des Pins que dans le nord,  a pu concerner n’importe quel type de goura, mais plus probablement deux types, Goura cristata, donnant le cagou fossile plus grand, et Goura cristata pygmatae, variété qui a donné le cagou actuel. Celui-ci a perdu l’usage du vol.
Il y a quatre raisons pour trouver dans une île un oiseau aptère :
1 que l’oiseau y soit venu du temps où il volait, au cours d’une migration hivernale, tel le kiwi qui, selon un chercheur néo-zélandais, serait venu d’Australie avant de perdre l’usage de ses ailes ;
2 qu’une évolution convergente lui ait donné le même aspect  qu’un autre oiseau, vivant ailleurs sans lien avec lui: par exemple,  les  agamis , des pigeons, et un râle de Calédonie, la marouette fuligineuse (voir 2, D) . Les agamis  (de mi, pigeon cf.  sumérien, langue proto- asiatique selon Paul Rivet et donc apparentée à l’austronésien et  syrien Sémiramis élevée par des colombes ou grec Artémis , la déesse aux colombes ) , pigeons de couleur noire,  vivent en  Amazonie, et en Guyane et appartiennent à la famille des Psophidae, Bonaparte, 1831, au genre Psophia (du grec psophos, grand bruit) ,  comptant plusieurs espèces.

2 qu’il y soit resté depuis le Gondwana il y a 16 millions d’années. Voici quelques exemples.
A Le râle Rallus philippensis swindlelsi présent aux îles Loyauté , Surprises et Chesterfield, ainsi que dans d’autres îlots du lagon calédonien. On peut imaginer qu’ils sont restés sur place, aux Surprises par exemple, depuis le temps où ces îles faisaient partie de la Calédonie, avant l’élévation du niveau de la mer.
B Le grand râle de Calédonie, Tricholimnas ( du grec thrix, trichos, poil, à cause de son plumage qui rappelle le poil, et de  limnas, marais] lafreyanus, éteint, analogue à celui  de l’île de lord Howe, Gallirallis sylvestris, éteint aussi en raison de l’action de convicts tasmaniens échappés qui se sont nourris de leurs œufs (voir mon article, Les quatre squelettes de Walpole, bulletin de la SEHNC, n° 184, 3e tr.2015) ;
C L’ hémipode peint, Turnix varia novaecaledoniae, surnommé la  caille du colon,  éteint, mais présent en Australie (Queenslansd) ;
D La marouette fuligineuse de Calédonie,  Porzana tabuensis tabuensis, répandue des Philippines jusqu’à la Polynésie, la Nouvelle-Zélande et l’Australie, abondante à Ouvéa et à Lifou où elle s’est raréfiée, puis limitée aujourd’hui à la côte est entre Touho et Ponérihouen ;
E La poule sultane, Porphyrio porphyrio caledonicus, bien     proche du  takahe des Maoris en Nouvelle- Zéande, Porphyrio mantelli ;
F Le talégalle de Latham,  Alectura [en grec alektryon, coq]lathami)  de Latham, en Calédonie Megapodius mollistructor Balouet 1989 .
On trouve ce talégale (de gallus, coq, et de talle, du latin thallus , grec thallos, branchages, broussailles)  en Australie dans le nord du Queensland et en Nouvelle- Galles du sud jusqu’en Illawara. Or, il existait à  l’île des Pins (voir voir Griscelli,  bulletin n°29, 2e tr.  1976, « Deux oiseaux fossiles de Nouvelle-Calédonie ») et sur la grande Terre. Il avait été aperçu  par William Anderson (Notes manuscrites) lors du second voyage de Cook  et celui-ci le nomma Tetrao australis, du latin tetrao (grec tetraôn) ou tetrax , de tet, pigeon , et de ourax, tétras, littéralement perdrix à queue (grec oura), trouvant qu’il ressemblait aux tétras d’Ecosse, précisant qu’il, était noir  et sans plumes sur les pattes , à la différence du coq de bruyère.  Ce mégapode   fut encore aperçu en 1860 par Verreaux et des Murs qui le décrivent comme un dindon des broussailles (les insulaires de  Morari ( Boulari, Mont-Dore, l’appelaient ndino). Balouet, qui en a trouvé des ossements fossiles, l’appelle Megapodius mollistructor, nouvelle espèce.
Le Sylviornis neocaledoniae Poplin 1980, dont le statut est très débattu,  pourrait n’en être qu’une variété(Mourer-Chauviré et Balouet, monographie de 2005)
F  Il ne faut pas confondre ces dindons de grande taille avec le du des Kounié , une sorte de poule noire aptère, constructrice de tumuli également ,Megapodius eremita ?, analogue à des volatiles voisins aux Salomon (Megapodius eremita, mégapode mélanésien), au Vanuatu (Megapodius layardi),  et en Papouasie (Megapodius decollatus).












4° qu’il y ait été importé par des hommes qui en faisaient l’élevage pour sa chair et  pour les œufs,  à bord de leur bateau. Pour le cagou, c’est cette 4e raison seule qui explique, selon moi,  sa présence en Calédonie.
   Dans le Pacifique, les Austronésiens ont implanté aux Salomons,  dans les deux îles de  Nouvelle-Zélande et en Polynésie à Nouka Hiva (en venant directement des Salomon) leur élevage. A date plus ancienne, lors d’une  migration  à Madagascar, île où l’on parle une langue austronésienne et non pas africaine,  ils y ont acclimaté sur la côte ouest un goura qui a fini par donner  le mésite .  Aussi,  à date encore plus  ancienne, en passant par les Salomon ou au niveau du pôle,  le pôle sud peut-être, ils ont introduit leur gibier favori en Amérique du Sud où celui-ci s’est différencié.  
Un parent du goura et du cagou , mais en voie d’extinction,  aux îles Salomon, sur l’île Choiseul : Microgoura meeki, du nom de Albert Stewart Meek qui en tua six en 1904 .
Il s’agit de l’oiseau qu’on appelle vulgairement  Microgoura de Choiseul , ordre des gruiformes, famille  des columbidae, genre Microgoura Rothschild, 1904, espèce Microgoura Meeki , qui est malheureusement en voie d’extinction , des expéditions en 1927 et en 1929 n’ayant rien donné depuis sa dernière capture en 1904. Possède une huppe ;  pattes jaunes. On possède de cet oiseau  5 plumages conservés à l’American Museum of Natural History à New York ainsi qu’un oeuf. Les insulaires l’appellent kukuru-ni-lua, c’est-à-dire coq  qui reste au sol (lua) au lieu de se percher. kukuru est une onomatopée qui  imite le cri du coq (cocorico).L’intérêt de ce nom est de nous montrer que les autochtones de Choiseul connaissaient le coq bankiva, introduit en même temps que le microgoura par les Austronésiens il y avait longtemps comme animal domestique comestible. Le goura a eu le temps de se diversifier par mélanisme, mais il  a gardé sa crête  bleu sombre  et ses pattes jaunes.
Deux autres  parents dans chaque île de la Nouvelle-Zélande, mais fossiles.
Ces oiseaux, comme d’ailleurs le cagou, ressemblent à des outardes et en particulier à l’outarde houdara , Clamydotis undulata , vêtu d’une clamyde frisée, du nom d’une tribu berbère , les Houaras ou Houdaras (otis,  otidis, en grec, signifie outarde, outarde venant,  non de otis tarda, qui signifierait oiseau lent, mais de outara, comme l’indique l’anglais bustard. Le génitif grec houtidis où oméga note un o fermé prononcé [ou],  outarde, vient de houtiris, de houtaris, de houtara. Il est possible que l’outarde, dont l’aspect est menaçant, ait été comparée à celui d’un guerrier berbère. Le td du grec otidis, le rd de l’anglais bustard et du français   outarde notait une ancienne cacuminale venant du R berbère.)
Les Anglais l’appellent  l’adzebill, bec en forme d’herminette, genre Aptornis, famille des Aptornithidae,  Ces deux variétés, l’une dans l’île du nord, Aptornis otidiformis, Owen 1844, plus grosse, l’autre dans l’île du sud, Aptornis defossor [fouisseur] Owen 1871, évoquent le cagou fossile de Balouet, Rhynochetos orarius,  plus grand de 15% que son frère. Ce pourrait très bien être le Goura cristata dans l’île du nord  et le  goura cristata pygmataea  dans l’île du sud.G
Les études ont porté sur la morphologie et sur  l’ADN. Elles ont  apparenté  ces oiseaux de Nouvelle-Zélande au  cagou dont on a retrouvé les pulviplumes caractéristiques et à l’agami d’Amérique du sud.  Les  agamis (de mi, pigeon cf.  sumérien, langue proto- asiatique selon Paul Rivet et donc apparentée à l’austronésien et  syrien Sémiramis élevée par des colombes ou grec Artémis , la déesse aux colombes ) , pigeons de couleur noire, vivent en  Amazonie, et en Guyane. Ils appartiennent à la famille des Psophidae, Bonaparte, 1831, au genre Psophia (du grec psophos, grand bruit) et comptent plusieurs espèces.
 En 2011, une étude génétique a estimé que le Adzebill defossor devait être rangé dans les Gruiformes (il n’y avait pas d’ADN sur l’Adzebill otidiformis). Comment interpréter cette affirmation ? L’adzebill a dû être comparé à une grue demoiselle  à huppe (Orthopopidès (du latin upupa, huppe, «grécisé » pour correspondre » au génitif  grec  epopos, huppe) virgo) ou à une grue couronnée (Balearica pavonia), paon baléare  qui ressemblent toutes deux au cagou. La déduction doit donc être corrigée en ce sens que les gruiformes font partie comme les adzebill de l’ordre, non des gruiformes, mais des Galloansériformes (de gallus, coq et anser, oie).  L’auteur de la notice sur le net concernant l’Adzebill écrit en anglais qu’il est intéressant de noter que le Sunbitten  , Eurypyga Helias,  d’Amérique du Sud,  est le plus proche parent vivant du « Kagu », ainsi que les mésites de Madagascar. Il est vrai qu’il ne prenait pas en compte les gouras de Nouvelle-Guinée.

L’oiseau des Marquises, de Nouka Hiva, peint par Gauguin et aperçu par Thor Heyerdhal.Est-ce un cagou ?  
Son nom est semblable à celui du cagou, de ka et de gou, chanter, mais phonétiquement altéré en koau ou koao. F. Mazière , dans Mystérieux archipel du Tiki, en 1956 le décrit d’après un vieux norvégien installé sur place, Henry Lie,   comme « aussi gros qu’un coq, avec le bec et les pattes jaunes, le plumage violacé », ajoutons,  d’après le tableau de Gauguin.  Avec l’iris rouge. C’est bien notre cagou.  Je tire mes renseignements d’un article consultable sur le net, L’oiseau énigmatique de Nouka Hiva, de Michel Raynal. Gauguin l’a peint dans L’enchanteur ou le sorcier de Hiva –Oa. Ce sorcier s’appelait Haapuani. Georges Wildenstein, dans Tout l’œuvre peint de Gauguin, indique que l’oiseau qui nous intéresse est présent dans Nevermore (1897), Vairumati, D’où venons nous ... ? Le panier carré (1899), Adam et Eve et dans une gravure sur bois, Guérin, titre du Sourire, ainsi que dans des dessins. Le chien qui a attrapé le volatile a été pris pour un renard par certains critiques d’art ! Voir les articles de Aurore Mosnier , Le mystérieux oiseau de Nouka Hiva, ou  comment Gauguin est venu en aide à la cryptozoologie, 2012, sur le net, ainsi que Michel Raynal, Victoire de la cryptozoologie, 1981, et L’oiseau énigmatique  de Nouka Hiva, sur le net aussi.
Le goura de Nouvelle- Guinée est peut-être apparenté aussi :
 1 à un Phasianidé bleu du Pakistan, de l’Inde et de l’Assam. , le Lophophore resplendissant, Lophophorus  impejanus
 2 à l’outarde houbara, anglais bustard, Clamydotis undulata, un grand oiseau de la famille des Otididae  (outardes) qui  vit dans les Îles Canaries,   en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.   Elle est présente en Arabie, en Iran, au Pakistan oriental,  dans le Kasakhstan et jusqu’en  Mongolie et en Chine. Elle hiverne du golfe persique jusqu’à l’Inde.


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