vendredi 27 juillet 2018

ENFIN ! VOICI BRIÈVEMENT DÉVOILÉE LA SIGNIFICATIION DES PETROGLYPHES DE CALEDONIE.


ENFIN ! VOICI  BRIEVEMENT DEVOILEE LA SIGNIFICATIION  DES PETROGLYPHES DE CALEDONIE.
READER’S DIGEST DE MON  BLOG SUR LES PETROGLYPHES
Bibliographie : je renvoie à l’excellent  CD de Fernand Jammes et à l’ouvrage magistral de C. Sand qui,  après celui publié par la SEHNC, dresse  un inventaire quasi exhaustif des pétroglyphes calédoniens.
Mais nous  restons  sur notre faim concernant leur signification : pour cela, il faut consulter de Geza Roheim Héros phalliques et symboles maternels dans la mythologie australienne, ainsi que, dans une moindre mesure, L’énigme du sphinx du même , en utilisant les travaux généraux de Bruno Bettelheim (Les blessures symboliques) . Mes deux  blogs sur des sujets proches :  Le secret des pétroglyphes et le secret de l’homme en Calédonie  et La représentation gravée des dolmens bretons, œuvre des Boïens, en liaison avec la circoncision sont longs et difficiles, aussi ai-je décidé de le  résumer le premier ci-après.
 La légitimité de ma méthode d’interprétation.
Pour percer le secret de certains pétroglyphes de Calédonie, il nous faut les comparer avec les œuvres d’une culture voisine :  âge de la pierre polie pratiquant une forme de circoncision, et parlant des langues apparentées, la culture australienne et la culture papoue. . Pour  la, culture papoue, nous disposons de l’ouvrage de  C. Haddon ,  publié  en 1894, The decorative Art of British New Guinea ,  plus de 300 pages, avec de nombreuses illustrations,   réimpression numérique de nos jours, mais ^pratiquement sans interprétation . En revanche, les aborigènes australiens ont été étudiés sur le terrain par le psychanalyste hongrois Geza Roheim et son épouse,qui interrogèrent une femme qui pratiquait la technophagie rituelle (elle dévorait ses enfants). Quelles sont les langues de Calédonie apparentées aux parlures australiennes ,
Je citerai : 1) le tiri, dans la région de La Foa et de Couli, apparenté au biri australien ;
2 )le tipindjé (haute vallée de Hienghèneà) dérivé du pitjentara près d’Alice Spring en Australie la presqu’île Pindjen près de Voh conserve la forme ancienne du nom qui se retrouve dans la forme australienne ; on est passé de ti ,la rivière, pintjen à ti pindjé ;
3)  le nemi parlé à Hienghène . Le nemi est apparenté à certains dialectes australiens dits paama-yanga [parama, de birman, cf. les noms de Hienghène, de yanga , et de Tanghène, de lyanga].   Ainsi, le mot chanem qui signifie excrément en Hienghène et correspond à bomaign (de gonaym) en langue de Balade et à boné (cf. bunan en langue de Hienghène pour désigner l’anus) en langue de Maré se retrouve dans  le kechua amérindien huanu (d’où vient notre mot guano) et dans l’australien guna, gunong, ganing ; 
4) le yalayu parlé à Bondé, Gomen, Paimboa, Balade, Belep, Pam ; il est apparenté aussi aux langues australiennes dites paama –yanga ;  
5) le paici, parlé vers Touho,  avec en finale le suffixe –ik indiquant le langage (cf. le nom d’un lieu où justement il y a des pétroglyphes, Linderalique , de lyndral-ik, à rapprocher  de lynda en Australie et de  Aranda, de lynda en Australie et de lyanga,qui est le  nom de certaines langues australiennes) apparenté aussi aux langues appelées paama -yanga en Australie.  Dans mon enfance, j’entendais des injures d’origine australienne, comme kouinda, con, dérivé de l’australien kounthia, kountha signifiant vagin en australien. De même pour konyaos, même sens, ou  bunan, anus.
Exemple : le duvet.
Le duvet, andatta : Roheim « écrit, dans Héros phalliques…,  p. 132 : « Le caractère « sacré » d’une cérémonie totémique est défini par l’absence des femmes et par l’emploi d’andata. » Le mot andatta est donc une proclamation que le rite totémique utilisant du duvet blanc d’oiseau collé sur le corps au moyen de sang est utilisé pour la circoncision (subincision ou superincision). Le cacatoès blanc à huppe jaune, choisi comme totem par certaines tribus, a pu fournir le duvet en Australie et en Papouasie.
Or, ce sont des motifs que nous retrouvons dans deux  pétroglyphes  à  Ponérihouen :  Bhnaghra  et Néounda, bhnaghra étant l’altération en parlure  paici de inquabara andatta,  [nom , chez les Arandas du sud, dans Roheim, L’énigme…, p.127, de la cérémonie d’initiation où inquabara désigne un tjurunga, bois ou pierre totémique],  Néounda venant de anda (ta), (le site est  représenté sur un beau timbre calédonien , le pétroglyphe étant    extrait de Luquet, L’Art calédonien ,figure 94).  Selon moi,  il pourrait représenter les pulviplumes du dindon de Latham, un fossile calédonien.
Les Américains  appellent ce duvet « down powder » (c’est-à-dire  duvet en poudre,  sur l’extrémité des plumes, le bout de la plume se désagrégeant  en une fine poussière de kératine). Les pulviplumes existaient déjà chez le dinosaure. Elles  se trouvent chez les psittacidés (cacatoès blanc), les  columbiformes, les oies  etc.  .
Le motif de la « croix de Lorraine ».
Les waninga (en anglais thread- cross) ou ngapa-tjinbis, dans Roheim, L’énigme du sphinx, p. 137.
Ces objets  ont la forme  de  croix, enveloppées ou non  ,- des  croix dites grecques, d’Anjou ou de Lorraine,  selon Roheim, dans Héros phalliques…  p. 18. Ce sont des  croix à une ou à deux branches au centre d’un enveloppement en V .La traverse supérieure est plus longue que la traverse inférieure, alors que, dans notre croix de Lorraine,  c’est l’inverse.
L’enveloppement en V représente, pour les aborigènes et donc selon nous pour les auteurs des pétroglyphes calédoniens  un ensemble  de constellations, dont les Pléiades, annonciatrices de pluie et donc de la fin de saison sèche., ainsi que de la période des cérémonies d’initiation et de circoncision . La barre inférieure est peut-être E Crux de la Croix du Sud.
Ce sigle représentant une croix, très répandu de par le monde, comme la circoncision  qu’il a pour mission de symboliser,  a  fait l’objet de deux articles sur son extension de  Carl Schuster. Ce dernier  le retrouve en Amérique du Sud et en Extrême-Orient. Il a exposé ses vues   dans « Joint- marks.  A possible index of cultural contacts between America, Oceania and the far East” . Koninklijk Institut voor de Tropen. Medeling n°XCIV. Afdeling Culturele em Physiche Anthropologie, n° 39. Amsterdam, 1951,  et dans  « V- shaped chest- markings. Distribution of a design- motiv in and around the Pacific » Anthropos.  Posieux, t. XLVII, 1952, pp. 99-118, n° 39. Amsterdam, 1952.
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LE MOTIF DE L’IGUANE FOSSILE :UNE SORTE DE SOLEIL
L’iguane est  représenté par une sorte de soleil (la collerette du reptile), voir  Roheim, Héros phalliques…, p.170.
 Il doit être précisé que le mot iguane, d’origine caraïbe et avec un i actualisant préposé,  devrait en principe être réservé aux reptiles américains, mais le terme apparenté, goana ou godarge dans les dialectes  australiens , gosana à Ouvéa , amène Roheim  à s’en servir pour l’Australie. 
Au Nicaragua, existent justement, comme en Guadeloupe,  des pétroglyphes qui semblent bien reproduire la collerette du saurien  et ressemblent aux pétroglyphes calédoniens.



A la cérémonie du lézard à collerette (en anglais lace- lizard ou  frilled –lizard, Chlamydosaurus kingi),  les exécutants se décorent de façon à ressembler aux iguanes. Dans l’Australie méridionale , les lignes en zigzag ou les méandres qui figurent sur certains pétroglyphes comme sur certaines planchettes totémiques australiennes et qui sont tatoués en blanc sur la poitrine des participants  représentent les marques que porte  l’iguane sur son dos (Roheim, op. cit. , p . 142).
 Ils nettoient un trou dans le sol avec des branchages et dessinent différents sentiers le long desquels les iguanes seront censés se rendre vers diverses régions où  ils seront ensuite capturés. Finalement, des tiges sont enroulées à l’intérieur du trou, puis tirées avec vigueur le long des sentiers, -entraînant ainsi, dit-on, les iguanes, rite magique qui rappelle celui du perroquet de mer.
 Les iguanes sont très convoités des aborigènes qui sont friands de certains morceaux, notamment  de leur graisse et des grands muscles de la queue. Ces sauriens ont certes disparu de Calédonie, mais il reste un nom comme Gosana à Ouvéa et l’on peut imaginer qu’à l’époque de la création de ces pétroglyphes où déjà ils commençaient à se raréfier, ils existaient encore. On  songe à certaines  variétés  du lézard à collerette, d’une laideur terrifiante. Lorsque ce dernier est attaqué, il gonfle et étale la collerette qui entoure son cou, et prend un aspect farouche qui est censé terroriser l’adversaire. Il est appelé lézard à collerette à cause du large repli de peau qu'en temps normal il tient appliqué sur son cou et ce repli en fait un symbole tout naturel pour la circoncision australienne ou mélanésienne.
La collerette (ou chlamyde) est pourvue de « baleines » cartilagineuses et,  lorsque l'animal se sent en danger, il ouvre sa gueule en grand et déploie sa collerette, formant une vaste tache menaçante jaune et rosée. Il semblerait que cette collerette, richement vascularisée, intervienne aussi dans la thermorégulation de l'animal.
 Il lui arrive de marcher en « bipède » ;  il se tient alors en équilibre sur sa longue queue, tandis que ses pattes antérieures pendent le long de son corps comme des bras humains, ce qui se retrouve dans certaines représentations calédoniennes ;
On le trouve en Papouasie, en Australie du nord et dans le Queensland ; une de ses variétés  a dû exister au Nicaragua, de nikar -igua (n), iguane, et les autochtones en ont fait un motif de pétroglyphe.
LE MOTIF FONDAMENTAL DES CERCLES CONCENTRIQUES.
Les pétroglyphes calédoniens  sont des cercles concentriques de fécondité, des pierres totémiques, c’est-à-dire des pierresc capables d’engendrer magiquement des animaux.
Pour Roheim,  le cercle concentrique représente un nombril en relation avec  le cordon ombilical, -c’est un euphémisme, lui dirent les aborigènes qu’il interrogea,  pour le vagin, précisons  le vagin dans le pénis incisé comme dans  la superincision calédonienne, mal décrite par Leenhardt, car elle semble avoir été bien plus lourde que sa description ne le laisserait supposer : il semble bien qu’elle ait souvent été  accompagnée par  la subincision (sur la face supérieure de l’urètre , voir internet à superincision). 
Ajoutons une précision supplémentaire : dans la commune de Hienghène, près de Ouaré où existe un beau pétroglyphe représentant un cercle de fécondité (reproduit sur les timbres de Calédonie, où les images sont très heureusement choisies), existent , sur la propriété de mon ami Similien  Nahiet, fils d’un coutelier de Saint- Etienne et d’une femme d’Ouvéa,  quelques pétroglyphes sur une grosse roche au bord de mer. A ma demande, Similien  avait interrogé un ancien de Hienghène sur leur signification et ce dernier  lui répondit  que les cercles concentriques comme celui de Ouaré  étaient un symbole femelle, dans lequel le mâle était caché : allusion à la superincision pratiquée en Calédonie qui,  comme la circoncision et la  subincision (pratiquées toutes les deux sur le même initié)  ont pour but d’affirmer  la prééminence du rôle du mâle dans la  naissance d’un enfant.
Les  pierres que Roheim a  étudiées  sont pour lui des symboles maternels, appelés par les Aborigènes des  tjurunga ou churinga  (kuntanka dans d’autres dialectes, comme celui de Pidjentara).Ils peuvent être de bois ou de pierre.
Il existe d’ailleurs d’autres objets cérémoniels du même type appelés pirnmal, plus longs et plus fins, qui sont des bâtons de fécondité: ce qu’on appelle à tort la « hache de Poya » n’a rien d’énigmatique, c’est un pirnmal qui reflète l’influence australienne et qui prouve l’existence calédonienne de ces tjurunga.
 Le centre totémique  (Roheim, Héros phalliques…, p. 168), figuré sur bois ou sur la roche du pétroglyphe, est l’endroit où l’ancêtre totémique   est en quelque sorte descendu », cherchant un endroit où se fixer ; c’est  le centre de multiplication magique des animaux pris comme totems, et  toujours situé dans des régions où l’animal correspondant était prolifique à un moment donné , mais dont l’ espèce était  menacée parce qu’elle avait été  trop chassée  ou pêchée et que ses œufs éventuels avaient été mangés, comme les œufs de l’ancêtre de l’émeu en Australie, déjà braisé »s ilyna quelque 50000 ans ;.
Souvent, le centre totémique est reproduit par tatouage sur le corps du « totémite », ainsi que sur le sol au voisinage. Roheim, Héros phalliques…, p .140, rapporte que des exécutants  d’une cérémonie de l’émeu  portaient tatoués sur leur dos des cercles concentriques  ainsi que des traces de pas des ancêtre émeus.
Il ne faut pas confondre ces cercles concentriques qui  représentent  le lieu originel mythique des animaux convoités  avec le motif appelé « soleil »,  qui représente  en Australie et en Calédonie la collerette de l’iguane, disparu en Calédonie.


L’évolution du motif des cercles concentriques  de fécondité en Calédonie.
Haddon, op .cit.,  évoque ce qu’il appelle l’ « angularisation » des cercles « en losange » en Papouasie. Peut-être est-ce dû à la difficulté de graver un cercle régulier sur le bois. En tout cas, telle  est bien  la signification des losanges que nous rencontrons sur les chambranles mélanésiens : ce sont des « cercles de fécondité « totémiques. La langue tirée est peut-être un pénis.
Les lignes droites parallèles qu’on trouve aussi sous ce premier motif  losangique sont le résultat d’une autre  évolution du dessin initial. Elles rappellent pareillement la cérémonie de la circoncision dont les autochtones s’enorgueillissaient.

Le sens de certains motifs totémiques animaux  d’après ceux qu’on observe en  Australie.
A Sur la côte, la pêche
Effigie de poisson (dawa?) sur les pétroglyphes : 4592 b (numérotation de F. Jammes), à comparer avec  le poisson-perroquet en Australie,   Roheim, Héros phalliques…,  p.  170 :
« Le centre de multiplication du perroquet consiste en une pierre ovoïde partiellement enterrée dans le sol suivant son axe longitudinal. Cette pierre est le perroquet lui- même. On creuse autour de la pierre, et, ce faisant, on proclame que le perroquet doit se multiplier et fournir une pêche abondante. A mesure que la terre est enlevée, on l’éparpille vers le nord et vers le sud et on prononce les noms de différents endroits où le poisson est censé pulluler [et qui sont représentés sur le tjurunga, au sol et sur le corps du célébrant par des cercles concentriques]. Après avoir enlevé ainsi une certaine quantité de terre, on retire la pierre de son trou et on la dépose tout à côté sur le flanc. On s’adresse à elle en ces termes : « A marée basse, tu seras couchée de cette manière. » On la peint ensuite avec du charbon et de l’ocre jaune et rouge mêlé à de la graisse, on la replace dans son trou, et on amoncelle de la terre tout autour. On tend des branches d’arbre par-dessus la pierre pendant un moment, puis on  traîne ces branchages sur un sentier en direction de l’océan. »  Ainsi est-on assuré que les poissons quitteront leur rocher maternel et descendront jusqu’à la mer.
B La chenille de bancoulier et les insectes à métamorphose comme les chenilles ou les libellules  ou à mue comme les hannetons, les criquets, ou les sauterelles, qui perdent leur peau, dépouilles ou exuvies.
Les autochtones ont peut-être été frappés par
l’ analogie entre ces animaux qui perdaient leur peau et les initiés qui perdaient leur prépuce.
La chenille de bancoulier .
 Elle est de couleur blanche et  très appréciée des aborigènes australiens comme du Sud-est asiatique en général.  Aux dires du préfacier de l’édition française  de Héros phalliques… de Roheim,  les femmes la  détectent avec un flair infaillible. Elle est consommée crue ou à peine grillée, son goût rappelant celui du rôti de porc ou d’être humain ou des œufs frits. Ce sont les larves d’un lépidoptère, Endoxyla leucomochia. En tant qu’aliment  (ce sont pourtant des charançons !), elles sont  les héritières  des vers de sagoutiers de Papouasie, que l’on consomme,  aujourd’hui encore, partout en Asie du sud, parfois aussi sous forme de farine.
 Sur les pétroglyphes reproduits par Luc  Chevalier, dans « Nouveaux pétroglyphes du Nord », Etudes Mélanésiennes n° 12-13 de décembre 1959, consultable sur le net,   pour Ouégoa et Tiari,  certains d’entre eux  pourrait être des représentations du totem des  chenilles, à côté d’une croix enveloppée à droite  (les Pléiades, annonciatrices de pluies et donc de fin de saison sèche, donc de chenilles abondantes) et de deux cercles concentriques  de reproduction totémique. A Sarraméa, les chenilles sont encore aujourd’hui très appréciées des indigènes.  








                                 

                   

























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