vendredi 6 avril 2018

LAPEROUSE AUX TONGA , 2E partie : DES TONGA JUSQU’A ROTUMA AUX FIDJI .

                   LAPEROUSE AUX TONGA ,  2E partie  : 
                 DES TONGA JUSQU’A ROTUMA AUX FIDJI .
Dumont d’Urville , cité parle commandant de Brossard dans Rendez-vous avec lapérouse, déclare dans son rapport officiel au ministre de la Marine : «  Je pensai qu’alors Lapérouse pourrait s’être perdu sur les redoutables récifs des îles Viti [Fidji], qu’il devait aussi explorer … ; je me flattai même de l’espoir  d’y  recueillir quelques notions de son passage  , ou de son naufrage , de la bouche des naturels ;  on verra que mon espoir fut déçu . » Quelle est cette surprenante mention que Lapérouse devait explorer les Fidji ? Elle s’explique parce qu’il devait rechercher les îles de Belle- Nation et de Saint-Bernard et que Belle- Nation, pour le moins Rotuma,  étaient rangée en 1827, non plus dans les Samoa ou les Tonga, mais dans les Fidji comme elle l’est d’ailleurs aujourd’hui.  Ceci était confirmé par la mention que lui avait  faite  la reine de Tonga   d’un départ de Lapérouse vers l’ouest, soit vers les Fidji, avec les deux insulaires à rapatrier  dans leur île dont parle Dillon.

Sur la piste des deux passagers embarqués par Lapérouse   à Namouka  et désireux de rentrer dans leur patrie  : étaient-ils originaires de Rotouma [Belle-Nation] et avaient –ils été entraînés par une dérive aux Samoa, puis amenés en pirogue en attente  à  Namouka ?
Dillon a manifesté son intérêt pour l’origine géographique  de ces deux passagers. On peut imaginer qu’une dérive fortuite les avait conduits de leur île, Rotuma, jusqu’aux Samoa,  d’où, plus tard, une pirogue samoane les avait menés à Namouka, comme dans l’aventure suivante .Dillon cite un exemple de  cette grande dérive depuis Rotouma  jusqu’aux Samoa ,  qu’il explique par une sorte de mousson très mal connue de ces archipels .
Dillon fait voile de Namouka vers Rotuma , du 26 août au 1er septembre 1827, donc pendant  sept jours ; à son arrivée,   « le chef [de
Rotuma ] embrassa l’homme de Rotuma que nous ramenions de Tonga et parut très content de moi pour avoir ramené son compatriote . Celui-ci était absent depuis huit ans de son pays et avait été cru noyé. »   Dillon nous parle encore d’un insulaire qui semble bien être le même : « [Le chef de Namouka ] Thubaou me dit qu’une flottille de pirogues était venue depuis peu des îles des Navigateurs [Samoa], et en avait ramené deux Rotumiens qui avaient dérivé jusqu’à ces îles, et qui désiraient beaucoup retourner dans leur pays . Je consentis à les prendre à mon  bord , et l’un d’eux s’embarqua dans l’après-midi ; j’appris de cet homme que, de compagnie avec quelques autres  de ses compatriotes, il était parti de Rotuma, il y avait à peu près huit ans, pour une île située au nord-est et nommée Whythubou [île de Saint-Bernard ?], afin de s’y procurer des coquilles ([pava, Haliotis australis]; que des vents contraires les empêchèrent d’atteindre cette île , et qu’après avoir dérivé pendant trois mois, ils avaient pris terre à uneîle  qui se trouve être l’une des Samoa ou îles des Navigateurs, dont les naturels les traitèrent fort bien. Il ajouta que quelques-uns de ses compagnons étaient encore sur cette île. Je trouvai dans ce récit une preuve très convaincante  de la justesse de mon opinion, que la mousson du nord-ouest  se fait sentir par ces latitudes à certaine époque de l’année .Car, autrement, comment aurait-il pu se faire qu’une barque, aussi frêle qu’une pirogue, fît la traversée de Rotuma, latitude 12° 30’ sud, et longitude de 177° est,  jusqu’aux îles des Navigateurs [Samoa], latitude de 13° 27’sud et longitude  de 171 °57’ouest ? »
  Rotuma et Whythubou , l’île des  coquilles, découvertes  de Lapérouse.
 Rienzi, Océanie, tome 3, p. 260, nous apprend qu’une pirogue de Rotuma avec 4 hommes dériva par hasard à Ticopia, vers 1800 ; les 4 Rotumiens détrompèrent alors les Ticopiens sur le compte de ces  blancs que les Ticopiens prenaient pour des mauvais génies en leur disant qu’ils étaient bons, qu’ils venaient d’un pays éloigné (la France ) pour leur donner des objets de coutellerie (liste du matériel embarqué in La malédiction Lapérouse, p . 118 :  Lapérouse avait emporté «  7000 couteaux de différentes espèces et grandeurs » ) et de verroterie (op . cit,   p  119 , «  rassades ou grains de verre de couleur, assortis, 1400 paquets » ). A Rotuma,    les habitants possédaient quelques poignées de piastres métalliques  peut-être données par Lapérouse qui en avait emporté avec lui (on  a repêché 169 piastres  à Vanikoro sur les deux sites).  De plus, Dillon signale à Rotuma  des volailles d’origine européenne et non indigènes du Pacifique, ainsi que  des porcs, op. cit ., p . 815.
Mais  si les Rotoumiens ont parlé de visites fréquentes de blancs, nous  n’en connaissons pour notre part  que deux : en 1791,  le Capitaine Edwards,  sur la Pandore, qui   nomma  l’île   Granville, et Wilson sur le Duff , navire missionnaire, en 1797. La proximité dans le temps du passage de Lapérouse en 1788 et du Capitaine Edwards en 1791 explique l’impression des insulaires sur la fréquence des visites des blancs. Il est tentant de faire de Rotouma une découverte de Lapérouse qui, en 1788, était à la recherche de l’île de Belle- Nation et qui l’ avait ainsi découverte, en rapatriant deux insulaires perdus à Namouka,  par 12° de latitude sud,  non loin de la position assignée par ses Instructions .Et  Rotouma pourrait être, au moins aux yeux de Lapérouse,   l’île de la Belle- Nation, à laquelle Torquemada donna son nom , en espagnol Gente Hermosa, qui signifie Belle -Nation, car Quiros l’appela en réalité  la Peregrina, celle qui est étrangement belle , la rare, la précieuse.
  Rotuma et Whythubou , l’île des  coquilles, découvertes  de Lapérouse.
Rienzi, Océanie, tome 3, p. 260, nous apprend qu’une pirogue de Rotuma avec 4 hommes arriva par hasard à Ticopia, vers 1800 ; les 4 Rotumiens détrompèrent les Ticopiens sur le compte de ces  blancs que les Ticopiens prenaient pour des mauvais génies en leur disant qu’ils étaient bons, qu’ils venaient d’un pays éloigné (la France ) pour leur donner des objets de coutellerie (liste du matériel embarqué in La malédiction Lapérouse, p . 118 :  Lapérouse avait emporté «  7000 couteaux de différentes espèces et grandeurs » ) et de verroterie (op . cit,   p  119 , «  rassades ou grains de verre de couleur, assortis, 1400 paquets » ). A  Ragouemba  (pour Ragouma, altération du nom de l’île, Rotouma)   les habitants possèdent quelques poignées de piastres métalliques  peut-être données par Lapérouse qui en avait emporté avec lui (on  a repêché 169 piastres  à Vanikoro sur les deux sites).  De plus, Dillon signale des volailles d’origine européenne et non indigènes du Pacifique, ainsi que  des porcs, op. cit ., p . 815.
Mais  si les Rotoumiens ont parlé de visites fréquentes de blancs, nous  n’en connaissons pour notre part  que deux : en 1791,  le Capitaine Edwards, ce  grand explorateur des Samoa,  sur la Pandore, qui   nomma  l’île île  Granville, et Wilson sur le Duff en 1797. La proximité dans le temps du passage de Lapérouse en 1788 et du Capitaine Edwards en 1791 explique l’impression des insulaires sur la non –rareté des visites des blancs. Il est tentant de faire de Rotouma une découverte de Lapérouse qui, en 1788, était à la recherche de l’île de Belle- Nation et qui l’ avait ainsi découverte par 12°de latitude sud,  non loin de la position assignée par ses Instructions .Et  Rotouma pourrait être, au moins aux yeux de Lapérouse , l’île de la Belle- Nation, à laquelle Torquemada donna son nom , en espagnol Gente Hermosa, Belle -Nation, car Quiros l’appela en réalité  la Peregrina, celle qui est étrangement belle ,  la rare, la précieuse.
Whythubou, l’île Saint-Bernard et ses pavas retrouvés à Vanikoro.
La preuve que Lapérouse a bien mouillé dans cet archipel voisin de Rotuma nous est fournie par les découvertes , à Vanikoro, dans les épaves de  trois espèces différentes de pawa  ou ormeaux qui venaient de Whythubou :
Haliotis australis, la plus réputée pour les Polynésiens, en la pava d’argent, d’un blanc brillant ;
Haliotis iris, ou pava pourpre, la plus commune, dont le pied est noir :
Haliotis virginea, à pied jaune.
Mais on les a rattachées à tort à des Haliotis de Californie, respectivement, Haliotis fulgens, Haliotis rufescens, Haliotis cracheroïdi (voir, p . 326, dans l’ouvrage de l’Association Salomon,, Le mystère Lapérouse ou le rêve inachevé d’un roi.


  En résumé, dans son second et dernier voyage, Lapérouse passe par l’île  Namouka , aux Tonga, où il embarque deux insulaires pour Rotuma  (peut-être  l’île de Belle- Nation aux yeux de Lapérouse ) , puis fait voile vers Rotouma (aujourd’hui aux Fidji) ,   où il dépose les deux insulaires embarqués à Namouka (voyage de Namouka à Rotuma  qui dure environ une semaine) et gagne alors , respectant ses Instructions, le  sud de la Nouvelle-Calédonie et l’île des Pins,  puis met le cap sur les îles Charlotte aux  Salomon, où il rencontrera les récifs de Vanikoro.  



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