dimanche 6 mai 2018

UN MÉGALITHE TOTALEMENT MÉCONNU : LE PRÉTENDU « POLISSOIR » PRÉHISTORIQUE ET SA SIGNIFICATION.


UN MEGALITHE TOTALEMENT MECONNU : LE PRETENDU « POLISSOIR » PREHISTORIQUE  ET  SA SIGNIFICATION.  
   



 L’agriculture préhistorique en Beauce, un « polissoir » immergé dans le Loir, les  pseudo-« polissoirs »  du Baignon et  leurs sillons magiques.
 La fertilité divine des pierres ou la technique préhistorique des cultures sur pierres ;  
Jared Diamond, dans Effondrement ou Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Gallimard, Paris, 2005, p.  132, décrit de surprenantes méthodes préhistoriques d’agriculture, qui ont sans doute   été pratiquées en Beauce : « les zones d’agriculture extensive étaient partiellement recouvertes de pierres placées en surface à proximité les unes des autres afin que les cultures puissent pousser entre les pierres ; d’autres vastes zones furent modifiées par ce qu’on appelle des « mulchs lithiques », c’est-à-dire que l’on ajoutait au sol , sur une profondeur d’environ trente centimètres,  des pierres qui étaient, soit prélevées sur des affleurements rocheux environnants , soit obtenues en creusant jusqu’au substratum rocheux pour briser les roches qui le composaient. ».[On appelle mulch en anglais un paillis, une couche protectrice faite d’éteules  et de déchets de moisson laissés à la surface du sol pour le protéger avant et pendant la mise en culture.]
 «  Dans les fermes du nord-est des Etats-Unis, […] les agriculteurs se donnaient beaucoup de mal pour évacuer les pierres de leurs champs et ils auraient été horrifiés à l’idée d’y apporter délibérément des pierres .On retrouve […] l’agriculture de mulchs lithiques dans de nombreuses parties du globe, comme dans le désert du Néguev en Israël, dans les régions sèches du Pérou, de la Chine, de l’Italie antique et en Nouvelle-Zélande maorie. Les pierres rendent le sol humide en le recouvrant, réduisent l’évaporation d’eau due au soleil et au vent et empêchent la formation à la surface du sol d’une croûte dure qui favorise  le ruissellement des eaux de pluie [en  ne laissant pas l’eau de pluie pénétrer en profondeur]. Les pierres réduisent les fluctuations diurnes dans la température du sol en absorbant la chaleur du soleil au cours de la journée et en l’évacuant pendant la nuit ; elles protègent  le sol contre l’érosion car les gouttes de pluie viennent s’écraser à leur surface ; des pierres sombres sur un sol plus clair réchauffent le sol en absorbant une plus grande quantité de chaleur solaire ; et elles peuvent également servir de pilules fertilisantes à diffusion lente […],  car elles contiennent des minéraux indispensables qui pénètrent progressivement dans le sol ».Des chercheurs américains comme Christopher Sevenson ont expérimenté ce système agricole dans le sud-ouest américain et prouvé que la quantité d’humidité était ainsi doublée et  les températures maximales des sols au cours de la journée abaissées,  tandis que les températures minimales durant  la nuit étaient augmentées ; le rendement  était de quatre à cinquante fois supérieur selon les espèces.
« Suivant saint Augustin (De civitate Dei, IV, 8), les Romains, écrit Frazer, Le Rameau d’or, Ed. Robert Laffont, collection Bouquins, Paris, 1984, 4 vol, vol. 3, Esprits des blés et des bois, p.712, note 1, avaient imaginé toute une série de divinités distinctes, des déesses pour la plupart, qui veillaient sur le blé à ses différents stades, depuis le moment où on confie la semence au sol jusqu’à l’engrangement de la récolte. » A l’engrangement correspond la déesse gauloise Sirona, au nom qui appartient à la famille du grec seiros, silo,  sitos, pain. Dans la commune de Lanneray , en Eure-et-Loir, le nom de la vallée des Serins est une altération populaire ,  par incompréhension,du nom  de la vallée de Sirona.
Le menhir en marteau de Göbel-li et des  Baléares, avec sa dalle au sommet qui représente la mort du grain préalablement à sa renaissance (voir mon blog : Du nouveau sur les menhirs) présidait aux semailles printanières, tandis que ce qu’on appelle très improprement  « polissoir » se rapporte à la période antérieure à ces semailles,  celle du  creusement , au début de l’hiver, du sillon. Le sillon est le lieu de la mort du grain, bien antérieurement à sa germination. Peut-être même l’existence simultanée des « polissoirs » avec leurs « sillons » gravés est-elle  la raison pour laquelle cette dalle horizontale a pu progressivement disparaître du haut des menhirs primitifs.  
Le sens des « polissoirs » dans les cultures néolithiques.  
Ces mégalithes, qu’on appelle à tort des  « polissoirs », qu’il vaudrait mieux nommer des pierres à sillons  et qu’on néglige à tort,  ne peuvent être, comme on le dit parfois, le résultat accidentel de la taille d’outils ou d’armes, comme le sont les vrais polissoirs portatifs auxquels, à regarder de près, ils ne ressemblent pas exactement.  Les «  polissoirs » dits fixes ne sont pas des polissoirs et ceci explique la gêne des archéologues qui préfèrent ne pas  parler de ces mégalithes gravés.
Le « polissoir » prétend reproduire sur la pierre les sillons qui, dans la réalité,  ont été profondément creusés parmi   les cailloux laborieusement  transportés pour faire pousser le blé, puisqu’on ajoutait au sol , sur une profondeur d’environ trente centimètres,  des pierres obtenues en creusant jusqu’au substratum rocheux qui était ainsi brisé soigneusement La magie imitative, une fois encore, vise à reproduire en miniature, sur une roche isolée,  ces sillons qui s’étendaient parfois sur deux  kilomètres comme à Malte et qu’on voir en Amérique du sud (ce sont les lignes Naxa) . Peu avant le printemps et son équinoxe, des plantations faites  dans un peu d’humus et soigneusement arrosées dans les stries du pseudo- polissoir  poussaient sur la pierre, « hors sol » ,  avant la future plantation « réelle » du champ, donnant le gage, grâce à la magie imitative, que celles-ci lèveraient.
  De même, il fallut-il en appeler à la magie imitative  pour imiter la pluie et la faire se produire.  Albert Sidoisne, dans sa brochure Bonneval sur le Loir, 1965, Bonneval, Edition du syndicat d’initiative, p.50, a localisé un curieux polissoir immergé dans le Loir, visible uniquement avec un bateau : « Croteau : passer le Loir et, 100 m , plus loin , tourner à droite ; le chemin serpente entre les bois et les prés ; on atteint le gué Véronneau (1 kilomètre 700), ancien moulin; dans le lit même du Loir, petit polissoir, que l’on peut voir en s’aidant d’un bateau . »
Le Baignon, commune de Saint-Maur, comprend des dolmens et  des polissoirs qui étaient « baignés », immergés presque complètement,   à certaines époques. Ainsi le fait d’immerger dans l’eau du Loir les sillons figurés sur  la pierre, dans la magie imitative de l’époque, est-il censé  apporter la si précieuse humidité, car la Beauce était sans arbres et ventée, donc trop sèche pour l’agriculture néolithique et les mulch lithiques ne suffisaient pas toujours à pallier  cette hygrométrie défaillante. On comprend l’aide qu’était censée apporter les stries bien arrosées des »polissoirs ».
Quel est le sens des stries des  « polissoirs » ? Photo
Dans le livre de Karl Schmidt, Le premier temple, CNRS Editions, Paris, 2015, 420 pages et illustrations, on a un fort ancien « polissoir » révélateur de leur signification générale  avec la photographie,   p .382, d’une protomé de sanglier trouvée entre les piliers 39 et 28 de l’Enceinte C. Or, le nom du  sanglier, porcus en latin, porkos en grec, dérive du nom du dieu des morts, Orcus à Rome, qu’on retrouve dans le nom de Persèphona,de pork-epona ,  la jument de Porcus, en latino- étrusque  Proserpina, métathèse de Porks-+epina, jument, de Porcus (la jument est l’avatar de Cérès et de sa fille) . Les sillons gravés sur la pierre du   « polissoir » symbolisent le monde de Pluton, d’Orcus , des morts en général et , en particulier ici,  la mort des végétaux , avant leur renaissance printanière, au même titre que la dalle horizontale des menhirs en marteau. Le nom du dieu étrusco -romain  Orcus,qui donne le nom de l’ogre en français et vient de workwos,  est l’altération à partir de o(st)r(i)kwos , de Ostricon en Corse, Austricum à Chartres, Lestrygon dans l’Odyssée , Logron, métathèse de lau(st)r(i)gon en Eure-et-Loir, Logroño  en Espagne,  etc., c’est-à-dire le dieu des morts, devenu pour certains peuples le dieu de la renaissance agricole.
A remarquer que l’interdiction religieuse de consommer du porc chez les populations orientales et conservée jusqu’à aujourd’hui  ne vient pas d’une autre raison : c’est parce que le porc est l’avatar du dieu des morts.
Le blé,  le khorasan , ancêtre de notre blé caractérisé par ses  grains épais et bosselés,l’orge, le seigle, sont vraisemblablement les plantes auxquelles étaient dédiés les ou « polissoirs ». « Si le grain  ne meurt pas,  disait le Christ, il ne donne pas de fruit »: si cette mort n’arrivait pas, comme lorsque la terre était épuisée, malgré les jachères souvent quinquennales au Moyen Orient,  il n’y aurait pas de récolte .Le but magique du polissoir est de s’assurer de la bonne mort du grain de blé dans le billon  létal.
Le polissoir   est aussi un mégalithe orné  de cupule ou cratères en grec, gradalis, du diminutif  cratellis en latin vulgaire où l’on  mettait  une ou plusieurs graines avec de l’humus et un peu de marne blanche  qu’on arrosait soigneusement. Citons un exemple en Egypte : au VII e siècle ap. J. -C.  encore, dans les mystères d’Osiris, les prêtres devaient façonner une effigie d’Osiris, appelée « Osiris végétant », avec du limon noir et des graines d’orge. Les Egyptiens arrosaient cette poupée  avec l’eau sacrée du Nil jusqu’à germination, puis l’emmaillotaient dans des bandelettes comme si c’était un cadavre  momifié et, -chose plus étrange pour nous, -inhumaient, enterraient cette orge germée en forme d’effigie d’Osiris. Supposons que cet enterrement se passe dans les stries ou les cupules des « polissoirs » et nous en aurons la signification.
Au printemps, quelques jours avant que dans les sillons, en pleine terre,  le blé ne germe, et pour, en quelque sorte, une  levée du deuil, on espérait la levée des graines plantées dans les cupules du « polissoir », levée comparable à celle des Jardins d’Adonis et qui aiderait par sympathie magique à   la levée de la récolte de pleine terre parmi les cailloux amassés.



Le plus ancien « polissoir » connu et sa date : le tell Qaramel (K.  Schmidt, Le premier temple, CNRS Editions, Paris, 2015, 420 pages et illustrations.  , p.298)  près de Göbekli,  en Turquie actuelle.
A Tell Qaramel (à rapprocher du nom du Carmel) existe un beau polissoir gravé d’araignées  venimeuses  dont le nom  était homonyme de sillons en tokharien (cf  la vallée de l’aragne ou araignée, parent gaulois  de phalanx, ainsi appelée parce qu’elle ressemblait au fléau d’une balance, sens premier de phalanx,   dans  la commune de Châtillon-en-Dunois )  qui  de lignes droites,  comme le grec phalanx qui a aussi les deux significations : araignée venimeuse et  sillon .L e nom de Tell   vient de stipula , la tige, stela, la stèle,  et Qaramel, blé,  vient de  khwarament- , l’ ancêtre de notre blé européen , caractérisé par ses  grains épais et bosselés ,dont le nom est  parent  du latin frumentum et far, du tokharien bhahar, du grec puros ,La vocation  de ce polissoir millénaire était de protéger les sillons qui devaient accueillir les grains de khorasan.
Le fait de trouver ce « polissoir » à Göbekli Tepe nous donne une date : il fut gravé il y a 12000 ans environ, soit 7000 ans avant les Pyramides et 5000 ans avant les menhirs de Carnac et il nous fournit peut-être, pour nos « polissoirs «  d’Eure-et-Loir,  une estimation :ils auraient été sculptés il y a  5500 ans.

Les deux polissoirs » de Civry et le polissoir de Corancez.  Voir photos ci-contre.
Taillés dans un poudingue gréseux datant de l’éocène, les polissoirs de Civry ont été déplacés au XIXe siècle à partir d’un champ situé au nord-ouest du village dans la rue justement appelée du Polissoir, l’un  devant la mairie,  l’autre  sur la Place de l’Eglise.
Le mégalithe  de la Place l’Eglise est appelé  Puits saint Martin, de puis (altération de buxum, peigne de buis,   nom donné aux polissoirs à cause des dents du peigne qui rappellent les stries du polissoir)    et de  Martin (christianisation de mar, qui, en gaulois, désigne la jument, avatar de Perséphone).
Le mégalithe de la place de la Mairie est  appelé  identiquement Puits de saint Martin, ou pinte de saint Martin ;  pinte est l’altération du latin puncta, de pungo, avec des cupules, littéralement des points,  transformée ironiquement  par incompréhension en pincta, mesure de capacité pour les liquides et surtout pour le vin.
Un autre  polissoir  à Corancez porte les mêmes noms 
Dans les deux mégalithes de Civry , les malades buvaient, comme dans quelque graal païen,  une eau réputée  salutaire qu’ils puisaient dans  les cupules  (comparées à des  pintes) des mégalithes  et, leur santé revenue, ils  déposaient en offrande des tiges de blé, des fleurs et des rameaux verts.  
Ceux qu’au dix-neuvième siècle on appelait des « antiquaires »  distinguaient les pierres druidiques (qui incluent les pseudo- polissoirs) des deux  autres sortes de  mégalithes,  les dolmens et les menhirs. Le terme de pierre druidique ou celtique a l’inconvénient de présupposer de façon anachronique une intervention des druides ou des Celtes, alors que ces pierres sont bien antérieures à ceux-ci, mais elles avaient l’avantage de ne pas présupposer l’usage unique du polissage, comme l’implique  le nom inapproprié de « polissoirs ».    Les pierres dites druidiques se présentent généralement en groupements, comme  autour du polissoir de la Pierre cochée à Droué dans le Loir-et-Cher, et elles ont des formes qui semblent étranges.  Quelquefois elles ont  des trous, des cupules  qui évoquent les mortiers néolithiques, simples pierres avec un trou où l’on mettait un pilon (les mortiers paléolithiques, eux, avaient  consisté en une pierre plate). Tel est bien le cas  à Droué précisément. On retrouve ces « pierres druidiques » à  Nottonville , où Sidoisne , op . cit. , p .  59 , les localise ainsi :    suivre le sentier qui longe la Conie ; « à 50 m., on rencontrera de volumineux « perrons » , que domine un énorme conglomérat de roches dit le Cheval-de-Bronze et qui demeure assez énigmatique ». Bronze est la traduction du grec chalcos, bronze, interprétation du nom d’origine  kabalchos, pour cabalkus, la jument.  

Les noms des «  polissoirs ».
Les cannelures imitant les sillons du polissoir ont  inspiré ses divers noms. Citons d’abord  le nom,  pour une fois transparent, de Pierre complissée, du latin  complicata, pierre  avec des plis, nom transféré d’un polissoir à un  dolmen de  Berchères-les- Pierres. Inversement, d’autres dénominations sont obscures , comme ,  en Eure -et- Loir, le nom du   « polissoir »  d’Ymeray, la Mère aux Cailles, qui a gardé son ancien  nom gaulois mar  faisant allusion,à la jument Peséphone et pris le nom latin de l’échelle à cause des échelons analogues aux stries du polissoir, scala, à partir de mara scala . L’interdiction de passer derrière une échelle (et non pas sous, ce qui serait compréhensible) se rapporte peut-être au « polissoir », car à certaines époques l’arrière du « polissoir » et ses cupules pleines d’humus  devaient être garnis de graines sensibles, croyait-on, à l’ombre maléfique des passants inattentifs.   Mais les noms des polissoirs   jouent plus souvent  sur l’analogie :
A) grille ou gril à cause des stries du polissoir comme à Courtalain ,  les Grils du Diable,   altérés en Griffes du Diable ;
B)  soufflet de forge, à cause des plis  du soufflet ; à partir du nom   latin du soufflet,   follis, , on a les nombreuses Folies  , aujourd’hui incompréhensibles  :   la Folie de  Maintenon, la Folie- Montchaussée   dans  le bois de la Roche- Bernard à Saint- Denis- les- Ponts, déposés en 1990 au musée de Châteaudun, avec de belles  cupules, , les nombreuses Folies comme celle , peut -être disparues, de Fains-la –Folie (la Folie-Herbault),  la Pierre à folie , nom de polissoir transféré à  un menhir ,  à Berchères- sur- Vesgres, au lieu dit le bois de la Butte.
  Du nom grec des soufflets de forge   physaria, on a Figueiras en Espagne, Figari en Corse (ce dernier  toponyme étant attesté par Ptolémée au II è siècle après J –C  sous la forme  Phisèra) ;  
C) ombrelle de liège,  éventail , à cause des plis,  comme dans Santa- -Maria- Siché en Corse où Marie est la christianisation de Mari, la jument divine  Cérès,  et où sichè vient du grec s(k)i(a)stè(s) , parasol,  de liège .
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D)  peigne .Les mots latin   buxum et bas-latin buxidion, peigne  en buis, à cause des dents du peigne rappelant les stries du polissoir,  ont  donné puits ou buis -. Dans le Tarn, le nom du menhir de Boissezon, de buxidion, commune de Murat -sur- Vèbre, encore dit menhir de Candoubre, a été transféré d’un polissoir ou d’un dolmen , car le mot latin pouvait s’appliquer aussi  à un dolmen, signifiant également coffre de buis.  Ainsi, en  Eure-et-Loir, existe   un dolmen du Buisson  à Vieuvicq , nom venant  de buxidion , au sens de cofffre.
E)   Un  mot d’origine francique, comme  kroes, friser au fer chaud ,  a donné   les nombreuses  grosses pierre, où grosse  (de kroes ,plissé) pierre  fait allusion aux plis du  polissoir . De même, les Pierres grises, altération de pierres greselies, du même radical francique  croesel. .
F) Le bénitier et la coquille Saint Jacques
Le bénitier du Diable, entre Varize et Corrmainville , au Bal des dames de Bainville, « vaste terrain semé de roches aux formes bizarres » (Sidoisne) parmi lesquelles se trouvent plusieurs autres polissoirs, est un polissoir ainsi nommé à cause des stries du coquillage appelé bénitier, coquillage qui ressemble à la coquille Saint-Jacques. Les Dames de Bainville qui donnent leur nom au champ de « poilssoirs » sont les mêmes que les  fées de Valainville  à Saint-Maur, si redoutables que l’on a altéré le nom de leur sanctuaire : Belena ou Belsena , qui donne son nom à la Beauce et à Bellême, est un nom gaulois de Perséphone ,   la déesse du blé mort.
La coquille Saint Jacques est l’emblème des pèlerins qui se sont  rendus sur le tombeau   de saint Jacques le Mineur en Espagne à Compostelle. .Il s’agit, à cause des stries que porte la coquille,  d’une allusion au  pseudo- polissoir qui avait donné son nom à  Compostelle, dont le nom se décompose en stela, tombeau,   polissoir,   en  korn, grains de blé (anglais corn) et en por, froment (grec puros, latin far, blé), c’est-à-dire   korn-por-stèla, le tombeau du blé,  qui a donné Compostelle  Les stries du polissoir rappelaient la mort provisoire du blé.  D’autre part, dans le  nom  de coquille saint Jacques,  Jacques  est l’altération de basque.
  La mort du blé en vue de  sa renaissance a été aisément assimilée par le christianisme primitif  , en Gaule notamment,   à travers la religion d’Isis,  vers le IIe siècle ap. J. -C : les lampes funéraires retrouvées à côté d’une aiguière et d’une assiette dans les sépultures en Eure-et-Loir portent d’abord l’image  complète des sillons où repose le représentant du blé mort, Osiris, représentés par  une  coquille Saint -Jacques , puis cette image se réduit de façon à ne plus figurer que sur le pourtour de la lampe et à n’être guère identifiable pour des profanes. Les treize sillons de la lampe, héritiers des sillons du «  polissoir » , sont pour les adeptes d’Isis Sochir (Sochir désigne ,  aujourd’hui encore , le champ d’orge en copte) le gage de la vie future après la mort, comme, sur le polissoir,  ils avaient été le gage de la renaissance de l’orge après ce que Frazer appelle  la « mort » du dieu.
 Les Grecs identifiaient Isis à Dèmèter et les Romains à Cérès. Frazer, dans Le Rameau d’or,  Atys et Osiris, Ed. Robert Laffont, collection Bouquins Paris, 1984, 4 vol., vol .2, p. 471, cite Diodore de Sicile (I, 14, I) qui, résumant les travaux aujourd’hui perdus de l’historien égyptien Manéthon, attribuait  à Isis la découverte du blé et de l’orge. « On portait en procession à ses fêtes des tiges de ces céréales pour commémorer le don qu’elle avait fait aux hommes. Les Egyptiens, quand ils coupaient les premières tiges, les posaient sur le sol et se frappaient la poitrine en se lamentant et en invoquant Isis. On a déjà expliqué cet usage, continue Frazer, comme une lamentation en l’honneur de l’esprit [ancien] du blé, tombé sous la faucille » [Osiris, Perséphone]. 
On retrouve le nom de cette « Maîtresse de l’abondance » dans le nom eurélien de Luplanté, les sillons d’abondance, de lup,  sillon,  et de l’ancien français plenté, abondance, resté en anglais (plenty), du latin plenitatem, plénitude, abondance, les sillons d’abondance,


G) Autres  noms de « polissoirs » liés au nom du sillon : le radical lup-, lut-, rut-, sillon.
Le radical lup- signifiant sillon se retrouve dans le nom du polissoir de la Louveterie de Bonneval, de lup, sillon,  et de –ete, orge + suffixe locatif en- ria,  comme dans le nom d’une peuplade anatolienne préhistorique, les Louvites et  dans  les noms christianisés de ces mégalithes, par exemple à  (La Bourdinière-) Saint- Loup.  Lut-, étant parent du  latin ulcus, sillon,  se retrouve avec rhotacisme dans le nom maltais du géoglyphe (carl) rut, sillon (sillon pour orge, carl en maltais ancien). Il faut en  rapprocher  la série eurélienne Louville, Louvilliers, La Loupe, Lutz -en- Dunois, Lucé …  Les nombreux et énigmatiques  toponymes  de Chanteloup, par exemple dans le Loir-et-Cher (commune de Renay, près de Vendôme) donnent le nom complet du mégalithe : «  sillons pour les grains d’orge », de lout, sillons et de kltha,  grains d’orge,     le k devient ch et où le  l voyelle se nasalise, donnant en français chante . Sur Châtillon-en-Dunois, le lieu-dit les Châteaux à Libouville  s’analyse comme venant de cat kltha , grains (Klitha) d’orge (cat) , altéré en catella, confondu avec le latin castella, place forte.
A noter que la statue de la  louve à  Roime était peut-être un « polissoir » orné de sillons  à la place des mamelles, de là la légende de l’allaitement de Rémus et de Romulus par une louve, à rapprocher  des « polissoirs » représentant à Malte une truie avec des mamelles, en réalité des sillons, datant de -2400 av. J. –C ; au temple deTarxien, Cérès,  et à Göbek-li , cf. p. 216 et 382  dans le Premier Temple. L’interdiction de consommer du porc chez certaines peuplades orientales, comme l’interdiction de manger du lièvre, lepus en latin, lagôs en grec  laparo en portugais, puis du lapin (originaire de la péninsule ibérique),lébèris en grec , lapão en portugais chez les peuples descendants de navigateurs celtes  vient de l’homonymie entre lukw et lagôs, le lièvre en grec, ou lagw , le lapin associé au dieu des morts à cause des sillons , où le grain était placé pour « mourir » . L’interdiction de consommer du cheval chez les peuples indo-européens est liée à l’association de l’animal avec la déesse de la fécondité Cérès.  

 H) La confusion des mégalithes, notamment des menhirs et des pseudo-« polissoirs ».
Le nom de pierre au tambour a été transféré d’un « polissoir »   à un dolmen de Conie – Molitard. A l’origine, le « polissoir » était ici appelé pierre –tambour. L’arabe al- tambour  désignait une sorte de lyre ou de cithare, un instrument  dont les cordes ont été comparées aux rayures du pseudo-« polissoir ».  On songe à la pierre -lyre trouvée en Afrique et  transportée au Musée Branly , et à ces pierres analogues  appelées pierre en H par Klaus  Schmidt et trouvées à Gobekli . On trouve aussi une  « pierre- lyre » au nord de l’Ecosse,  dans les Orcades (cercle de Brodgar sur Mainland).Peut-être le mot grec lura , comme le mot luth, vient-il de luda, qui désignait le sillon .
De même, le nom du  « très beau polissoir »  signalé dans la commune de Bonneval, par Sidoisne, op. cit. , p. 50, Lormorice, signifie « les sillons de Perséphone » et vient de lura , sillon, et mor pour mar , qui désigne la jument, avatar de Perséphone (Cf . le nom christianisé de Saint –Maurmaur est l’altération du gaulois  mar, la jument ).
Le mot français sillon lui-même est à rapprocher du nom de la déesse romaine Seia qui présidait aux semailles  et désigne, non pas la tranchée proprement dite, mais ses crêtes  formées de la terre écartée, les billons.  Le grain passe pour  mourir dans ces billons  avant de pouvoir pousser, ce qui avait excité les railleries de Voltaire quant à l’ignorance botanique du Christ. Celui-ci dit en effet (Evangile de Jean, 12, 24) : « Si le grain de blé qui est tombé à terre  ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit », ou, autrement traduit, le grain de blé doit être mis en terre et y mourir pour rapporter plusieurs plants. Le Christ se faisait l’écho d’une croyance populaire universelle : le grain ne pouvait germer que s’il mourait d’abord. Il faut donc que la mort du grain soit symbolisée, d’une façon ou d’une autre , dans le menhir qui représente la germination du grain. Or,  à  Göbekli Tepe, vers 9600  avant J. -C,  les enclos circulaires de « menhirs » en tau  sont surmontés d’une pierre horizontale  qui dépasse  de chaque côté. C’est elle qui symbolise   par son horizontalité, par e fait d’être allongée,  le dieu  du  grain mort afin de renaître.  ..A Göbekli, Tepe,  il s’agit  d’un « cromlech » où les menhirs en marteau, juxtaposés, sont prêts à se rejoindre comme ils le feront plus tard, vers  -2800,  à Stonehenge. Le second élément de Stone -henge  est, d’après celui qui fait autorité en la matière,  Christopher Chippindale dans son Stonehenge Complete, un mot signifiant en vieil anglais potence, gibet, savoir  hen (c) en, plus tard rapproché à tort,  dans l’a mentalité  populaire,  du nom courant  du dolmen, stone hung, pierre suspendue. Henge  serait en réalité apparenté  à phalang-, qui désigne le fléau de  la balance, le linteau au sommet du menhir.  
L’invention de l’agriculture liée aux semailles procède du fait de mettre en terre,  à une certaine profondeur, des grains de blé ou d’orge destinés à « mourir ».

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