vendredi 10 août 2018

Un nom de « polissoir » peu connu : celui de grael ou graal.


Un nom de « polissoir » peu connu : celui de grael ou graal.
Au moment de mettre un point final à mon étude des mégalithes dans le monde : Europe, Perse ,  île de Pâques , Costa Rica, Amérique du sud, Tonga, Laos,  étant rappelé que je m’intéresse essentiellement  à l’âge  de la pierre et non à celle de l’âge de bronze ( pour spécialistes, savoir mes blogs  sur les gravures et  sculptures des statues- menhirs et pétroglyphes , souvent liés selon moi à la circoncision, au totémisme et à la chasse ou à la pêche), même si je me suis penché sur les tokhariens pour des raisons personnelles, je m’aperçois que je n’ai guère traité de la littérature chrétienne concernant, au Moyen Age, les « ressuscités des dolmens et des polissoirs ». Je rappelle, pour les spécialistes, que j’ai commis une étude fouillée  sur Wolfram d’Eschenbach dans un  blog. Je rappelle aussi que les noms à l’origine dévolus respectivement aux   dolmens, aux  « polissoirs » et aux  menhirs  passaient par la suite  de l’un à l’autre indifféremment.
Chronologie vraisemblable : 1) Avant 1161 : (Robert) Khiôt de Boron : Estoire del Graal, perdu, dont s’inspire Wolfram von Eschenbach ;  
Perceval en vers,  perdu, qui serait le livre dont Chrestien deTroyes s’inspira (« le livre prêté par le comte de Champagne ») ;
2) Chrétien de Troyes, vers 1175,  Perceval, dont l’histoire s’arrête au vers 6438 (« le conte s’arrête ici de parler plus longuement de  Perceval ») pour reprendre le fil, avec La quête du Graal,   là où finissaient les aventures de Perceval et où débutaient celles de Gauvain ;
3) Wolfram von Eschenbach, en allemand, Parzival, vers 1200,  a lu les deux oeuvres de Chrestien , désapprouve le rôle confié à Galaad en tant que conquérant du Graal au détriment de Perceval par Chrétien et affirme suivre  de près l’Estoire del Graal de Khyôt.
La première apparition dans la littérature française du mot graal au sens de vase sacré, mais aussi, selon une anagramme, au sens de livre religieux  (Evangile de saint Jean, ou plus probablement de Saint Nicodème)
 Ce serait graal , au sens de vase sacré, dans l’œuvre perdue  de Khyôt, au moins dans son titre,  l’Estoire del Graal, mais aussi dans le même ouvrage,  selon une anagramme, au sens de livre religieux  (l’Evangile de saint Jean , ou,  plus probablement,  de Saint Nicodème), puis au sens de vase sacré dans l’œuvre de Chrestien , Perceval, au vers  3158.
La première apparition  du mot graal au sens de « polissoir ».. 
Ce serait dans l’œuvre de Wolfram,  Parzival.
1° Etude sommaire de la vie et l’œuvre de  Khyot de Boron.
La  phrase qui suit est la seule citation de Quiot de Boron que, grâce à Wolfram,  nous possédions ; il est vrai qu’elle serait tirée du prétendu manuscrit trouvé à Tolède : « Une légion d’anges déposa sur la terre (le graal, au sens de  «  polissoir » ou de dolmen,  trop lourds  pour avoir été installé et maniés  par des êtres humains),  
« Calme bloc ici-bas chu d’un désastre obscur »,
 comme dit le poète, puis remonta au plus haut du firmament. Confié à un pêcheur (altération du nom du dieu des enfers, Phorkheus, le gardien des dolmens),  le graal  disparaîtrait, car il n’admet en sa présence que ceux qui en sont dignes : il a donc fallu désormais, pour le garder, le rejeton baptisé d’une race pure [sans péché, Perceval]. » Avec le  nom de Liddamus, - mauvaise leçon pour Orilus - donné par Quiot de Boron  à un personnage que Chrestien a su nommer  l’Orgueilleux de la Lande le ressuscité du dolmen,  ce sont les principaux  vestiges du texte de Khyot de Boron.   Orgueilleux à l’époque se disait orgoilus et donne  chez  Wolfram  (de qui prouve qu’il a lu Erec et Enide)  le chevalier Orilus  von Delalande (au lieu de von Lalande) , peut-être Orgilus  , mal lu comme Argovie devenant provi, le rg étant lu r seulement. La Lande vient de  landa, dolmen, lade en allemand, cf. les Pierres Larges  ou dolmens,  du latin  lata, large, confondu avec l’ibéro -germanique  lada,  coffre , dolmen,  par fausse étymologie) ;  
 l’orgueilleux, avec déglutination du l, vient de lorg,  de Logres (de Orcus)  qui est  le royaume des morts.  Nous rencontrons d’ailleurs chez Chrétien son pendant féminin,  l’Orgueilleuse de la Lande,  donc  la reine  du royaume des morts,  une autre ressuscitée à cette vie terrestre,  pendant la période du 5 décembre au 5 janvier, depuis son dolmen. C’est Orgia, la reine de Logres  qui  est peinte  sur la Pierre Turquaise, car la  
« divinité  des morts » nous apparaît chez Chrétien   comme  un chevalier peint , retrait en ancien français, sur une dalle peinte, au sens de dolmen : le  nom de celle-ci vient de pi(n)cta, peinte, par altération du véritable  nom  , celui de la pierre- épi,  spicada, confondu avec pincata , peinte. Le chevalier est susceptible de ressusciter et de se battre contre Perceval.
Enfin citons le cas du nom de la porteuse du graal : Repanse de schoye, nom incompréhensible, qui selon Wilmotte serait pour Repouse  (participe passé,  latin reposta, secrète)  ou Repuce de joie,  ce qui ne veut rien dire non plus. Or, selon moi, il faut  corriger ce manuscrit fautif de Wolfam et lire  Respas de Logres , de l’ancien français respasser, revenir à la santé (après un enchantement), faire retour à (la vie)  depuis le dolmen et le monde des morts appelé alors le royaume de Logres ( d’Orcus), donc la porteuse du graal porte  un nom accordé à sa mission et s’appelle la Respasse (féminin) de Logres, -par conséquent la ressuscitée du dolmen.   
Laissons la parole à Wolfram  à la fin du Parzival : « Maître Chrestien de Troyes [dans la Quête del saint Graal] a raconté cette histoire d’une façon infidèle et il y aurait de quoi éveiller la colère de Quiot  qui nous en avait donné, lui, la version authentique. L’homme originaire du village de   Boron  raconte véridiquement que [Perceval] le fils d’Herzéloïde hérita du Graal qui lui était destiné et dont son père Amfortas avait été déchu. C’est depuis  la ville de  Boron  que nous fut transmis, en région allemande, le récit authentique et la conclusion de cette aventure. Quant à moi, Wolfram d’Eschenbach, je n’en veux pas dire plus long que le maître [Quiot de Boron] n’en a dit. J’ai parlé du véritable Perceval, de son berceau et de ses illustres parents. Je l’ai conduit là où son destin le voulait. »
Un indice que  Perceval, de Quiot de Boron , est bien l’œuvre dont  s’inspira Chrestien  est une  déclaration faite par  Quiot et    citée par Wolfram,  déclaration que l’on passe généralement sous silence parce qu’elle jette bas beaucoup de systèmes,  à la fin  de l’Estoire del Graal : « je suis le premier à raconter l’histoire du Graal avant tout autre », et parce que ,  par conséquent,  il a précédé Chrestien : chez Chrétien,  le mot graal apparaît au vers  3158 , mais ce n’est  pas la première apparition du mot dans la littérature française, puisque Quiot de Boron  en avait déjà fait usage, ne serait-ce que dans son titre : le (poème) roman (en langue romane et non en allemand ni en latin, ni en gallois) de l’estoire du Graal.  De même, c’est Boron qui, le premier, emploie l’expression « service du graal » que Chrestien reprendra. De même également, avant Chrestien, Quiot de Boron, avec son Perceval en vers perdu, est l’introducteur de Perceval dans la littérature française.  Chrétien n’aura plus qu’à se servir du personnage, déjà connu des lecteurs, aussi bien dans Erec et Enide (1160) que dans Cligès, avant de se décider à lui consacrer un conte entier, Perceval , et de l’abandonner au profit de Galaad dans La queste del Graal.
A noter que Galaad signifie dolmen : Genèse, 31, 45 : « Jacob prit une pierre et la dressa comme un menhir. Et Jacob dit à ses frères : « Ramassez des pierres. »  Ils ramassèrent des pierres,  en firent un monceau, et ils mangèrent là sur le monceau. Laban le nomma Yegar Sahadûta (en araméen, le monceau du témoignage) et Jacob le nomma en hébreu Galaad, de gar saad (monceau  du témoignage). Laban dit : « Que ce monceau soit aujourd’hui un témoignage (galaad) entre Jéhova  et moi » C’est pourquoi Laban  le nomma Galaad et Miçpa, parce qu’il dit : « Que Yahvé soit un guetteur (Miçpa) entre toi et moi, quand nous ne serons plus en vue l’un de l’autre. » 
 Dans Juges, 11, 29, il est mention d’une localité de Transjordanie, au sud du Yabboq,  appelée Miçpé Galaad, le  guet de Galaad.
En tout état de cause, Galaad est lié à l’érection d’une stèle ou maççebah,c’est-à-dire  d’un menhir, et d’une table de pierre,  ou dolmen.
Pour le nom de Perceval, nous avons lu les Annales de Cambrie Dans un passage des Annales, édition numérique,
 p. 30,  l’auteur évoque un  Gallois des Galles du  Nord  nomé Lewelin, qui ,  en 1256,  se laissa émouvoir par des Gallois que les Anglais avaient chassés de chez eux  et se dirigea,  à leur demande , vers la  « terram de Persewalt et eam infra unam hebdomadam, praeter duo castra, scilitet Degantro  (aujourd’hui Disserth and Frecoed), viriliter occupavit », c’est-à-dire : il gagna  la terre appelée de Persewalt et l’occupa virilement  en moins d’une semaine sauf deux camps ( aujourd’hui Derwen  et Dissert).  
La forme galloise portée depuis longtemps par une terre féodale porte le nom gallois  du frère de Peretur, Persewalt avec un w, Perceval ou Parsifal , et non la forme irlandaise, Gwurci.
Dans les  mêmes Annales, pour l’année  537, voici les indications que je traduis : Guurci [Gwrgit, Giurgi] et Peretur (celui-ci, dont le nom est un emprunt au latin imperator  qui fut  porté par un roi de Grande Bretagne antérieur,  deviendra le Peredur qui donnera son nom au titre d’un conte de même veine, Peredur ab Evrawc , soit Peredur, fils d'Evrawc, un comte du nord du Pays de Galles) ,  les fils d’Elifer (altération du prénom biblique  Eleazar, devenu par la suite Herzéloïde) , meurent en 537.
Or, dans les langues brittoniques,   c’est-à-dire en gallois , les labio-vélaires indo-européennes passent toutes  à p, comme à l’initiale de   Peret-ur, de kwerekhsw, celui qui perce (le dolmen, de lui-même).  Gwurci n’est donc  pas une forme galloise (elle  commencerait par un p),  mais une forme  irlandaise (les langues gaëliques comme l’irlandais, à la différence des langues brittoniques ,  ne passent pas à p les labio-vélaires indo- européennes).On peut en déduire  que le copiste était  d’origine irlandaise  , ainsi, que l’a bien vu ,  là propos du 3e manuscrit,  John Williams , dans sa préface aux Annales Cambriae , p.7,  et que ce copiste  n’a pas donné la forme galloise avec p , qui serait  Perseddwlad (Persewalt ), mais la forme irlandaise qu’il connaissait , Gwurci.   Je pense donc que ce n’est pas Peretur qui est notre Perceval, mais Gwuurci qui  est le nom de  notre Perceval sous la  forme irlandaise, tandis que notre Perceval ou Parsifal est la forme galloise.  C’est ailleurs que dans ces Annales de Cambrie que Quiot de Boron a choisi  la forme  Perceval.
Mais , pour ce qui nous concerne , il y a une étymologie populaire de Perceval , qui fait venir le nom du radical  kwerkhsw, signifiant  faire un trou, faire une percée,-donc  celui qui,   à la fin de la cérémonie d’initiation qui lui donnerait  son nom dans cette hypothèse , réussit , par sa propre force ,  à déplacer   la pierre bloquant l’entrée du dolmen en poussant la dalle de fermeture,  et de lada, dolmen.  
Etymologie savante de Parsifal.
1er élément de parsi ou perse ,  de kw +r voyelle donnant er en gallois +(kw)s , Irlandais Gwurci [Gwrgit, Giurgi], de kw +r voyelle donnant ur+ gw+ appelatif i, cf .  le diminutif anglais Percey. Cette racine   est à  rattacher au grec  glôssa, ionien glassa, de gwlakswa, latin (g)li(n)gua,(g )loquor, celui qui fait parler le dolmen irlandaisqde Fal en s’y asseyant , la pierre qui crie lorsqu’elle reconnaît un roi sacré, et qui dit qui  est le roi prédestiné
2e élément : valda, coffre, dolmen,  irlandais   fal(d) cf . le nom de la  pierre irlandaise  de Fal , cf .  Parsi-fal , ou gallois walt , perce-walt. En  ancien français  laie, boîte, coffre, néerlandais laeye, allemand Lade grec kibôtos,coffre,  de k(i)wat-os , celtique  kwalt-  donnant falt ou walt .
La forme Perslevats ou Perslevaux vient, quant à elle,  de persewald, avec métathèse du l, perslewad+s de désinence.

La  source  de Wolfram  est   ainsi, de son propre  témoignage, Quiot de Boron, auteur de l’Estoire del Graal et  d’un Perceval en vers perdu. Wolfram  est, comme son modèle  Quiot de Boron, le champion  de Perceval comme candidat à la  royauté du Graal. 
La source de Chrestien de Troyes est   également Quiot de Boron : ce dernier, Kiot d’Argovie, près de Bade, en Suisse aujourd’hui (mauvaise lecteur de cette graphie Argovie par le copiste qui en a fait Provi , interprété comme Provins ou comme Provence  aurait suivi dans son Perceval perdu  un manuscrit écrit en syriaque ancien,très proche de l’araméen , langue que parlait le Christ et langue de l’Eglise syriaque orthodoxe et d’une littérature chrétienne foisonnante,  et  trouvé par lui à Tolède  et une   chronique d’Anjou en latin. Le comte de Champagne, protecteur de Chrestien, lui prêta  le livre de Quiot de Boron, Perceval
 On ne sait rien de Quiot de Boron.  Il savait le latin,  est allé  à Tolède et aurait  appris le syriaque ancien. Peut-être était-il  le protégé d’un duc d’Anjou et  avait-il  assisté à des cérémonies de l’Eglise syriaque orthodoxe, dont ses épigones Wolfram et Chrétien  de Troyes s’inspirent pour dépeindre le cortège du Graal.
Les noms de famille au XII e siècle, à l’époque de leur création.
Chrestien de Troyes n’a pas de prénom, pas plus que Wolfram  d’Eschenbach . Quiot est un  nom de famille bien attesté,   écrit souvent Quillot. Son état-civil est  ainsi Rober Quiot   de Boron, ou Borron, ville située  dans le territoire de Belfort, où il naquit,  même s’il résidait à  Argovie.
  2) Etude sommaire de la vie et l’ œuvre de Wolfram d’Eschenbach. . Eschenbach est la région de la naissance de Wolfram, qui  évoque, op. cit.,  p.67, son lieu de naissance exact, Truhendigen en Bavière, et  la misère qui était parfois  la sienne en ces termes : « la cruche ne s’inclinait plus très souvent  pour verser l’hydromel ; les crêpes ne chantaient plus guère dans la poêle de Truhendigen, pour eux, cette musique était finie. » C’est ainsi qu’il évoque  le   lieu de sa naissance, près de Wassertruhendingen, à 5 kilomètres d’Eschenbach. Plus haut, il a évoqué le comte de Wertheim, son protecteur, qui céda la paroisse d’Eschenbach à l’ordre germanique des Templiers et qui le fit admettre dans cet ordre initiatique. Il a dû être le protégé d’Aliénor et être présent à la cour à Domfront. Surtout ce Bavarois, qui a fait de Wildenberg en Bavière le château de  Wildenburg, nom que Wolframs traduit par  Montsalvat , de salvat(us ), redevenu sauvage  (wilden, redevenu sauvage ), même si le mot  sauvage en français vient de salvaticus  a hanté la cour du comte  Gautier de Montbéliard à Montbéliard, où il a peut-être rencontré notre fameux Quiot,  qui ne venait pas de loin, puisqu’il était originaire de Boron. Nous savons encore par une confidence qui lui échappe dans son Titurel qu’il n’avait pas d’enfant.

Mon condisciple au Lycée Louis –le-Grand et ensuite à l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm, Joël Grisward, ce disciple favori de Georges Dumézil,  a très justement écrit  dans sa contribution à Georges Dumézil à la recherche des indo-européens, de Jean-Claude Rivierre, « dans le Parzival  , de Wolfram d’Eschenbach , le graal n’est pas un récipient, mais  une pierre » .
Quelle est cette pierre ? Un polissoir ou un dolmen ? C’était, en tout cas, « une pierre turquaise , donc un mégalithe préhistorique . On appelait pierres turquoises  les dolmens parce qu’on en prêtait la construction aux Turcs. On attribuait la création de ces  mégalithes aux Infidèles qu’on appelait indifféremment Turcs ou Sarrasins, par exemple   la Table des Sarrazins, un dolmen de Mantilly dans le Passais en Normandie , ou bien la Pierre turquoise, une  allée couverte dolménique  de Beaumont-sur-Oise dans la forêt de Carnelle (Val d’Oise.  Pierre turquaise est l’homonyme de la pierre précieuse bleue appelée turquoise. C’est « une pierre précieuse que traversaient les rayons du soleil et qui tirait son nom [lapis-lazuli] de son éclat » (le lapis-lazuli, orthographié lapsît exilis( il tombe des cieux)  est interprété par Flegetanis , l’auteur présumé du manuscrit  trouvé à Tolède, comme lapsus ex caelis, la pierre turquaise  tombée du ciel et qui a conservé la couleur bleue du ciel . On confondait le lapis-lazuli, l’émeraude (à rapprocher de  l’émeraude qui « constitue » le coussin supportant le graal et  celle qui orne le front de Lucifer, littéralement « celui qui porte la lumière ») et la turquoise, ainsi appelée en raison du fait qu’on avait découvert cette dernière en Turquie.
Le graal, pour Wolfram, est donc  une « pierre turquaise », un  dolmen, que seuls des anges ont pu porter, vu son  poids,  et poser au sol.
Les anagrammes de Wolfram. 
1)      L’anagramme contenue dans le nom de Khiot de Boron et dans le nom  de  Tolède : c’est le mot (religion) orthodoxe, le x  étant rendu par la lettre grecque khi (dans Khiôt),  le t et le  d étant présents dans Tolède comme le o et le e.
Une autre anagramme confirme la première. Ce sont les trois mots église bisantine et graal, au sens de polissoir ou dolmen (cf . l’historique du mégalithe , trop lourd  pour avoir été installé et manié  par des êtres humains , cité par Wolfram  comme de Khyot : « Une légion d’anges déposa sur la terre le graal, 
 puis remonta au plus haut du firmament. [Le mégalithe fut
alors ] confié à un pêcheur (altération du nom du dieu des enfers, Phorkheus, gardien des dolmens, et cf . le Roi Pêcheur),  [car autrement]  le graal  disparaîtrait, étant donné qu’ il n’admet en sa présence que ceux qui en sont dignes : il a donc fallu désormais, pour le garder, le rejeton baptisé d’une race pure [sans péché, Perceval ») . Ces mots sont contenus dans le nom de l’inspirateur prétendu de l’œuvre de Khyot, savoir Flegetanis –Salamis et, pour le b initial, dans  roBert de Boron  
La ressemblance des cérémonies du rite liturgique orthodoxe, (en particulier de l’Eglise syriaque orthodoxe), notamment  la Grande Entrée, avec le cortège du Graal,  est saisissante et on peut la situer à la Noël.  
Une  procession solennelle  ouvre la liturgie byzantine de  la messe.    [Joseph d’Arimathie] frappe le pain  eucharistique, ainsi fractionné en hosties  avec l’hagia longue (hagia
[ machaira ] qui  signifie  [le couteau] sacré, long couteau triangulaire, servant à découper des hosties , pendant   la phosphora (iera), fête aux flambeaux, depuis  l’Amnos (l’Agneau, Evangile selon Saint Jean, 18, 28 ) à la prothèse (exposition des hosties consacrées dans un ostensoir), et il prononce en latin  le verset de l’Evangile de Saint Jean , 19,29 : « Un vase était là rempli d’un vin amer. On mit au bout d’une lance une éponge imbibée de ce vin avec un extrait de noyaux d’amandes amères, et on l’approcha de sa bouche ; quand il eut pris de ce vin, Jésus dit : « Les Ecritures sont accomplies » ; le célébrant place ensuite l’hostie sur  le diskos, petit plat, patène,  disculus en latin, ayscl en gallois ( mot venant de disculus). 
La Grande Entrée commence alors. L’ordre est le suivant : des lecteurs du livre ou graal, graduel chanté entre l’office et la prose sur les degrés (gradus) de la cathédrale, portent des cierges allumés, puis viennent  le prêtre avec le calice,  le diacre avec le diskos (patène), puis un célébrant avec la lance, un autre avec l’éponge (spongia en grec) et d’autres avec les Evangiles (dont certains jugés apocryphes par les catholiques) et les reliques. A noter que la lance, hyssos en grec, remplace, à juste titre pour la vraisemblance, l’hysope de l’Evangile classique : c’est la lance  qui a servi à donner à boire au Christ avec l’éponge trempée dans un vase contenant un vin amer. Grâce à la langue syriaque ,les contresens sont évités , comme,  ussopos, hysope , pour issos, lance, pour le végétarien Jean-le Baptiste, ses repas à base de sauterelles (grec akris, -idos, accusatif pluriel akrida) au lieu de fruits ,   akrodrua en grec. Les prophéties,Psaumes  68, 23 : « Pour nourriture ils m’ont donné du poison ; dans ma soif ils m’abreuvaient de vin amer (appelé roska (vin +absinthe +noyaux d’amande amère,  que les femmes juives pieuses donnait aux condamnés à la crucifixion pour les euthanasier )174, disaient du futur Messie : « Ses os ne seront pas rompus [cf. les prescriptions concernant l’Agneau (amnos) pascal dans Exode, 12, 46 et ailleurs : Sagesse,2,15,20 Première épître aux Corinthiens, 5, 7,  Isaië, 53]:: »Vous n’en briser aucun os.Toute la communauté d’Israël le fera ».. .IIs lui perceront le cœur d’un coup de lance… « lLe Christ dit : « Oh ! Mon père ! … S’il est possible ! …  éloigne de moi cette coupe d’amertume !...  Toutefois, que ta volonté soit faite et non la mienne… » Et sa sueur devint comme de grosses gouttes de sang qui tombaient à terre, précise saint Luc, 22, 42-44,   ». Saint Jean, 19, 31 ; « Les soldats vinrent donc et brisèrent les jambes du premier crucifié, puis de l’autre qui avait été crucifié avec lui. Venus à Jésus, quand ils s’aperçurent qu’il était déjà mort,ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais l’un des soldats,de sa lance, lui perça le cœur et il en sortit aussitôt du sang et de l’eau ; celui qui a vu en rend témoignage » (il s’agit de Jean lui-même). Ce passage de l’Evangile de saint Jean  relatif au percement du cœur  du Christ avec une  lance  succède dans le rite byzantin au  texte de Saint Luc cité précédemment.  .
On  trouve pareillement dans le cortège du Graal  la lance, le graal , ajout qui correspond au calice  [un vase à pied en or contenant du vin, symbole du sang du Christ , auquel les fidèles ne doivent pas toucher], couvert de la patène [une petite assiette creuse qui sert à couvrir le calice  et à recevoir l’hostie une fois celle-ci  consacrée ),  le tailloir d’argent correspondant au diskos qui sert à exposer les hosties non encore consacrées, enfin   le cortège aux chandelles.
 Notons que  Thierry d’Alsace, le père du protecteur de Chrétien, un certain Philippe,  avait apporté à Bruges le sang du Seigneur.
Les divers sens et étymologies du mot graal et de ses homonymes .  
1°graïl ou graille ,  du latin craticulum, désigne un gril ou une grille, par suite et par métaphore un « polissoir » comme celui d’Arrou , appelé précisément les Grilles du diable, à cause de’ ses  stries spectaculaires . Joël Grisward en rappelant que le graal n’est pas un récipient chez Wolfram, permet mon interprétation par une pierre « turquaise », c’est-à-dire païenne, un « polissoir » par exemple. Du sens de  « polissoir », le mot a passé par la suite au dolmen, comme le confirme le mot féminin gralepois, de graale et de pese, du latin pensa, suspendue, pour désigner un dolmen cette  fois.
graël ou graal,  du latin gradualem, , désigne un graduel, c’est-à-dire des versets  qui se chantaient à l’office, sur les degrés du jubé ou de l’ambon, ou bien un livre d’église contenant ce qui se chante au lutrin pendant la messe, ou bien enfin, n’importe quel livre ou registre .
graal, du latin cratalem, de cratella, diminutif de crater. En grec, kratèr  désignait  un  grand vase où l’on mêlait le vin et l’eau pour y puiser avec des coupes ordinaires plus petites,  et désigne un bassin dans un roc, une cupule, par exemple dans la tragédie de Sophocle, Œdipe à Colonne, vers 1593, ou dans Platon, Phèdre 111 d. Chrétien parle d’ « un graal » : il ne croyait donc pas que celui-ci fût unique. Ce que les spécialistes de la préhistoire appellent les cupules ou graux sont abondantes sur les « polissoirs », que ceux-ci soient énormes ou au contraires très petits et donc portables jusqu’au malade ;  on leur rendait un culte, elles étaient considérées comme sacrées et leur eau passait pour un remède  miraculeux. On  passera ainsi  du dolmen (la« pierre turquaise ») et du « polissoir » chez Kiot et chez Wolfram au seul « polissoir » pour le « service du graal » (la cupule dans un petit «  polissoir »)  chez Wolfram , donc aussi chez Khyot (perdu), et chez Chrestien. On peut supposer que,  pour ce « service », on puisait l’eau sacrée avec un petit graal de pierre dans une grande cavité d’un « polissoir » plus imposant. Ce « service » prolongeait la tradition indo-européenne de la graha que rapporte,  dans Orion ou Recherches sur l’antiquité des Védas,  Lokamanya Bâl Gangâdhar  Tilak : ce dernier rappelle que graha est le nom en sanskrit d’un récipient sacrificiel utilisé le jour de la pleine lune du 24 décembre, et que chaque jour de la semaine avait sa propre coupe. Le culte des cupules (creux artificiels ou naturels dans le roc) remplies d’un liquide rouge est souvent associé aux polissoirs. La cratera de Joseph d’Arimathie peut avoir hérité du sens indo-européen de graha.
  Dans Orion ou Recherches sur l’antiquité des Védas, Tilak nous explique comment, pour les Hindouistes, dans la région « polaire », où leurs ancêtres et les nôtres  habitaient jadis, le solstice d’hiver,  avait lieu le jour de la pleine lune de Phâlguna, nom d’un des 12 mois lunaires correspondant à janvier et consacré aux Mânes des ancêtres. Le sanskrit Phâlguna (à rapprocher du  latin fulgur, foudre,ou  fulmen)   doit aussi être rapproché de l’irlandais  fal (g), dans la pierre de Fal, nom du menhir qui criait lorsqu’il se heurtait à un roi. Pour leurs cousins Parsis en Perse, les 5 jours de l’année qui commence sont appelés les jours Fravardigan, de phwargduna, et le mois de janvier, mois où l’on célébrait aussi les mânes des ancêtres appelés frohar,de phregwar, ceux qui ne sont que flamme solaire,  est appelé Fravashinam,de phwragwa .  Les frohar, c’est-à-dire les représentants spirituels des défunts incinérés, sont l’équivalent,  pour les Hindouistes des pitri, les mânes des pères.  Pour les Hindouistes,  les fêtes de Pitriyana peuvent s’étendre sur cinq jours seulement ou bien sur une quinzaine de jours pendant lesquels les âmes  des pitri  viennent dans les maisons de leurs parents  vivants.
  Les auteurs vont jouer sur les sens divers de ce mot graal. Ainsi s’expliquent d’autres énigmes de Wolfram.
Les autres énigmes de Wolfram.
 Les énigmes sont bien dans le goût du Moyen Age et nous en avons décelé, dans le Parzifal (entre 1206 et 1216 ?) de Wolfram. Il y  en a quatre   que nous allons tenter  de déchiffrer.
  1) Voici  la première énigme   : « les caractères A, B, C »  permettent de déchiffrer le manuscrit «  arabe » (en réalité syriaque ancien, dit-on) découvert à Tolède par Quiot de Boron.  .
Nous sommes renvoyés, par ces lettres  A,  B, C,  à l’abaque ou tailloir, synonymes désignant un  polissoir préhistorique avec ses stries parallèles. Tel est le sens de cette   énigme qui fait   manifestement allusion au  mystérieux graal, au sens de « polissoir ».   
  Le mot tailloir évoque, à cette époque, un plat  avec des rigoles où coule le sang de la viande découpée, mais il peut aussi désigner la tablette  qui supporte le chapiteau roman, lui-même orné de crânes sculptés. Chez  Chrétien,  ce tailloir  ou plat en argent serait  un symbole de la lune et on y découpe un cerf, symbole de la lune et de l’année  finissante au 24 décembre. Au vers 3218 sqq de son Perceval : « le premier mets fut d’une hanche d’un  cerf de haute graisse, épicé au poivre…Un jeune homme a, devant eux,  découpé la hanche de cerf au poivre qu’il a d’abord tirée à lui sur le tailloir d’argent, puis il leur en présente les morceaux sur une large galette.  »
2) La 2e  énigme : interviennent dans  Parzifal  « deux couteaux tranchants » qui font allusion à  l’hagia longue (hagia [ machaira ] qui  signifie  [ le couteau] sacré, long couteau triangulaire, servant à découper des hosties , pendant   la phosphora (iera), la fête aux flambeaux de la liturgie orthodoxe. Il est aussi possible d’y voir une  allusion à   deux menhirs du Passais, appelés les Pierres- couteaux: le menhir du manoir du Perron à Passais-la- Conception et le menhir de la Châtaigneraie à Saint- Siméon.
 3) 3e énigme,  la lance qui saigne que nous trouvons dans le cortège du Graal renvoie à un autre menhir de la région, celui de la route de Banvou près de Saint- Bômer-les -Forges appelé la Pierre lance. A l’époque, on connaissait la phrase du Christ (Apocryphes, Epître de Barnabé, Agrapha, 12, 1) : «  quand un bois aura été couché et relevé, et quand du bois couleront des gouttes de sang, la fin des temps sera proche » et le Messie reviendra. La lance qui saigne est le signe pour les millénaristes que la fin des temps est proche (1200), ainsi que le salut et la résurrection pour les hommes qui ont vécu avant la mort du Christ, comme les squelettes qui sont dans les urnes entreposées dans les dolmens normands, qui eux aussi seront sauvés par le Messie.
 4) 4e énigme : le  cortège du Graal.  Il y avait dans la région de Passais, sur la route de Banvou, un  dolmen troué  et l’allée couverte dolménique des  Creux,  en granit roussâtre, avec trois cupules et une rigole. Le mot creux, au pluriel ici pour désigner chacun des éléments composant l’allée couverte, est un   doublet  dialectal de graal, graus ou craus ,et c’est le  nom d’un autre  dolmen de la région, Le  Creux de la fée,qui  vient lui aussi  du grec  cratèr, diminutif cratella,  donnant grazel , attesté en provençal, puis crael, creu:   comme cratèr, il désigne les bassins dans le roc ou  cupules sur le  dolmen ou sur  le  « polissoir ». C’est ce mégalithe qui donnait lieu à des cérémonies chrétiennes autour de Domfront où résidait Chrétien, à la cour d’Aliénor d’Aquitaine, et qui a pu inspirer Chrétien, d’autant que le dolmen  est lié à Perceval parce qu’il est un dolmen troué et que Perceval est le héros qui se fait lui-même en sortant par ses seuls moyens du dolmen,  bouché à son entrée une grosse pierre comme celle du tombeau du Christ.
Chrestien de Troyes  a certainement assisté à ces cérémonies autour du dolmen du Creux. Ces processions  qui reflétaient de vieilles traditions  commençaient dans une allée couverte encore appelée la Table- au- Diable, la table païenne de tous les mets et boissons (cela deviendra dans l’oeuvre le repas plantureux du graal, le banquet de réveillon).
On peut en rapprocher certains vestiges de superstition, comme à  Brèches,  en Indre-et-Loire,  sur la route de l’ancienne voie romaine du Mans à Tours, avec un  menhir qui a  un mètre soixante quinze de haut. « A son sommet,  écrit Louis Bousrez, existe un creux … Dans ce trou, où l’on peut mettre la main comme dans un bénitier, on trouve, de temps à autre, des pièces de monnaie et certains comestibles, pain, fruits, fromages, etc., offerts par des gens qui attribuent à la pierre des propriétés merveilleuses. Ces objets sont déposés en offrande, sans aucun but charitable, car l’on sait bien que personne ne peut les apercevoir de la route et que les comestibles sinon l’argent sont perdus.  » Ceci rejoint la tradition des banquets offerts aux mânes des défunts le 24 décembre.
Cette Table -au- Diable dolménique , rectangulaire et réputée maléfique ,  chargée de victuailles et qui est devenue chez Chrestien   la Table du Graal  , s’opposait, pour les Chrétiens rigoristes, à la Sainte Table chargée du calice  pour le vin et du ciboire  pour les hosties,  ainsi qu’à celle  des Chevaliers de la Table ronde. Perceval le « nice »,  le simple, frappé d’un tabou, d’une leis  celtique, qui lui interdit de  poser la question rituelle salvatrice  de savoir pour qui est ce service du Graal (savoir, pour les morts incinérés, aux cendres que contiennent  les urnes remisées dans les dolmens, ces morts en l’ère de Disgrâce,  d’avant la Résurrection),  ne rompt pas l’envoûtement qui empêche ces hommes du dolmen d’être sauvés et laisse leurs  cendres dans leur état mauditd’excommuniés. En expiation, avait lieu, sur les mêmes lieux  une procession dite des Anges (figurée dans une grande fresque à l’église de Passais- la- Conception dans la région), le lundi de  la Pentecôte et le  vendredi saint.


La lance et les chandeliers «  à dix chandelles » (Chrétien), 10 pour les 10 mois de l’année primitive (décembre est le nom du dixième mois).
  La  lance est qualifiée en ces termes par Chrestien, au vers 3129 sqq. : « Un jeune homme sortit d’une chambre, porteur d’une lance blanche qu’il tenait empoignée par le milieu [pour ne pas se brûler les mains à ce  contact incandescent]. Il passa  par l’endroit entre le feu et le lit (de laye, dolmen dans le conte de Khiot) où ils étaient assis, et tous ceux qui étaient là voyaient  la lance blanche et l’éclat blanc de son fer. Il sortait une goutte de sang, du fer à la pointe de la lance, et  jusqu’à la main du jeune homme coulait cette goutte vermeille. » La croyance que lorsque le bois, puis  la lance saigneraient, la fin du monde serait proche et que les hommes incinérés se trouvant dans les dolmens seraient sauvés et ressusciteraient était alors largement répandue .
C’est la lance de Lug, rapportée depuis les  îles originelles  de Scandinavie jusqu’au Pays de Galles,  une lance de feu  qui jette des étincelles et dont les blessures sont mortelles : ainsi, Celtchar a-t-il été tué par une goutte de sang qui avait coulé de la hampe  de cette  lance. Tenue par un héros irlandais, elle est comparée à un chandelier, dont la branche principale est l’axe solsticial et dont les dix  chandelles  renvoient aux dix  mois  de l’année primitive dans les régions du cercle arctique, vite éclipsés par la naissance du  soleil après un  long  temps d’obscurité. Au vers 3164 : « Quand la porteuse du Graal fut entrée dans la pièce, avec le graal qu’elle tenait, il se fit une si grande clarté  que les chandelles en perdirent leur éclat, comme les étoiles au lever du Soleil ou de la Lune. »






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