vendredi 9 novembre 2018

Pour une réhabilitation de l’authenticité des Mémoires historiques de Fanny de Montcairzin.


 Pour une réhabilitation de l’authenticité des Mémoires historiques de Fanny de Montcairzin.
 Parmi les enfants du prince de Bourbon-Conti, Stéphanie de Montcairzin de Bourbon- Conti nous a laissé  ses Mémoires historiques (1798, réédition de 1986), à la fois chef-d’œuvre littéraire rédigé par cette élève de Rousseau et autobiographie exacte et passionnée. Cette demi-sœur du baron de Richemont,  Amélie Gabrielle Stéphanie- Louise, appelée de Montcairzin, par allusion au nom de son père Conti et  à celui de sa mère,  la duchesse de Mazarin, est née en décembre 1762 à Paris, paroisse de saint-Eustache. Elle ne sera baptisée que beaucoup plus tard, le 7 octobre 1788, op. cit. p.160, à l’abbaye Saint-Antoine à Paris, avec pour marraine Madame de Gimel de Lentillac, abbesse de l’abbaye royale de Meaux. Elle a été reconnue par son père et légitimée par Louis XVI, protégée par Monsieur, puis nommée surintendante de la maison de la Reine par Louis XVI dans les derniers jours de son règne. Elle a été victime d’un complot odieux ourdi par son  frère légitime et par sa mère pour la déshériter de la plus grosse part de sa fortune. Sa mère,  la comtesse de Mazarin, est la fille de Hortensia Mancini, une nièce du cardinal et elle avait épousé en 1661 Armand Charles de Meilleray, duc de Mazarin dont elle eut des enfants légitimes : c’est pour avantager ses enfants légitimes et peut-être aussi pour dissimuler son adultère avec le prince de Conti qu’elle unit ses efforts à ceux du seul fils légitime du Prince de Conti,  issu du mariage du Prince de Conti et de Louise d’Orléans, savoir le peu intéressant comte de la Marche,  Louis François II de Bourbon- Conti (1734-1814) .
Le prince de Conti, se méfiant de son fils et de son ex-maîtresse, obtient  la légitimation de Stéphanie par le roi,   Mémoires historiques,   p.52 : « ainsi est ma volonté  de reconnaître et de légitimer la fille de M. le prince de Conti, âgée de onze ans et ayant  été élevée, de mon consentement, sous le nom de comtesse de Mont-Cair –Zain, à laquelle qualité elle peut ajouter, dès ce jour, le titre d’Altesse Sérénissime, légitimée princesse du sang ; les honneurs du Louvre lui sont accordés, et je me réserve, ainsi que son père, de lui faire l’apanage nécessaire à son rang .  Signé LOUI S». Cet acte semble sonner le glas des espérances de sa mère et de son frère légitime, qui se  voient obligés de partager avec elle un important héritage. Ils mettent au point un complot machiavélique. Ils fabriquent un faux acte de décès, à Viroflay, près de Versailles, de Stéphanie, op. cit. p. 73, en date du 7 juin 1773. Dans cet acte, les faussaires vont même jusqu’à  reconnaître que cette comtesse   de Mont Cair-Zain  était légitimée princesse du sang et fille de Louis François de Bourbon –Conti,  ce que contestent pourtant les détracteurs de la princesse, comme le comte de Barruel –Beauvert dans son ouvrage Histoire de la prétendue princesse de Bourbon-Conti.  Ils la font enlever le jour prévu pour la présentation au roi, avec la complicité de son « institutrice » privée, Madame Delorme, la droguent pour la marier,  à Viroflay,  avec un procureur de Lons-le- Saulnier,  un dénommé Billet, intéressé par la dot laissée à Stéphanie à défaut de l’héritage auquel elle avait droit.  Le procureur n’était pas regardant et désirait  consommer le mariage alors que Stéphanie n’avait que onze ans et s’y refusait absolument,  Ils donnent à Fanny l’identité de Anne Louise Françoise Corméo,fille d’Etienne Corméo et de Madame Delorme (nom qui n’était que le pseudonyme d’une  Grillet épouse  Martin) ,  née le 30 juin 1756 à Saint-Sulpice,  et la marient à Viroflay,  le  18 janvier 1774 , avec ce procureur complaisant et cupide de Lons-le-Saunier,   sous l’identité de  Louise Françoise Delorme, prétendument née à Saint-Sulpice le 30 juin 1756, op. cit.,  p.105-106. « On mariait une fille de Madame Delorme et Madame Delorme ne comparaissait pas plus dans l’acte de ce prétendu mariage qu’elle n’avait comparu au contrat quelques jours auparavant ; on mariait Anne Louise Françoise Delorme ; ce n‘était donc pas moi ; je n’étais donc pas mariée ; car j’étais et je suis Bourbon- Conti. », s’indigne Stéphanie, op. cit. ,  p.106.
 Ils éliminent  tous ceux dont ils craignent les révélations, empoisonnant Madame Delorme,   éliminant un garçonnet de 12 ans qui s’était attaché à Stéphanie, de  peur qu’il ne parle. Sous la Révolution, ils paieront une prostituée demi-folle, Marie Rosine Mornay demeurant  rue Sébastien- Pont- aux- Choux  quand elle n’est pas enfermée à l’hospice d’aliénés de Sainte-Pélagie, op.  cit. ,  p.214 afin de lui faire usurper le nom et le rôle de Stéphanie. Ils réussissent ainsi à la discréditer auprès du comité révolutionnaire qui l’avait autorisée à pénétrer au Temple et à rendre visite à  la sœur du Dauphin. Il est curieux de voir des historiens épouser le parti de son frère légitime sans se donner la peine de vérifier ses affirmations, peut-être  parce qu’elle est réellement  princesse du sang  et se revendique comme telle,  et déclarant   son mari forcé,  le procureur de Lons-le- Saulnier, indigne d’elle et de son sang.  J’ai voulu vérifier quelques détails de son récit : elle parle du lieu  de Faille près du canal d’Orléans au château du prétendant de Madame Delorme, M.  Jacquet. Il s’agit de Fay- aux- Loges (Loiret) et la famille Jacquet  est présente à Fay (prononcé faille) dès 1694.
Autre détail :  op. cit. , p.145, Stéphanie cite par sa seule initiale B… un complice de son mari qui, à Lons-le-Saunier, chercha à l’outrager. Il s’agit du comte Barruel-  Beauvert qui, en 1811, publia , pour se venger du soufflet qu’elle lui avait administré en présence de son pseudo-« mari »,une Histoire de la prétendue princesse Stéphanie de Bourbon- Conti, -in-8°, que Napoléon fit mettre au pilon immédiatement, mais dont  certains historiens s’inspirent.



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