jeudi 23 février 2017

Le Christ maudissant le figuier

                  Le Christ maudissant le figuier
En plein été, alors que ce n’est pas la saison des figues, et parce qu’il a envie d’en cueillir une dans le désert, le Christ maudit le figuier,ce qui est surprenant.
1 Evangile selon Marc, le plus ancien  11, 13-14 : « Le lendemain, après qu’ils furent sortis de Béthanie, Jésus eut faim. Apercevant de loin un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s’il y trouverait quelque chose ; et, s’en étant approché, il ne trouva que des feuilles, car ce n’était pas la saison des figues. Prenant alors la parole, il lui dit : Que personne ne mange de ton fruit ! Et ses disciples l’entendirent. »

2 Evangile selon Matthieu, 21, 18 : «Le matin, en retournant à la ville de Béthanie, il eut faim.  Voyant  un figuier sur le chemin de Béthanie,  il s’en approcha ; mais il ne trouva que des feuilles, et il lui dit : Que jamais fruit ne naisse de toi ! Et à l’instant le figuier se dessécha. Les disciples, qui virent cela, furent étonnés, et dirent : Comment ce figuier est-il devenu sec en un instant ? Jésus leur répondit : Je vous le dis en vérité, si vous aviez de la foi, et que vous ne doutiez point, non seulement vous feriez ce qui a été fait à ce figuier, mais quand vous diriez à cette montagne : Ote-toi de là et jette –toi dans la mer, cela se ferait. »

3 Evangile selon Luc, 13, 6-9 : « Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint pour y chercher un fruit et il n’en trouva point. Alors il dit au vigneron : Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n’en trouve point. Coupe-le : pourquoi occupe-t-il la terre inutilement ? Le vigneron lui répondit : Seigneur, laisse-le encore cette année ; je creuserai tout autour, et j’y mettrai du fumier. Peut-être à l’avenir donnera-t- il du fruit ; sinon, tu le couperas. «  
Aucune mention dans l’Evangile selon  Jean, qui a consulté le texte original de Marc, sans l’interpolation du figuier.
On voit tout de suite que l’évangile de Luc est postérieur, puisqu’il ne s’agit plus du Christ en personne. L’évangile selon Marc est  le plus ancien et semble la source des évangiles selon Matthieu et selon Jean, et même selon Luc.
Or, à Rome, existait un figuier, le ficus ruminalis, qui avait selon la légende allaité Rémus et Romulus, avant que la  louve ne le remplace dans cette fonction mythique.  Les noms de Roma et de Romulus comme de Rémus viennent de rumen, ruminis, le sein, de srev-men, srev ou (s) ru signifiant l’instrument qui sert à épancher , à faire couler (grec rhéô, couler) le lait.
Si l’on suit la méthode de Frazer, on s’aperçoit que,  selon certaines légendes proches de populations primitives, l’Arbre du monde, -le figuier en est le symbole à Rome,-bloque dans ses racines un bébé qui flotte, -ici dans le cours du Tibre,- et l’allaite miraculeusement : Ruminia est la déesse qui préside à l’allaitement. L’enfant a été dédoublé à l’image des seins nourriciers : les jumeaux Rémus et Romulus. La légende du figuier allaitant a été remplacée par celle de la louve, mais le figuier Ruminalis est resté  sacré. On croyait qu’il datait de la fondation de Rome en -753 et son destin était associé à celui de Rome. Sous Auguste, le figuier avait dépéri et Auguste en replanta un, en aménageant une grotte où une  statue de la louve (voir mon blog sur la louve de Rome et le sillon) fut installée. On l’a retrouvée récemment. Mais, -mauvais présage pour les armées,- ce figuier se dessécha dans les années  60. 

Pour les résistants  à l’occupation de la Palestine, l’occasion était rêvée. Ils introduisirent une prophétie après coup dans la bouche du Christ en personne. Jamais celui-ci n’eût prononcé pareille imprécation contre une plante. Cette allégorie voilée de la fin souhaitée de Rome a été interpolée dans l’évangile de Marc, qui fut dès l’origine  écrit en grec. On peut s’en servir pour tenter, -avec prudence,-de dater l’interpolation du figuier de la révolte, en 66-70,  de Jacques le Juste , frère de Jésus, dont l’historien d’origine juive Flavius Josephe, dans ses Antiquités juives,  nous a laissé une mention, quelque 20 ou 30 ans après la fin du Christ. On doit donc supposer que l’évangile était plus ancien. 

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