vendredi 10 février 2017

Le peuplement d'Ouvéa, l'île aux deux langues polynésienne et mélanésienner, une des Loyauté, près de la Calédonie

LE PEUPLEMENT  D’OUVEA , UNE DES LOYAUTE PRES           DE LA CALEDONIE .
Ce sont des populations mélanésiennes venant du Vanutu, de Tanna plus précisément, qui ont peuplé Ouvéa. Leur langage est le iaai (de yawe), et elle est   parente d’une langue de Tanna, le nw hal ou nw hay (de nw, langage, et de bawe), voir le  blog suivant De quelles îles les Canaques sont-ils venus en Calédonie? . Ils  ont constitué le plus gros de la population de l’île , y  ont laissé leur  langue et le nom de Fayawé, de fa, signifiant langue  et de yawe , pour le village le  plus peuplé .
Le  toponyme Gosanna à Ouvéa  est parent du mot australien goana  qui désigne un  lézard géant de 1, 60 m de long, de la famille des méiolanidae , et d’un autre  mot australien gauarge ( Heuvelmans,   Sur la piste des bêtes ignorées, tome II,  p.109) désignant un animal disparu, peut-être un dinosaure). Mais,  plutôt que le lézard australien du même nom, on peut songer à un crocodile, le  Crocodilus porosus, car il existait en Nouvelle-Calédonie comme en Australie un  crocodile en Nouvelle-Calédonie comme en Australie. Il y a deux espèces de crocodile dans le Pacifique : le crocodile à double crête (Crocodilus porosus), de près de 10 m de long, qui se retrouve en Inde et aux îles Fidji, car il est le seul crocodile à circuler en pleine mer  et donc le seul à avoir pu gagner Ouvéa. Un  second crocodile (C .Johnstoni)  existe uniquement  dans le nord de l’Australie.
Ce n’est qu’à la fin du XVIII  e siècle qu’arrivèrent des Salomon les  Polynésiens de Saint -Joseph à Ouvéa .
Outre le triangle polynésien classique entre Hawaiï,  la Nouvelle-Zélande et l’île de Pâques,   il existe au moins 14 outliers ou exclaves polynésiennes  recensés pour le moment. Ce   sont l’arrière-garde des Polynésiens, restés le plus proche de leurs lieux originels ; citons aux Salomon l’outlier de Ticopia et dans l’archipel calédonien Ouvéa (dit occidental pour le différencier du Ouvea oriental-Wallis  de la même façon qu’on distingue le Futuna dit occidental du Vanuatu du Futuna oriental).  
  Les linguistes rangent dans un même sous-groupe linguistique les outliers   du Vanuatu dont Futuna occidental,  Wallis- Ouvéa oriental,   Futuna oriental  et notre île d’Ouvéa occidentale  avec son langage (faga uvea), parlé à Saint-Joseph. On doit y adjoindre la langue parlée en Micronésie à Nukuoro et à Kapingamangi où une émigration eut lieu depuis Vanikoro sous la pression des Mélanésiens vers 1825 ainsi que  les archipels de Rotuma (Iuea) et de Uiha aux Tonga, dans l’archipel Ha’apai. .
  Grâce  au récit de l’expédition de d’Entrecasteaux en 1793 , on sait que La Billardière trouva à Balade une planche rabotée et vernissée et qu’un  jeune officier ,de La Motte du Portail, repéra , sur une plage de Balade , un morceau de bois peint en rouge. Ces débris avaient été récupérés par des Polynésiens sur le lieu du  naufrage de  l’expédition de Lapérouse en 1788 à Vanikoro ;  certains  restes en bois appartenant aux bâtiments de Lapérouse ont été emportés  à  Ticopia et à Utupua, une colonie ticopienne proche avec laquelle les Polynésiens  de  Vanikoro   entretenaient des relations d’intermariage.
 Mais Vanikoro, Ticopia et Utupua étaient exigus et souffraient d’une démographie galopante, si bien que des pirogues quittèrent une première fois  Vanikoro, Ticopia et Utupua,   firent escale à  Santo (Tutuba) et Futuna au Vanuatu  et se fixèrent  à  Wallis et Futuna.
Plus tard, avant 1793,  une autre migration quitta Ticopa pour   Ouvéa  avec ces reliques européennes qui avaient  passé de Vanikoro à Ticopia.
Les Polynésiens d’Ouvéa sont donc venus de Ticopia aux Salomon, entre 1788 et 1793.  Quant au  nom d’Ouvéa, il  est polynésienet reprend l’ancien nom de Ticopia,  Tutupua va Nikoro, qui signifie   l’île en forme de demi-cercle  de la Déesse Serpent (de li guri, l’enroulé devenu nikoro). Le serpent arboricole en question (Pytho engyralis ) se retrouve à Lifou, où il a été importé de Nouvelle-Bretagne . Il a la particularité de se lover en entonnoir pour recueillir l’eau de pluie afin d’y piéger les oiseaux assoiffés dans ces îles sans rivière. Son nom a souvent, par métaphore, désigné l’île avec lac central comme l’était Ticopia ou comme l’atoll d’Ouvéa.  Le nom vient ainsi de Utupua, l‘île en forme de demi-cercle.
 Aujourd’hui nous devons utiliser la génétique pour tenter de retracer les migrations polynésiennes.  La génétique (The American Journal of Human Genetics de février 2011), selon les travaux du professeur Martin Richards, de l’université de Leeds, a analysé l’ADN mitochondrial prélevé chez des milliers de Polynésiens et conclu à une origine asiatique, Formose (la mythique Hawaiki) avec un passage par l’Archipel Bismarck, en Papouasie- Nouvelle-Guinée, il y a six ou huit mille ans. On peut songer aux exclaves restées les plus proches de la Papouasie, Takuu, Nukumanu, Nuguria, cette dernière étant à 250 kms de la Nouvelle-Irlande située dans l’archipel Bismarck.
« Hawaiki »,  selon les tradition polynésiennes, était leur patrie originelle: c’est Formose, la belle en latin (Formosa), autrement dit Taïwan ou pour les indigènes  Païwan (de araukhania devenu  abaukania qui donne baikwan).Païwan donne à son tour Haikaïwi, puis par métathèse Hawaïki. Ils se rendent ensuite aux Philippines à Palawan, puis  en Indonésie (à Sulawesi, les Célèbes en français, où les Tibawe les initient à l’art du tatouage), puis en Nouvelle-Bretagne où ils se métissent avec les populations qui fabriquaient les poteries ouatom, les Djomons, et   s’installent à  Ticopia avant de gagner, du moins pour certains d’entre eux, l’archipel calédonien.



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