jeudi 29 mars 2018

DU NOUVEAU SUR LES MENHIRS DE FRANCE ET D’EURE- ET- LOIR.


                                  DU NOUVEAU SUR LES MENHIRS DE FRANCE
                             

Du nouveau sur les menhirs grâce aux fouilles de l’archéologue Klaul Schmidt à Göbekli en Turquie et à son livre,  Le premier temple (2015).
De 1995  à sa mort en 2014,  l’Allemand Klaus Schmidt  a exécuté les fouilles de Göbek-li en Turquie et a fourni  le récit de ses recherches dans Le premier temple, CNRS Editions, Paris, 2015, 420 pages et illustrations. Selon lui, il s’agit du  plus ancien temple de l’humanité, qu’il date d’environ -10000 ans ; pour nous, c’est l’apparition de curieux menhirs en T ou en marteau , taillés dans un seul bloc de calcaire blanc lissé , qui portent à leur sommet une dalle horizontale que nous retrouverons aux Baléares, mais taillés en deux blocs séparés cette fois ;  De plus,  grâce à l’ADN végétal, on a pu  remonter à l’origine des céréales d’Europe,et à leur domestication  il y a  quelque 10 000 ans : il poussait à l’état sauvage  une sorte d’engrain (de un grain,  tandis que l’escourgeon  a deux grains et l’orge quatre) , qui est ,  encore aujourd’hui , présent à l’état sauvage dans la province de Sanliurfa , là où se trouve le sanctuaire de Göbekli Tepe (tepe, de tepe,en tokharien, étant l’équivalent du  latin templum ).  Or, l’ADN  nous révèle  que cette plante sauvage, est l’ancêtre de 68 céréales contemporaines ! J’ajouterai volontiers : comme les menhirs en marteau du lieu sont les ancêtres des autres menhirs des Baléares et d’Eure-et-Loir et contribuent à les expliquer.
Ajoutons qu’à deux  kilomètres de la côte de Malte, près de  l’île de Gozo (Gö- est l’abréviation du nom de la déesse Göbekli,  chargée de céréales,  zô , de dzoia, orge ),  on retrouve le nom du temple de Göbek-li en Turquie. Ce temple a été  englouti  et il porte le nom de Gebelk-ol –Bahar.  L’historien grec du VIe siècle Hérodote (IV, 94)   nous a conservé  le nom d’une  déesse Gebeleïdzis (où l’on reconnaît Göbekli avec un postfixe -dzis  , parent du grec homérique  zèia  et signifiant orge.  C’est une déesse dont on a la variante thrace Zamolxis, avec prolepse du z : de gembolg(oï)- dzis  
L’engloutissement du temple maltais  témoigne de la montée des eaux et du recul de la côte  lors du dernier maximum glaciaire, à la fin du pleistocène,  de 9350, à 200 années près, av. J. C.
 Göbekli en Turquie et  Gebelg-ol  sur l’îlot englouti près de Malte signifient    le sanctuaire de la Jument divine, savoir un avatar de Cérès, et göbelkl est apparenté au  grec kobalos, au  latin cavallus (de kabalkos,)  qui nous a laissé le  mot français cheval. Or, phénomène de conservation très remarquable, c’est le même nom que nous retrouvons dans le nom d’un menhir en marteau de Minorque aux Baléares : Cavalleria, de Cavalk [pour le k, cf.  le piémontais cavalcada, cavalcade] +morphème de féminin i + herria, pays, soit le pays de la déesse  Cérès. La jument  ou plutôt la déesse Cérès , en grec Perséphone , en latin  Proserpina , est associée aux céréales et aux menhirs, si bien qu’ on retrouve ce radical dans des noms de lieux préhistoriques riches en mégalithes  comme Gavarni ,  l’îlot Gavrinis en Bretagne,  La déesse gauloise Epona, au nom  correspondant au latin equina, jument,  dont, selon Juvénal (Satires, VIII, v. 155),  on peignait l’image dans les écuries devant des mangeoires emplies d’orge est un avatar de cette  déesse   Göbekli   ou de  sa fille Persèphone.
 D’après la mythologie, Mars, en grec  Arès, poursuivit Cérès (le temple maltais est dédié à Tarksos, équivalent phonologique tokharien  de  Cérès ou Dèmèter ) de ses importunités. Celle-ci se métamorphosa en jument pour lui échapper,  mais Mars se transforma de son côté en cheval de labour   et il  naquit de cette union deux enfants à l’aspect de pouliche  et de poulain  : une fille  dont il était interdit de prononcer  le nom  véritable (et qu’on appelait seulement la Jeune Fille, Korè en grec, la Dame ou la Maîtresse, savoir la femme du dieu des morts Orcus,  Perséphone (le nom,  de Pherkus -éponè, signifie la jument , -éponè, -d’Orcus ou Phorkus),  et un cheval nommé Aréion qui tire son  nom de son père Arès, dieu de la guerre grec qui correspond à Mars. .
Toutefois,  l’engloutissement du sanctuaire  de la Jument, Gebelg-ol Bahar, au large de l’île de Malte, fut   interprété comme la  manifestation  du mécontentement de Poseidon, le dieu de la mer et des mouvements sismiques, et   vint modifier ces croyances : on retira à Arès la paternité d’Aréion et de Perséphone  pour en faire honneur à Poseidon, dans l’espoir d’apaiser la divinité,  en interdisant de surcroît de prononcer le nom de Perséphone.




Les îles  Baléares et les archaïques menhirs en marteau de Minorque.
Le nom ancien de Minorque, était Pityussa , qui signifie  l’orge dormante, par allusion à la pierre qui surmonte les taulas, représentant cette orge en son état de mort ou de sommeil hivernal. En effet, Voltaire a raillé ce qu’il appelait l’ignorance botanique du Christ lorsque celui-ci déclare dans Jean  12, 24: « si le grain  de blé qui est  tombé en terre ne meurt, il reste seul; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ». Pourtant,  le Christ se faisait là l’écho d’une croyance populaire universelle : le grain ne pouvait germer que s’il mourait d’abord ! Il faut donc que la mort du grain, condition de tout,  soit symbolisée, d’une façon ou d’une autre, dans un menhir qui symbolise la germination de plusieurs  grains.
 Frazer (op. cit, vol.  III, Esprits des blés et des bois,  p. 143), a distingué deux sortes de blé : « Isis et son compagnon Osiris [sont] deux personnifications du blé …. Isis serait l’ancien esprit du blé,  Osiris le nouveau. » Par ancien esprit du blé, Frazer,  entend qu’il est immanent au blé, tandis que, pour l’esprit nouveau, il est extérieur au blé, même s’il lui est encore  lié. « Ainsi, quand on donne à une gerbe particulière le nom de l’esprit du blé, quand on la pare de vêtements, quand on la traite avec vénération,il est clair que l’on considère l’esprit comme immanent dans le blé ;Mais quand on dit que l’esprit fait pousser les récoltes en les traversant, ou qu’il nielle le grain des gens à qui il en veut, c’est , selon toute apparence, qu’on le conçoit comme distinct du blé, bien qu’exerçant son pouvoir sur lui. L’esprit du blé, conçu de cette façon, n’est pas loin de devenir une divinité du blé…Quand on conçoit l’ancien esprit ou la nouvelle divinité comme créant ou produisant l’objet en question, le problème est facilement résolu. Puisque l’objet passe pour être produit par l’ancien esprit, et pour être animé par le nouveau, ce dernier, en tant qu’âme de l’objet,doit aussi l’existence au premier ;l’ancien esprit se trouvera, donc, vis-à-vis du nouveau, dans la position de ce qui est produit par rapport à ce qui st produit, c’est-à-dire en mythologie la posiion de parent à enfant ; et, si les deux esprits sont conçus comme du sexe féminin , leurs positions respectives seront celles de la mère et de la fille » , de Dèmètèr ou Cérès  et de Perséphone ou Proserpine,
Les Grecs identifiaient Isis à Dèmèter et les Romains l’identifiaient à Cérès. Frazer, dans op. cit. , vol .2,  Atys et Osiris,  p. 471, cite Diodore de Sicile (I, 14, I) qui, résumant les travaux aujourd’hui perdus de l’historien égyptien Manéthon, attribue à Isis la découverte du blé et de l’orge. « On portait en procession, écrit-il,  à ses fêtes, des tiges de ces céréales pour commémorer le don qu’elle avait fait aux hommes. Les Egyptiens, quand ils coupaient les premières tiges, les posaient sur le sol et se frappaient la poitrine en se lamentant et en invoquant Isis. On a déjà expliqué cet usage, continue Frazer, comme une lamentation en l’honneur de l’esprit [ancien] du blé, tombé sous la faucille. » 
Aussi , le nom ancien de Minorque, Pityussa , qui signifie  l’orge dormante , doit-il s’analyser en  pit- , qui,signifie orge cf. wet, eta en vieux –haut- allemand, wheat, froment,  oats, avoine en anglais,  wet, devenant  bit- (cf le nom des Bituriges, les habitants du Berry), puis pit-.  
  Le second élément, pour nous plus intéressant encore, est –-yusia ou -yussia, participe présent au féminin d’un  verbe signifiant dormir, grec (y)auô,  sanskrit ya-sati, latin jaceo, gésir, être étendu. Le participe ya-ntya,  attesté par le grec Pityunt-, ou encore Pityoessa, donne yussa, l’ensemble signifiant  l’orge dormante et renvoyant au linteau qui surmonte le menhir.
Le trajet des créateurs des taulas et e la civilisation talayotique  de la Turquie à la Sardaigne et à la Balagne en Corse jusqu’à Minorque aux  Baléares.
On peut les suivre à travers le nom Pityussa . Non loin de Göbekli , on trouve Pityunte, une ville de Colchide près du Pont-Euxin, Pityussa, une ville de Troade, puis une ville de Chio, une de Lampsaque ,une de  Salamine, une île Pityoussa entre l’Attique et le Péloponnèse dans le golfe Saronique ;  depuis Malte jusqu’ en Corse (la Balagne a même étymologie que les Baléares ou que Bahar à Malte , et signifie le blé) et aux  îles Baléares.
 Le mot taula.
Le mot taula   ne vient pas du latin  tabula, la table, même si les partisans de cette hypothèse invoquent le nom catalan de ces menhirs, mesa, qui, en espagnol,  signifie bien  la table, mais … qui, ici, vient du latin messis, avec changement de terminaison comme dans le français moisson, savoir messa, moisson, récolte, ce qui nous ramène à l’origine agraire des menhirs et à leurs vertus magiques fécondantes. .
En réalité, le mot « taula » lui-même  est  à rapprocher du grec stelewa,  manche de marteau. Le grec stèlè, éolien stalla , de stalwa,, désignent  une colonne, une stèle. Les colonnes d’Hercule,  stolae en grec désignaient  les menhirs en marteau à double extrémité identique  comme l’étaient  les marteaux de ciseleur, car elles sont comparées à des manches de massue que seul un géant comme Hercule pouvait manier.
Certains   noms de menhirs minorquins.
 1Les divinités citées dans les noms de menhirs.
Les divinités à l’honneur avec ces taula  sont : Cérès, dans le nom de menhir Cavalleria ;qui signifie le pays (herria) de la jument incarnant Cérès ;  dans Beltrana , nom local de Belisama , qui est  présente dans le nom du menhir appelé la Beltrana,déesse du blé et de l’orge, et son parèdre masculin Bélénos , qui est présent dans cet autre nom de menhir :  Dwellnou, c’est-à-dire Bweleno(s) ;  le nom :complet est bini Crodellnou :  pour bini , cf .  espagnol peña, roche, breton van, cro, de  clava, massue,  en  latin comme  en  espagnol. :le menhir qui est la    massue de Bélénos.
2 Les noms qui font référence à l’orge ou au blé.
Citons  les noms  de menhir :
son (pierre) catlar  pour cat lar(nax),Hésychius attestant  une forme narnax de la famille du grec narcôtikos  et qui donne par dissimilation desvnasales larnax,  cercueil (la barre transversale) de l’orge (cat du grec  kritha  , avec r voyelle se vocalisant en a) ;
-  bini acvell, de blato, ac-vell de  aktè, nourriture selon Hésychius, sanskrit açnati, la nourriture de Démétèr , c’est-à-dire l’orge, et dans l’expression homérique alphitou aktè, nourriture de farine  d’orge ;
-torr –alben-cvell, avec alben ,à rapprocher du grec  alphanô, procurer ,  et de acvell, de  aktè, nourriture et vell, blé, l’ensemble signifiant  la tour (par confusion avec les moulins, au lieu de bini, le menhir) qui procure  la nourriture de Dèmètèr .
3 Le nom de la balance avec ses deux plateaux , latin trutina, grec trutinè. pour les  taula  doubles , comme torre trencada, altération de trutina.
Photographie de Torre Trencada.
4 Le nom du marteau dans les noms de taula .
Du grec sphura, qui signifie marteau, il faut rapprocher :
-bini-safullet vient de bini, la pierre, et de  s°phul,marteau,+eta, orge , la pierre en marteau pour l’orge;
-al-furin –, de (s)phuron + eta, orge ;
-  torre- lafuda, de torre et  safura ;
- torre-li(fu)sa, de torre et lafura.
 Du  latin malleus, en grec au génitif mulakos, de mulako - signifiant marteau, cf. le latin, mulè, meule,  on retrouve à Minorque  trepuko, qui est une métathèse de murako donnant  rampuko.

Le nom de la massue dans les noms de taula.
1En latin,  la massue d’Hercule  se dit  clava , d’où   cro –Dellnou , de Duelnou , la massue de Bélénos,   
2 Le nom de la masse  se retrouve dans un autre  nom :  bini masso, bini, menhir,  et masso ,à rapprocher de l’espagnol macho,  massue.
3 Le nom de la massue  se retrouve dans le nom d’une autre taula : cotaina, de skabhtina, apprenté au   sanskrit scabh-n,  de la famille du   grec skèptron, sceptre.
.4 Le nom du manche de massue  se dit caça en espagnol, du bas- latin capia , la prise : il se retrouve à Minorque dans le nom de taula : (so na) caça (na).


Les noms de menhirs en France,  révélateurs de leur destination agraire.
  Les menhirs peuvent certes  s’appeler simplement  pierres droites, pierres longues (en breton menhir, de men, pierre,  et de  hir, longue), longperriers en Seine-et-Marne,  pierriers, poiriers. Toutefois, les appellations qui font allusion à des céréales  sont fréquentes et le nom de l’épi a laissé  beaucoup de dénominations,   incomprises et  très altérées  de nos jours.
Le nom donné aux menhirs par leurs bâtisseurs présumés, sans doute  apparentés aux créateurs des taula  des Baléares.
 1 L’épi sans sa balle, frit. 
Grâce à  l’auteur latin  d’un Traité d’agriculture, Res rusticae (I, 48,3).   Varron au Ier siècle avant  J.- C, nous avons conservé le nom, indéclinable, de la pointe de l’épi, frit. La Pierre Frite, avec ou sans  le suffixe –ske  marquant la naissance, était  la pierre en forme
 d’ épi naissant (suffixe) , et elle a donné en Eure-et-Loir la Pierre –Xi--Frite (peut-être de axis,  pieu , et de  frit , soit la pierre- pieu en forme d’épi),  nom de menhir originellement passé à un dolmen du Boulay- Thierry près de Nogent-le-Roi , ainsi que  Saint -Jean- Pierre- Fixte (métathèse de  fit-ske , fikste)  près de Nogent-le-Rotrou, ou bien la  Pierre Fiche, de  fit + suffixe -ske à Alluyes  ; ailleurs , on  a la  Pierre -Fixte,  la Pierre Fite, Peyrefitte. On trouve aussi ce nom en Alsace dans le nom du  menhir de Breitstein, de frit -stone, la pierre -épi, ou en Moselle,  à Marty,   dans  le nom de Frescaty, de frist-sk, -ask étant un suffixe de commencement, -aty provenant du  suffixe de ressemblance  ada, –eida ou –eita, soit la pierre qui ressemble à une pointe d’épi.  Nous avons le même nom à Toulouse, à l’hôtel Assézat (Musée Saint -Raymond) avec  le menhir de Frescaty qui  y a été déplacé depuis Lacaune. Songeons aussi  au nom de  l’Afrique (le latin Africa  désigne la seule Tunisie actuelle,  riche précisément en mégalithes), de ‘fritsk-a, avec coup,de glotte initial rendu par un a . Le nom est  au masculin   à Saint- Affrique  près de Millau,  ou à  Saint-Affrique -du- Causse à Gabriac dans l’Aveyron, et, dans le Tarn, à Saint-Affrique –les- Montagnes. Pour la Corse, il n’est que d’invoquer le site préhistorique de Filitosa (de  frit-osa, lieu riche en menhirs, qui donne aussi  Frileuse en Eure-et-Loir, dans la commune de  Péronville ou dans celle  d’Orgères-en-Beauce),  pour la Sardaigne, Filigosa , de fri(ts)k -osa    ; pour la Corse encore, la   Petra Frisgada (de frit- sk--ada) , la pierre qui ressemble à une pointe d’ épi, dans la commune de Cambia ; pour les Pays-Bas,  le toponyme de  Frisia (de frit-sk-ia),ou Frise .Dans l’Antiquité,  le nom de la  Phrygie, de frit-skya en a aussi gardé le souvenir.
  2 L’épi avec sa balle. leba-ada,
 Les  nombreuses  Pierres levées (Peyrelevade à Vaour ,  Pierre Lebade à Mont- de- Sainte- Carissime, Peyra Levata au Verdier dans le Tarn ) ne semblent  pas être ce que l’on croit et ne viennent pas du verbe levare signifiant soulager,lever dans les airs,  mais du grec labè, manche, + suffixe de ressemblance -eida,-eda, la pierre qui ressemble à un manche de marteau donnant  labeda,puis lebada.

3 Le fléau de la balance, grec phalanx et les Peyre  plantade ou Pierres Blanches.
Le  nom du fléau de la balance a servi de métaphore  pour désigner le linteau horizontal surmontant jadis certains  menhirs, savoir phalanx, génitif phalangos en grec.  De là en Corse Palaggio, ensemble de menhirs, et paladini, de palagwin-, les menhirs, ou bien à  Alzon, dans le Gard, le  nom du menhir Peyre plantade, qui  remonte à  p (ha)lang-ada, la pierre qui ressemble à un fléau de balance .
Les Pierres Planktes de l’Odsyssée (XII, 59—67), Petrai planktai en grec, -un singulier ibère en –ai  pris pour un duel , -  permettent au passage de confirmer la  localisation de ce passage de l’Odyssée, puisqu’on a retrouvé  sous 60 mètres d‘eau le menhir en cause,-12 mètres de hauteur, - au large de la Sicile , lieu appelé de nos jours Pantellaria Vecchia (de planktai herria , herria signifiant  pays), c’est-à-dire   l’ancien  pays de la pierre qui ressemble à un fléau de balance. Cela amène à penser que les souvenirs rapportés à Homère dataient d’un  temps où l’élévation du  niveau de la mer avait laissé dépasser le menhir qui était encore debout .Lorsqu’il disparut de la surface, son nom fut réinterprété en pierre errante. Et cela nous permet de dater l’un des plus anciens menhirs conservés avec ceux de Turquie , puisque la géologie permet de le dater  de 9350, à 200 années près, av. J. C.(
  Les Pierres Plantées  sont devenues chez nous  par incompréhension, les Pierres Blanches, par exemple à Pléneuf dans les Côtes-du-Nord, ou à Pietrobianchata à Antisanti en Corse, alors qu’il n’y a pas la moindre pierre de couleur  blanche en ce lieu.  C’est un  ancien Petroplancado,  une  pierre qui ressemble à un fléau de balance. 
  En Eure- et- Loir, sur le territoire d’Arrou, on a un lieu-dit vallée de l’Araignée, où se trouvait un menhir disparu et appelé araigne,   remontant au latin  arachneada,  pierre qui ressemble à un fléau de balance, variante dialectale du grec  phalanx, phalangos , au sens de fléau de la balance, à rapprocher du nom du site corse de Araggio. .
 Le mot palanx, n’étant plus compris,   été rattaché au mot planta qui,  en latin, désigne la plante des pieds et aussi, comme on se servait du talon pour planter les boutures, la bouture elle-même,   et donné, par étymologie populaire, la pierre qui ressemble à une bouture (qu’on plantait en foulant le sol de la plante du  pied et du talon).
Les noms de menhir d’origine indo-européenne.
a)Le nom indo-européen de l’épi, spica en latin.
Le latin spica donne, soit la Pierre -By (entre Charray et Moisy),  soit la Pierre Pique,   réinterprétée dans ce dernier cas comme la Pierre Lance. Spicada, la pierre qui ressemble (suffixe –ada) à un épi. Spicada  a  donné le nom de  la Pierre Piquée, visible derrière une grille à Montjouvin (Illiers). Mais le mot épi était paronyme en ancien français du mot épieu, qui vient  du  francique speut, ce dernier  ayant  donné le nom d’une céréale, l’épeautre, de spelta.  Le diminutif  espiet,  épillet, épi naissant, s’est confondu avec espiet, petit épieu,  orthographié en Eure-et-Loir Epiais ou  Epieds (–en –Beauce) et   signifiant pareillement à l’origine la Pierre- épi naissant.
b) L’épi sans sa balle.
Une racine religieuse désignait la tige sans la balle et elle se retrouve dans le latin culticula, qui est le nom , dans la langue augurale , d’une baguette de bois  sacrée , sans son écorce, employée dans les sacrifices à Rome. De là le mot couteau au sens de baguette effilée dans la Pierre- couteau, c’est-à-dire la pierre épi, et dans le nom de  Coltainville, la ferme (villa) de la pierre- épi (coltain); mais par confusion avec le latin cultellus, qui donne couteau au sens d’instrument de cuisine tranchant, nous avons aujourd’hui, au pluriel,  la Pierre aux Couteaux.
c) L’épi avec sa balle.
. De acucula, on a le mot français  aiguille qui,  au début, garde son sens premier de pousse, bourgeon , conservé dans notre aiguille de pin,  avant, par attraction de aculeo, génitif aculeonis, , aiguillon, de prendre le sens moderne d’instrument métallique utilisé pour piquer et pour  coudre, avec ses connotations de magie noire  et de maléfices. Ainsi le nom de  menhir pierre aiguille renvoie-t-il d’abord à l’épi de blé ; mais le mot n’est plus compris et on a au pluriel la pierre aux aiguilles avec sa connotation d’envoûtement.
De acu- et du gaulois blato, désignant le blé, on a le menhir d’Ecublé, aujourd’hui  encastré sous le mur du cimetière  (commune de Tremblay -les- Villages) ou avec acu- et  man désignant le sésame (grec sèsamôn) ou le millet (radical mel ou man) Ecoman , de acuman, à Viévy -le- Rayé dans le Loir-et-Cher.
  II y a parfois  eu confusion entre acucula, pointe d’épi de blé  avec sa balle, et cuculla, capuchon, si bien que l’on a : pierre coquelée ou  coquelet, pierre aux coqs, chantecoq (Ymeray),  pierre cochée, au sens de pierre marquée de coches,  nom qui a passé d’un menhir à un polissoir à Droué (Loir-et-Cher),  cocherelle (nom transféré d’un menhir  au polissoir de Sorel- Moussel), pierre coverte (à Varize  et à  Ver- lès- Chartres), pierre coverclée (Moriers), couvre- clair (nom transféré à un  polissoir  accompagné d’un dolmen à Neuvy -en- Dunois) .
Chantecoq et Pissecoq
Explicitons chantecoq à Ymeray, nom composé dans lequel coq vient de acucula, pointe d’épi, et chante d’un nom du grain d’orge, l’ensemble signifiant pointe d’épi d’orge. De même,  dans  le nom de Chantemesle (Logron), désignant à l’origine un  mégalithe aujourd’hui  disparu, chante signifie orge et mel, de mar, signifie pierre.
Piscop dans le Val d’Oise vient d’un Pissecoq (du latin  spica, épi, +
(a)cucula, pointe d’épi) attesté au XIIe et au XIII e siècles, de épi et de coq au sens de pointe d’épi,  et  désignait à l’ origine un menhir.
Enfin,  acucula, pointe d’épi de blé, réduit à acula, s’est confondu avec asciola (diminutif du latin   axis, hache), qui donne en français la série aisseau, aissette au même sens de hache. Précédé du  radical  mar ou mal, qui signifie d’abord  pierre,  du nom désignant une pierre- épi de blé on passe à  une pierre- hachette. On trouve,  à Désertines dans la Mayenne, en 1158, un  nom de  menhir Maloseiol, Malaisé aujourd’hui et,  ailleurs,  Maleissie, qui, n’étant plus compris, donne de nombreux toponymes : la Malassise  près de Châteaudun, avec les légendes de la pierre qui bouge (la pierre mal assise) et qui s’ouvre à minuit le soir de Noël, se fendant en deux  et laissant s’échapper des démons ou bien révélant un trésor infernal.
d) Les menhirs portant  un nom de  mesure de capacité du grain.
Les noms des mesure de capacité du grain de semence, précédés ou non de grand,  ont aussi été donnés aux menhirs pour la récolte qu’on en escomptait : le grand Muid, du latin  modius, sorte de boisseau plus grand,  à Villiers- Saint -Orien, le grand et le petit Bussard (au sens de tonneau,  -deux menhirs disparus à Saint-Denis- les- Ponts),la  bure, au   sens d’aiguière à col allongé, nom de menhir  transféré à un dolmen à Corancez  ; bot qui,  au,départ , désigne la ou les  cupules du sommet (la pierre Debout  à Colombiers –sur -Seulles, dans le Calvados, puis parfois , à cause de l’homonymie avec bot au sens de crapaud, le nom est altéré en  pierre aux bouts (au sens de crapauds), puis en pierre aux grenouilles à Alluyes ; citons encore le boisseau (petit menhir du près de Ver- lès- Chartres).




La fonction première du menhir : un catalyseur magique de la percée végétative.
James George Frazer, dans Le Rameau d’or,  Balder le Magnifique, Ed. Robert Laffont, collection Bouquins, Paris, 1984, 4 vol., vol .4,   p. 98,  en donne un exemple : « Dans plusieurs parties de la Bavière, on pensait que la hauteur des tiges de  lin dépendrait de celle des sauts des jeunes gens. » Au Vanuatu, sur l’île Pentecôte, le spectaculaire saut du gaul (mot signifiant plongeoir),  toujours pratiqué malgré les accidents mortels et consistant  à sauter du point le plus haut, est censé faire pousser les ignames  d’autant plus profondément  que le saut aura été accompli du plus haut plongeoir . En Nouvelle-Calédonie existaient de très précieuse pierres à ignames et pierres à taros, sur lesquelles les sorciers canaques faisaient encore, il n’y a pas si longtemps, leurs  conjurations secrètes. Ces pierres à ignames ou à taros étaient les équivalents en miniature des pierres  pour l’orge, le  sésame ou le blé qu’étaient  les menhirs. Dans le nord de la Nouvelle-Calédonie, à Arama,   il existe même une quarantaine de petits menhirs dépassant du sol de 60 cm environ : eux aussi, comme les plongeoirs de l’île Pentecôte,  sont censés favoriser magiquement la croissance en profondeur des tubercules  souterrains des taros et des ignames. 
  On retrouve en France des  restes analogues  de  superstition , par exemple   dans l’Orne, avec le menhir de Passais qui, au  printemps, lorsqu’on entend le coucou chanter pour la première fois, est encore une invite pour le passant agriculteur, s’il désire  avoir une récolte de blé  abondante, à toucher le menhir de la main et à tâter en même temps le « blé» » symboliquement présent  dans son porte- monnaie. Nos épis de faîtage au nom symbolique reposaient sur la même croyance que, grâce à ces talismans placés en hauteur   les récoltes croîtraient aussi haut que  ces ornements. L’érection d’un menhir avait ainsi  pour but de mimer analogiquement la pousse  de l’orge ou de quelque  autre céréale,  de la stimuler et de la favoriser par magie imitative. Frazer, Le Rameau d’or, Editeur Robert Laffont, collection Bouquins, Paris, 1984, 4 vol, vol.  III, Esprits des blés et des bois, p. 26,  écrit du « Dionysos de l’arbre » que « son image n’était souvent qu’un poteau planté en terre, sans bras  », imitant très grossièrement  l’arbre fruitier , ici le cep de vigne, qu’il s’agissait de faire pousser par sympathie. 
Sur les menhirs en marteau de Göbekli, les nombreux pictogrammes qui représentent des grues confirment  cette origine agraire. En effet, l’arrivée de ces   oiseaux annonçait la période des semailles et cette arrivée donnait lieu à  des danses rituelles, les danses de la grue, durant toute une nuit avec concours à resterait éveillé le plus longtemps, concours dont le prix consistait en un gâteau rituel d’orge et de sésame (pyramous),  L a fonction est toujours la même. Toutefois, dans certains cas, de petits menhirs, juxtaposés près de plus grands, jouent une autre fonction, celle de repère minimal de la hauteur que doit atteindre la tige de blé. Ainsi, s’explique peut-être le groupement des quelque 3000 menhirs  de Carnac (gaulois carnac, de carn-ask, où le morphème –asc est une marque de commencement,  l’ensemble signifiant le germe de blé,  anglais corn, blé). Il y a trois alignements séparés, appartenant peut-être chacun jadis à une tribu : celui du Ménec, celui de Kermario et  celui de Kerlescan.
L’alignement du Ménec  compte 1100 menhirs, rangés par ordre de taille croissante pour  représenter  les différents stades de  croissance merveilleuse espérée de la céréale, depuis 60 cm de hauteur vers le littoral  jusqu’à 4 mètres pour le plus grand.
 L’alignement de Kermario compte 1030  menhirs alignés sur dix rangées (peut-être une rangée par clan),  des plus courts sur les collines aux plus hauts vers la mer.
L’alignement de Kerlescan compte 555 menhirs partant de la rivière Crach  et disposés aussi des moins élevés aux plus hauts.
Dans ces trois ensembles existe ce qui nous paraît, au premier regard du moins, une anomalie : à côté du menhir le moins élevé, haut  de 0,60 ou 0,70 cm,  on  trouve un menhir de 3 mètres. Ce dernier sert sans doute de repère et de modèle  pour la taille que doivent atteindre les céréales. Ces menhirs prétendus « aberrants » présentent  de curieuses  ondulations gravées qui représentent  vraisemblablement  les ondulations de la moisson arrivée à la hauteur souhaitée.
Le champ de menhirs de Carnac compte beaucoup de menhirs qui représentent autant de pousses de céréales souhaitées.
En Bretagne, les noms de Mané Rutual ou de Mané Lud contiennent le mot sillon sous la forme lud ou rut--ual, -ual signifiant découvert, superficiel, (cf.tir-ial, terrain découvert ,  clairière défrichée en gaulois) et il y a quatre rangées de bâtons coudés  dans  lesquels on a vu à juste titre des épis ou germes  de sésame (et non , comme parfois, des crosses d’évêque !), accompagnés d’une tête de jument, c’est- à- dire de la déesse Cérès. Mané  est parent du latin milium, millet et  du grec sèsamon, sésame.
Essai de typologie des menhirs  ou comment augmenter le rendement promis.
Dès l’origine, à Göbek-li en Turquie, l’efficacité des menhirs laissait peut-être à désirer ; Pour augmenter le rendement des récoltes attendues, les chamans imaginèrent de faire reproduire dans le calcaire deux pousses d’orge, imitant les deux grains propres à l’escourgeon ou orge sauvage , au lieu du grain unique de l’engrain (khorasan au grain épais  et bosselé, mot de la famille de l’anglais corn, du latin far et frumentum, du grec puros, etc., de khormn).  Avec la représentation de  ces deux pousses au lieu d’une seule, donc de deux pieds du menhir,  on espérait de la magie imitative qu’elle aboutirait à la germination de plusieurs touffes. Mais aussi on trouva aussi  d’autres moyens.
1) Les trilithes ou lichavens (du latin triplex   + breton van, pierre), comme le lichaven  de Saint-Nazaire.  .
Voir carte postale du trilithe de Saint-Nazaire. A comparer avec celle de  la taula Trencada de Minorque.
 Autre trilithe, d’ailleurs voisin : le prétendu « dolmen »   d’Avrillac à Saint-André –des –Eaux, un autre lichaven..  Avrillac  signifie les germes (radical ak- , cf. latin acus ) de seigle (cf. le grec briza et oruza, très proche de aurilla, avrilla. En somme, comme à Minorque, où les trilithes existent également, par exemple dans la taula Trencada (la balance à deux plateaux), -le lien entre les menhirs français et les taulas de Minorque, -est ici avéré, - une seconde dalle verticale,  un second pied symbolisant une 2e pousse d’orge vient assurer la stabilité de la dalle horizontale. Cet apport de stabilité est peut-être la raison pour laquelle le procédé a tendu à se répandre, supplantant la taula à pied unique.
Une  remarque  liminaire  à ce propos : pourquoi  qualifie-t-on  de « dolmen » ces deux trilithes ?
Problèmes  de lexicographie : dolmen, demi- dolmen, trilithe ou lichaven et allée couverte.
Dans son Dictionnaire (1846 -1872), Littré définit le dolmen comme  un « monument formé d’une grande pierre plate posée sur deux pierres dressées verticalement, qu’on attribue aux premiers habitants de la Gaule » et il définit le lichaven comme un « monument celtique formé de trois pierres, l’une plate superposée sur les deux autres qui lui servent de support. »
 A partir de la première définition, le demi- dolmen sera  défini comme un « dolmen  dont la table repose à terre par l'une de ses extrémités ».
 Avec ces définitions officielles, on ne s’étonnera pas de voir appeler « dolmens » les mégalithes de Saint- Nazaire ou de  Saint- André –des -Eaux . Pour nous,  un dolmen est, en effet, formé d’une grande dalle plate posée sur une série de pierres dressées qui l’enclosent totalement sauf éventuellement l’entrée.
De même,selon le Larousse,   l’  allée couverte  est un «  alignement de dolmens rangés pour former couloir »,  selon nous un double série de pierres dressées peu hautes qui se continuent sur une assez grande distance, et soit totalement couvertes, soit en partie seulement, par de petites dalles plates. Ces définitions sont, on le voit, trop floues pour être d’usage scientifique .Je proposerai donc d’appeler trilithes (ou en breton, lichavens) les mégalithes composés de trois pierres: la dalle horizontale  évoquant le blé ancien, les deux dalle de soutien les deux pousses d’orge.
 En ce qui concerne les demi- dolmens, négligés à tort par les archéologues qui imaginent qu’il ne s’agit  plus là que du  reste d’un ensemble de pierres abîmées par le temps et par les hommes, je les appellerai des dilithes (mégalithes composés de deux pierres),  dont l’une est inclinée , représentant  l’orge penchée sous le poids des épis ou plutôt des grains d’escourgeon (éventuellement figurés ,  comme à Minorque,  par une pierre ronde ) et  repose sur l’autre , peu visible et écrasée sous son poids . Parfois, une pierre au sol rappelle le grain mort.
Les palets de Gargantua du Centre sont des dilithes. Image illustrative de l'article Palets de Gargantua  
Le palet de  Gargantua à Chamizay en Indre -et- Loire (Au sol, la pierre peut représenter le grain mort).
2) Les pseudo- « demi -dolmens » : en réalité des trilithes .
Les prétendus « demi- dolmens » (définition du Littré : « dolmen dont la table repose à terre par l'une de ses extrémités ») doivent, selon moi, être rangés dans les menhirs. Ainsi , à Minorque, on a été  intrigué  devant la taula de Taliti , nom composé de tal – eta,  tal (de dav, étant  lié à duo), double ,  et de  eta signifiant orge (vieux haut allemand gersta), soit deux pousses d’orge. .   De ces deux pousses d’orge l’une est, représentée par le fût du menhir et l’autre par une dalle oblique appuyée contre le pied de la taula, avec, au sommet de cette  dalle oblique, une grosse pierre ronde évoquant un épi d’orge futur .La magie imitative explique ce nouvel arrangement : en représentant des tiges de blé ployées sous le poids des épis, on croyait augmenter les probabilités d’une récolte abondante. En France,  nombreux sont les pseudo- « demi- dolmens » qui rentrent en réalité dans cette catégorie. Alors que, trop souvent,  on parle d’effondrement, en réalité la dalle a été inclinée dès l’origine. 

Les demi- dolmens d’Eure-et-Loir appelés « palets de Gargantua ».
Dans la région de Bonneval, -j’utilise la brochure d’Albert Sidoisne ,  Bonneval sur le Loir,, Bonneval, Edition du Syndicat d’initiative, 1965,64 p. -,je relève,  parmi les  demi- dolmens signalés comme tels, l’un, p . 55, près d’Alluyes, appelé le palet de Gargantua , l’ autre,  p. 57 près de Dangeau (la pierre dite du Breuil). .. J’ajouterai à Nottonville un autre pseudo -« demi –dolmen » appelé aussi Palet de Gargantua.
Même avec beaucoup d’imagination, on ne peut concevoir comment de tels menhirs, de forme plutôt conique, mais jamais plate ni ronde,  pourraient être des  palets , c’est-à-dire des   pierres rondes et plates, destinées à être  envoyée près d’un but.  Palet recouvre  bien évidemment quelque chose d’autre. Ce pourrait être  l’altération, par incompréhension, du nom rencontré à Minorque,  talati, double pousse d’orge.
D’où vient le nom de Gargantua ?
Gargantua vient probablement , par une série de métathèses tant vocaliques que consonantiques, de gorgoduina , donnant gargantu(i)a . C’est l’altération du nom de la déesse des Boïens (entre autres) Gorgobina ou  Gorgoduina, composé de gorgo et de dueina, terrible, donnant bina ou duina, la terrible Cérès. Gorgo ou Golgo, de g(ebe)lgoi,  est à rapprocher du nom de la jument divine, avatar de Cérès,  Göbekli en Turquie et  Gebelg-ol  sur l’îlot englouti près de Malte et göbelkl est parent du grec kobalos, en latin cavallus de kabalkos, qui nous a donné le français cheval. Or, par un phénomène de conservation très remarquable, c’est le même nom que nous retrouvons dans le nom d’un menhir en marteau de Minorque : Cavalleria, de Cavalk. Le nom de Cérès nous a laissé en Corse Cucuruzzu, nom d’un   site préhistorique fameux, qui vient  de cucur- osum, lieu consacré à Cérès, en Lozère. Cocurès   et  plus anciennement ,  en Turquie, le nom du  site néolithique de Gurcu-tepe, métathèse de , cucur-, le temple de Cérès .
La ville ancienne de Corbilo ,de Gor(go) bino ,  aujourd’hui Saint –Nazaire en Loire Atlantique, doit son nom à cette déesse des moissons, et ce n’est pas un hasard si c’est dans cette ville qu’on trouve ce qu’on appelle à tort un dolmen, en fait un trilithe ou lichaven, C’est , avec le trilithe du voisinage, à Saint-André- des- Eaux, dit le dolmen d’Avrillac,les seuls mégalithes identiques à ceux de Minorque (comme la taula Trencada,  à deux pousses d’orge représentées par les deux pieds du menhir et avec la dalle horizontale représentant la mort du blé) que j’ai trouvés en France, mais il peut en subsister d’autres , par exemple à Bonneval, op. cit. , p. 50 : à Bonneval, .à côté de Lormorice,  « un très beau polissoir, auprès duquel  trois énormes  dalles donnent l’impression d’un dolmen effondré » (disons plutôt d’un trilithe).
Lorsqu’on observe les menhirs en Turquie, aux Baléares et en France, on note  l’existence de deux vagues d’artistes : l’une, avec des pierres blanches sculptées et lissées (Turquie et Baléares), l’autre avec des pierres frustes, brutes, qui semblent ressortir à la pierre taillée et non plus à  la pierre polie  (la France).
3) Les menhirs jumelés.
Ailleurs, existe aussi le jumelage d’un second menhir éloigné de quelque trois mètres comme dans le Tarn, à Lacabarède, appelé , Les deux sœurs, deux menhirs  qu’on range parfois dans la catégorie disparate de ces statues –menhirs qui seraient une bonne trentaine dans le Tarn.
 « On trouve parfois, écrit F. Niel dans Dolmens et menhirs, 1977, P. U. F., collection  Que Sais-je ?  des menhirs jumelés, tels ceux de Penrhos Feilw  (île d’Anglesey, pays de Galles), de Cambrai, « Jean et Jeanne de Runello » à Belle-Isle , les « Causeurs » de l’île de Sein, ou les Pierres jumelles de Mont –Saint -Eloi (Pas-de-Calais) » .
A Bonneval, Sidoisne , op .  cit. , p. 50, localise ainsi les deux menhirs de l’Isle,  qui  sont situés à moins de 3 mètres environ l’un de l’autre, ou plutôt qui étaient ainsi situés, car l’un d’eux a été renversé :  « Ferme de Lormorice.   On arrive au bois de l’Isle (300 m.) ; on laisse à gauche, dans la pâture, un petit menhir,  et, entrant dans le bois, on aperçoit bientôt à gauche une clairière où se dresse un beau menhir ; à quelques mètres à gauche, perdu dans les ronces, autre menhir, mais renversé. » Pourquoi l’un des deux menhirs  a –t-il été volontairement renversé ? Il existait une superstition selon laquelle, un jour, les deux menhirs se rejoindraient, amenant  alors la fin du monde. Pour éviter cette éventualité terrible, des esprits superstitieux préférèrent prévenir l’événement en renversant le menhir associé à la mort du blé.  
comme le disait le Christ, si le grain ne meurt d’abord, il ne donne pas plusieurs fruit, mais s’il meurt, il donne plusieurs fruits.
4) Les  pierres- lyres, ou pierres en H  de Turquie,  comme les appelle K. Schmidt , et les menhirs troués .  
 
  
Par Ji-Elle — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19655106

Nombreuses sont les pierres trouées, avec deux demi-cercles  qui enserrent  un espace  vide et qui représentent deux pousses d’orge ou d’escourgeon. À remarquer qu’il demeure, le plus souvent, sous une forme ou sous une autre, une trace architecturale de la barre du sommet qui représentait le blé mort. Ainsi, sur la photo ci-dessus d’une  pierre- lyre  qui a été  transportée au Musée Branly, pesant  4 tonnes et  mesurant 2 mètres de haut,   la barre transversale qui joint les deux pieds du menhir est le  vestige de la dalle horizontale représentant le grain mort. A Malte (voir photo), on a une tel menhir de petite taille avec un trou carré, au-dessus du quel un sanglier (porcus) rappelle que le grain est au lieu des morts , au royaume d’Orcus. Schmidt préfère les appeler  pierre en H à Gobekli.   On en trouve aussi au nord de l’Ecosse,  dans les Orcades.
4) Certaines statues –menhirs.
Il existe de véritables statues –menhirs, qui représentent un homme, mais il ne faut pas les confondre avec des menhirs beaucoup plus frustes, pour lesquels  seul le sommet a été façonné de façon à se présenter de façon , distincte par rapport au reste du pilier. Cette marque  du bloc vertical était une façon de représenter l’ « orge  dormante » non plus avec une  dalle au sommet comme à  Gobekli et à Minorque , mais avec, en lieu et place de cette dalle, une sorte de tête  qui faisait partie intégrante du menhir et ne risquait pas de tomber .
5) Le cercle de menhirs en marteau  juxtaposés de façon quasi-continue, image du cycle indéfini des saisons. 
La disposition en cercle des menhirs, qui existait  déjà  à Göbekli,  est peut-être inspirée  des ces « ronds de sorcières » qui, en une nuit, apparaissent soudain sur les prairies et donnent une  preuve de la fécondité de la nature.  Ces « ronds de sorcières » produisent une impression de surnaturel, L’imagination populaire est  stupéfaite devant la régularité  du cercle et la soudaineté de son apparition, elle  y voit l’œuvre de fées ou de forces telluriques.
Quel était le but de la disposition circulaire des menhirs ? Il s’agissait de représenter le cycle de la mort et de la vie du grain, de sa mort provisoire en vue de sa de sa germination et de sa  renaissance. Le  cercle des menhirs  visait  à  imiter et à favoriser , par magie sympathique, non pas le cours du soleil dans le ciel, mais  l’indispensable  mort des grains durant la saison froide, puis  leur germination au printemps  ,  ensuite  leur mort à nouveau dans un cycle sans fin. Il existait parfois,  au centre du cercle, un  ou deux menhirs plus grands, les chefs d’orchestre divins qui représentaient,  non pas le soleil et la lune,  mais la déesse du blé  et sa fille ,respectivement  Cérès ou Dèmèter et  Proserpine ou  Perséphone  . Perséphone, représentante du  grain de blé mort et enterré, était  capable de fléchir son époux  Hadès ou Orcus   et de libérer des demeures  souterraines les grains morts comme de se  libérer elle-même des régions infernales au printemps. A Göbekli, Tepe,  il s’agissait   d’un « cromlech » où les menhirs en marteau, juxtaposés, sont prêts à se rejoindre comme ils le feront plus tard, vers  -2800,  à Stonehenge. Le second élément de Stone -henge  est, d’après celui qui fait autorité en la matière,  Christopher Chippindale dans son Stonehenge Complete, un mot signifiant en vieil anglais potence, gibet, savoir  hen (c) en, plus tard rapproché à tort,  dans l’a mentalité  populaire,  du nom courant  du dolmen, stone hung, pierre suspendue. Henge  serait en réalité apparenté  à phalang-, qui désigne le fléau de  la balance, le linteau au sommet du menhir, ce qui montre bien qu’il s’agit là des mêmes menhirs en marteau .


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