jeudi 14 novembre 2019


Version augmentée et corrigée en 2019 : Un chef-d’œuvre littéraire
méconnu, témoignage authentique sur le bagne, œuvre du faux-monnayeur Delfaut (anagramme Daufelt)
« De quel bord es--tu ? »
Matricule n°1275

On connaît la formule d’André-MarieAmpère : « Ne conforme pas tes idées à celles du monde si tu veux qu’elles soient conformes à  la vérité » .

Je suis tombé par hasard, chez un allié aux communards de Nouvelle-Calédonie, M. Limousin habitant  au Pont- des Français, sur un manuscrit écrit par un bagnard. Mais il ne voulait pas que ce manuscrit  datant de 1895, sorte de chez lui et  il ne voulait pas non plus que son nom apparaisse. Aussi, avec François Otonari, neveu du député de l’époque et avec le secrétaire de la mairie du Mont-Dore M. Heyman , il fallut que je lise sur un dictaphone le texte entier, puis que je demande à Madame Lecomte de le dactylographier gratuitement. F. Otonari était alors président du Kiwanis Club de Nouméa et  cherchait de l’argent pour les œuvres sociales du club. Je lui proposai d’éditer le texte en métropole (où cela était moins cher qu’à Nouméa) avec des illustrations photographiques que Otonari recueillit à Sydney auprès de la Mitchell Library, collection Hugan , 1878 environ. Nous décidâmes que l’argent irait au foyer de garçons de la Vallée du Tir, le Foyer Georges Dubois dédié à l’enfance abandonnée (ma mère était directrice du pendant féminin,  l’ « internat des filles »  auquel j’ai en vain proposé de donner le nom de Louise Michel, institutrice déportée en Calédonie). Je supprimai les noms des bagnards qui figuraient en toutes lettres, les remplaçant par de simples initiales, et caviardai les rares passages susceptibles d’offenser les Kanaks. C’est sous le titre Les damnés du Pacifique et sous le nom transparent de Daufelt que l’ouvrage parut en 1974, connaissant  deux  tirages.  
J appris que l’ouvrage avait déjà paru, sous son titre original, en 1919,  dans le Messager d’Alain Laubreaux, d’après un autre manuscrit, que Alain Laubreaux  connaissait grâce à Marie-Thérèse Levizac épouse de Henri- Louis Laubreaux et qui passa dans les mains de Marthe Levizac , épouse Nicolas Tiby Hagen, puis que  sa détentrice de l’époque, Madame Danton, née Hagen, tenait d’un avocat de ses parents, Guiraud de Levizac. Je le fis dactylographier également  et le tirai à 100 exemplaires dont je remis un exemplaire (disparu, semble-t-il) à la Bibliothèque Bernheim, dirigée alors par Madame H.Colombani.
Un 3e  manuscrit,  le plus tardif,  a été expédié par Delfaut sur la fin de ses jours  à Sydney à Florindo Paladini, le leader de l’extrême gauche communiste calédonienne, et il a été traduit en anglais et publié par François  Reichenbach : T. Delfaud, Story of the outcast, Histoire des réprouvés , 1943, Sydney, pendant la guerre, pour les militaires américains.
En 1976, dans la France Australe des 27, 28 et 29 septembre, je fis paraître un supplément, le marquis de La Furetière, extrait du second manuscrit, datant de 1896.
En 1985, le 1er décembre, aux éditions Grain de sable, un universitaire, François Bogliolo, suivit le texte du Messager , c’est-à-dire le manuscrit Danton –Hagen et  fit paraître le texte sous le titre Delfaut Daufelt, Nos criminels…le bagne en Nouvelle-Calédonie, mais il ne connaissait ni l’ouvrage de Maresca et de Lacourrège (ce qui n’était pas une perte) , ni le texte dactylographié dont  j’avais remis à Madame Colombani un exemplaire pour la Bibliothèque Bernheim qui semble bien avoir disparu des fonds publics.. En somme, je suis le seul à avoir publié le manuscrit Limousin  hérité ensuite parThierry Folcher,  puis remis aux Archives territoriales ).
Michel Soulard, aux éditions Humanis à Nouméa en juillet 2019 , a fait paraître une somme sur Delfaut en deux tomes :1) Au pays du crime, mémoires d’un forçat du bagne de Nouvelle-Calédonie, avec préface du spécialiste incontesté du bagne,  José –Louis Barbançon ; c’est une édition critique très sérieuse des deux  manuscrits conservés de Delfaut et de ses autres œuvres (poèmes, lettres à Zola, à la Ligue des Droits de l’Homme, etc .)
2) Le bagne et la plume, Entre légende et vérité : enquête sur le forçat Delfaut, très documentée, mais qui , à mes yeux, reflète trop le point de vue hostile de l’administration pénitentiaire .
En 1975,parurent Les nuits du bagne calédonien,  archives collectées  par Gérard Lacourrège et rédigées par Pierre Maresca, avec Philippe Godard et Luc Chevalier .
Pierre Maresca,  agent de police avant de trouver sa voie dans la politique de Lafleur (candidat battu aux législatives, il fut nommé  conseiller spécial du chef du gouvernement Frogier, pour le dédommager de n’avoir pas été élu) a dû remanier le texte et peut-être fausser les documents. Je pense qu’il désira m’attaquer indirectement (j’étais un élu de l’Union calédonienne à l’époque) à travers l’infortuné bagnard dont j’avais publié les mémoires.
Le livre brille par un tas de nombreuses inventions et exagérations (7000 exemplaires ! des Damnés , alors que l’édition dont je m’étais chargé comptait 1000 exemplaires et qu’il y en eut un second  de 1000 exemplaires également) et par le parti pris de salir tous les  bagnards et Delfaut en particulier en faisant de lui , par exemple, ce qui est proprement ignoble, l’inventeur d’un instrument de torture du bagne , les poucettes. Pourtant, dans l’enquête Ribourt de 1874, c’est Delfaut lui-même qui, interrogé, avait dénoncé aux enquêteurs ce supplice barbare : Au pays du crime, mémoires d’un forçat du bagne de Nouvelle-Calédonie, p . 272 (tome 1) : « Quand un, condamné refusait d’avouer ou de raconter les faits dont on le soupçonnait, on lui appliquait les poucettes avec une telle rigueur qu’un condamné du nom de Jouanny [Gioanni, un Italien,  voir tome 2, p.229,  matricule n°145), qui a subi le martinet en 1869 et mourra lépreux à Belep à la léproserie pénitentiaire en 1900] , qui existe au pénitencier [on peut donc l’interroger],  a eu trois doigts coupés  et qu’un autre condamné , le nommé Sibut [voir Baudoux, Expiation}, conserve encore  des traces de cet instrument (un pouce amputé,  selon le condamné Urbain dans l’enquête Artaud-Pons.) » A l’époque , l’auteur de ces lignes ,Delfaut , était l’ « écrivain » du surveillant- chef Lauzanne que, par loyauté,  il n’accuse pas auprès des enquêteurs , alors que c’est Lauzanne qui , sadiquement, appliquait les poucettes .Les avait-il inventées ? Delfaut ne l’affirme pas.Mais  Lauzanne accusera quand même Delfaut de l’avoir personnellement dénoncé  et lui en voudra à mort.
Au surplus, si l’on compare avec le Papillon  de Henri Charrière, l’exactitude est évidente car le « nègre «  qui rédigea et très bien cet autre  chef -d’œuvre n’a jamais mis les pieds ni en Guyane ni dans uin  bagne. Il s’agit de Max Gallo, l’auteur également d’un autre chef-d’œuvre Au nom de tous les miens où il ne faut pas chercher non  plus un  document à valeur historique, l’auteur étant né en 1940 !
Les Damnés  sont  un texte qui dénonce les atrocités de l’institution du bagne et du camp Brun et qui  raconte la création par Delfaut de la première et ancienne route Bourail –Houaïlou et du centre de Pouembout-Koniambo  ainsi que le coup de foudre ressenti par notre condamné lorsqu’il entend le très beau discours lyrique prononcé par le gouverneur Pallu de la Barrière à son arrivée en Nouvelle-Calédonie. Je n’ai malheureusement plus le texte qui avait paru dans les journaux de l’époque et se terminait par : « J’ouvre tout grand les portes du bagne. »
Pour cette œuvre de dénonciation d’une institution qui manquait son but, et
accessoirement de  réhabilitation personnelle, il va de soi que Delfaut ne fera pas comme le colonel Delfaut de passage à Nouméa  vers 1980 qui n’hésita pas, face à la presse,  à se réclamer de sa parenté avec l’illustre  condamné, ni ne citera son cousin germain, bagnard en Guyane ,  Pierre Delfaud, né le 12 avril 1852 à Belves, arrondissement de Sarlat, fils de Pierre Delfaud et de Jeanne Gendrel,
condamnné à Lyon pour fabrication de fausse monnaie italienne commise en juin et juillet 1889, et libéré le 2 mars 1897,  mais décédé le 7 mai 1891 au Maroni en Guyane. En effet, ce qui importe dans son œuvre, c’est ce qu’il a fait « à la  Nouvelle » , il ne faut pas le juger sur sa parenté qu’il a présentée de façon fantasmée et avantageuse.
Généalogie de Jean-Baptiste Delfaut.
Le nom de Delfaut (et quelle que soit l’orthographe, avec ou sans t ou d) vient d’un pluriel  latin , de illis fagis , celui qui habite près de hêtres , au singulier Dufau ( de de illo fago)  fagus en latin signifiant le hêtre et donnant  en ancien français faus noté fauz, puis fauts et faut ou faud ), l[le Puy du ] fou ,[Le] fol, fée,fay,  ou avec un suffixe fayard , fayolle, (du)fayet. Les Delfaut au XII e siècle habitaient probablement le hameau de la Favède (du bas latin fagitas , hêtraie) à Turenne en Corrèze
Notre condamné est arrivé par le Fleurus en Nouvelle-Calédonie, aux débuts du bagne en 1867, matricules 1275, puis  239, enfin  12403.Il fut en effet condamné sur le territoire à nouveau,  en 1874 et en 1881 .
Les faits bien établis.
Il était né dans une famille nombreuse. à Turenne en Corrèze, arrondissement de Brive , le 28 juillet 1839, acte N°49,  et mourut à l’hospice de l’île Nou , le 24 octobre 1918 (dernier renseignement aimablement fourni par Madame Rose-May Cuer) . .
Voici son signalement :1,63 mètre, yeux verts, nez régulier ,bouche moyenne, menton rond, visage ovale, cheveux, sourcils et barbe châtains, teint coloré, taches de  rousseur, traces de vaccin aux deux bras.
Il affirme avoir été l’aîné des garçons, avec dix   frères et sœurs et avait bénéficié d’une excellente instruction au collège des jésuites de Sarlat-la Canéda, en Dordogne, jusqu’en classe de première, un petit séminaire sur lequel on peut consulter le livre de M . -M. Compère et de Dominique Julia, son époux, qui fut membre de mon jury dc thèse,  Les collèges français, répertoire, tome 2 France du midi, Paris, CNRS, 1984, 760 p.
Pourquoi ne nomme-t-il jamais le  collège de  Sarlat ? Parce que celui-ci avait pour martyr et pour « saint » un Guillaume  Delfaut , jésuite, vicaire général de Sarlat, né à Daglan (arrondissement de   Sarlat-la- Canéda en  Dordogne ) le 5 avril   1733, massacré sous  la Révolution le 2 septembre 1792 à la prison des Carmes à Paris. .
Un autre illustre parent : le baron  Delfau de Belfort
Delfaut prit en Algérie, op .  cit., tome 1, p.  57, l’identité d’un comte de Belfort Lebrun, par un malicieux clin d’œil à la famille Delfaut . A Châteaudun existe une rue , la rue Belfort , en l’honneur du sous-préfet de ce nom, latiniste éminent  qui fit paraître un recueil des archives hospitalières de Châteaudun en latin (sans traduction).Il s’agit du baron Delfaut de Belfort (le Belfort du Quercy), près de Cahors), issu de François –Louis Delfau de Belfort, issu lui-même de Jean-Jacques Delfau,  baron de Roquefort (1702-1782) dans la région  de Figeac. Au XVIII e siècle, une branche créole (Louisiane et Saint-Domingue) s’est formée à partir de la ville d’Albas près de Cahors, sous le  nom de Delfaut de Pontalba.

D’autres parents présentés orgueilleusement par l’infortuné bagnard comme des frères.
Delfaut  nous indique qu’un de ses frères a fait  des études à l’école de médecine, entendons d’officier de santé , un autre à l’école navale, le 3e à l’école de droit (huissier).
Deux mots sur la profession paternelle .Son fils écrit qu’il a dû vendre l’étude d’avoué de son père : il anobli le métier paternel  , s’ identifiant  à celui-ci, à une époque  où lui-même  était en relation et espérait beaucoup de l’étude d’avoué de Guiraud de Levizac, : il voyait un protecteur paternel en celui-ci, à qui il remit un manuscrit des Damnés.

L.a révocation de son bon emploi de comptable à la Compagnie des Chemins de fer du Midi (1857-1862) .
 Le 3 septembre 1862, alors que Delfaut est devenu   fusilier  au 31e régiment d’infanterie, 2e portion du contingent, il est condamné à 2 mois d’emprisonnement  pour vol  à l’encontre de son beau-frère Métayer  au détriment de son employeur, l’économat de la Compagnie des Chemins de fer, ce qui lui vaut la révocation immédiate,  Son protecteur Saige n’est plus là pour le sauver . Or, sa perte d’emploi entraîne chez lui une profonde dépression . Comment dans ses Mémoires un peu romancés expliquer cet acte inqualifiable qui lui a valu la mesure en cause ? C’est là qu’il songe à la politique et fait intervenir , au mépris de la chronologie , celui qu’il nomme à tort son père et qui est  pêuit-être son grand-oncle ,Hilaire  Delfaut , un tailleur d’habits arrêté en 1852 , afin  de rendre plausible son coup de sang et ses imprudences vis-à-vis de Napoléion III à Bordeaux, de passage aux bureaux de la Compagnie, alors que l’Empereur se rend à Biarritz en juillet-août 1854 : Manuscrit Hagen, Au pays du crime, tome 1, p.38 : « il contemplait d’un oeil triste l’homme néfaste qui avait occasionné la mort de son père (le déporté, son grand-oncle ).Il fut remarqué par quelques agents mêlés à la foule, qui lui demandèrent les motifs de son silence et de sa morosité. Indigné de ces questions, cédant à une irritation bien compréhensible  , il répondit que , loin d’acclamer l’homme sinistre qu’il avait sous les yeux, il voudrait pouvoir l’anéantir. Il n’en fallut pas davantage  pour le faire appréhender au corps et le faire mettre en état d’arrestation.  . . ..Il fut arrêté  [et] sitôt révoqué. »
Ou bien , dans le manuscrit Limousin : « Napoléon III « s’arrêta devant lui en visitant  les installations récentes  des bureaux.Le voyant si jeune (il était né le 27 juillet 1839, il aurait eu , en juillet 1854 , 15 ans),  il lui adresa la parole ; ce fut sa perte (celle de Delfaut), car il lui répondit par un sanglant outrage qui le fit révoquer sur l’heure .  »
Le déporté républicain socialiste  Hilaire Delfaut.
Le «  père »  de notre  Delfaut était, nous dit-il, un républicain socialiste  déporté en Polynésie française à Nouka Hiva pour sa participation aux journées républicaines de Sauveterre –de -Rouergue près de Rodez contre le coup d’Etat du 2-décembre 1851.
J’avais  écrit à Nouka Hiva pour vérifier s’il n’existait pas un déporté du nom de Delfaut, mais la commune marquisienne n’a de registres d’état civil que depuis 1865 ; j’ai donc écrit ensuite au service territorial des archives de Polynésie , en vain  Il n’y eut guère plus de trois déportés en Polynésie en réalité, selon José Barbançon, mais la presse fit beaucoup de bruit autour de ces consonances barbares.
 Selon le Maîtron, consulté en ligne (maitron-en- ligne.univ-paris1.fr), Dictionnaire du mouvement ouvrier, tome 1, j’ai trouvé  un Delfau Hilaire, tailleur d’habits comme souvent dans la famille.  Les sources du Maîtron sont les Archives départementales de l’Aveyron, les Minutes des procès des résistants au  coup d’Etat du 2 décembre 1851, notes de J.-M. Cosson. Le Maitron écrit : « Il fut condamné à l’Algérie Moins, », ce qui
signifie que pendant cinq ans il avait la liberté de résider dans une ville déterminée, en résidence forcée et surveillée, tandis que Algérie plus signifie : pendant dix ans, détention dans un camp ou un fort (Lambessa, Douéra, Bône, Fort Saint-Grégoire à Oran).
Ma femme a retrouvé l’ acte de mariage du grand-père de Delfaut , Jean Delfaut,  né le 14 novembre 1781, marié avec Mondane (prénommée ainsi en l’honneur de sainte Mondane,mère de saint Sacerdos,  massacrée par les Vandales  en 722 et qui a laissé son nom à des communes du Périgord et de Dordogne) Tassain,  née en 1784 à Sarlat et décédée le 4 février 1865 à 84 ans à Sarlat.
 La fréquence des mêmes prénoms et le grand  nombre de Delfaut dans cette région, celui par exemple de plusieurs Hilaire Delfaut à Montézic, incite à la plus grande prudence dans l’établissemlent  des parentés. Sopus toutes reéserves donc, le grand-père de Delfaut avait un frère ,  un Jean-François Delfaut ,né le 23.05.1806, acte 18, à Saint-Geniez d’Olt, huisser, père du futur déporté en Algérie,  Hilaire Delfaut, tailleur d’habit,  né à   Saint-Geniez-d’Olt    le 7 janvier 1812.de Rose Soulages et de Jean-François Delfaut, huissier au tribunal de commerce.   Jean-François Delfaut serait ainsi  le grand-oncle du bagnard  et il est  en tout cas le père du déporté politique. Le déporté  est donc, non pas le  père de notre Delfaut , mais le fils de son grand-oncle. De plus,  Napoléon III l’a très vite  gracié,  dès  1852, si bien qu’il pouvait revenir dès 1853 de la ville algérienne qu’il avait choisie, Constantine.
N* d’ordre 8554, dossier n°2 : il était marié et habitait la commune du  Monastère, près de Rodez dans l’Aveyron. C’était l’un des principaux meneurs du parti socialiste au Monastère. Il  a été vu en rapport avec les bandes armées de Sauveterre-de-Rouergue (Aveyron , près de Rodez) et ,  dans la matinée du 5, il réglait lui-même leurs dépenses dans les auberges du Monastère.A parcouru les campagnes pour fomenter l‘insurrection.Il aparaît certain qu’il a passé une partie des journées du 3  et du 4 à parcourir les campagnes pour  y fomenter l’insurrection.
Grâce accoprdée  par Napoléon III : surveillance le 28/12/1852


Ar chives nationalese f/7/*2590 ; dossier de grâce BB/22/143/2

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Quelques repères chronologiques : la présence en métropole , en Algérie et en Calédonie   de Delfaut établie indiscutablement par les condamnations encourues.
Collège de Sarlat
1854, sa mère meurt à Bordeaux à l’Hôtel-Dieu
1 Bordeaux , le 13 février 1856,  un an de prison ;
2 Bordeaux, 18 juin 1858,  condamnation à 13 mois ;
3 Sarlat, le 14 mars 1857, un an contre Jean –Baptiste Delfaud , dit Martineau, dit Alphonse  , 17 ans, habitant Bordeaux et arrtêté à Domme ;
dit avoir trouvé un emploi de comptable à la Compagnie des Chemins de fer du Midi , 13 mois d’emprisonnement;
4 Bordeaux, 1e  décembre 1859, 2 ans de prison.  
Héritage de Jean –Baptiste Auguste Delfaut, né le 22 octobre 1813, à Sarlat,  mort le 15  jullet 1860 à Sarlat,   tailleur d’habit, 47 ans ,
Service militaire le 1er octobre 1861, entré au service du
1er régiment de ligne à Montpellier, arrivé au corps le 6 décembre 1861, renvoyé dans ses foyers le 6 avril 1862,  comme appartenant à la 2e portion du contingent de la classe 1860 de la Gironde (de là sa déclaration de naissance  le 27 juillet 1840 , afin de pouvoir  joindre cette classe et de pouvoir  entrer sous les drapeaux , alors qu’il était né en réalité à Turenne en Corrèze, arrondissement de Brive , le 28 juillet 1839, acte N°49 ) ;
5) la 2e portion de la classe est rappelée : le voilà ,  le 3 septembre 1862,  fusilier  au 31e régiment d’infanterie, 2e portion du contingent ;  
Bordeaux , habite la Bastide, commet un vol  à l’encontre de son beau-frère Métayer  au détriment de l’économat de la Compagnie des Chemins de fer, ce qui lui vaut la révocation, de son emploi  à cette compagnie (Saige n’est plus là pour le protéger) :  2 mois d’emprisonnement ;
6) Bordeaux , 19 novembre 1862, 5 ans de prison.
7) 1862 -1865 : Algérie
Mort de Saige (encore vivant en 1857  et avant 1862, et de Rose_Marie  Delfaut en 1864 ,  1865  ou 1866 , vers avril (et non en 1861, comme l’indique Delfaut) : une lettre de son « frère » , savoir Marin Delfau, , l’enfant naturel de Saige et de Rose Delfau , qu’il appelle son frère parce qu’il est le fils de Saige comme lui-même dans ses  fantasmes se considère comme le fils de cet homme honorable. Embarque d’Alger le 15 mars 1866 pour Marseille avec un sauf-conduit de 3 mois (fabriqué par lui, voir la condamnation par la cour d’assises d’Alger, 23 mai 1867) et arrive 15 jours après la mort de Rose , en avril 1865 (mais où meurt-elle ?)

7)Condamnation à Alger le 20 janvier 1865 à 3 ans pour dissipation d’effets
 le 4 avril 1865 à 5 ans ;
8) le 26 septembre 1865 à 2 ans de prison ;
9)1er conseil de guerre d’Alger 13 mars 1866, 6 ans de réclusion pour faux en écritures privées, et usage de pièces fausses, contrefaçon de timbres de bureaux de poste et de cachets de mairie,  avec usage des dits timbres et cachets, fabrication d’un faux sauf conduit dans le but de se soustraire à l’autorité, et dissipation d’effets à  lui remis pour le service. Dégradé le 7 août 1866
10) Condamné par la Cour d’Assises d’Alger le 23 mai 1867 à 20 ans de travaux forcés pour association de malfaiteurs [avec le Corse Quenza, condamné à la même peine], faux et usage de faux.
Arrive à Nouméa le 3 août 1867
 5 mars 1871 , mort de son père à Bordeaux à l’hôpital.

11) Condamné en Nouvelle-Calédonie à 40 ans le 14 juillet 1874 pour le meurtre du correcteur  Embarek Mohamed ben Azoun, qui selon le communard Allemane dans ses Mémoires (1977, p .55 ) «  avait moitié assommé [Delfaut  lequel  s’était ] plaint, mais avait été renvoyé sur les travaux. »
12) Condamné le 29 juillet 1881 à 10 ans  pour évasion et fabrication d’un faux laissez-passer ;
13) 9 mars 1906, 3 mois de prison pour infraction à l’interdiction de séjour.
14) 2 avril 1906, ; 1 an de prison pour infraction à l’interdiction de séjour
15) 21 octobre 1910  complicité de vol par recel.

Un  sondage dans les Mémoires pour vérifier l’existence des événements auxquels Delfaut fait référence : l’héritage de l’oncle.
1854, sa mère meurt à Bordeaux à l’Hôtel-Dieu
5 mars 1871 , mort de son père à Bordeaux à l’hôpital.
L’héritage de l’oncle en 1864
Un fait bien établi  cité par Delfaut , Au pays du crime, p.39 :
« Le notaire oublié de sa faémille, vint lui apprendre qu’un de ses oncles, mort sans héritier, riche propriétaire de la Dordogne, touché de sa malheureuse condition, l’avait institué son légataire universel… ;La liquidation de cet héritage fut rapide.Un conseil de famille décida que les pauvres orphelins seraient placés dans diverses maisons d’éducation. Seul l’aîné (des garçons, Daufelt) resta libre de se choisir un état. Trois ans s’écoulèrent , pendant lesquels ses frères furent admis, l’un à l’école de médecine, le second à l’école navale (allusion humoristique  à Marin Delfaut, l’enfant naturel de Saige et de Marie-Rose Delfaut) et le dernier à l’école de droit.» . Pour le premier, il fait allusion à un officier de santé  Jean-François Delfaut à Montézic, près de Rodez dans l’Aveyron , dont la fille est Rose Delfaut, 55 ans, née en 1807, épouse de François Rouquette  , mort à Montézic le 3 janvier 1865 .
Pour l’huissier, il vise un  autre Jean-François Delfaut , huisser, père de Hilaire Delfaut, tailleur d’habit,  né à   Saint-Geniez-d’Olt    le 7 janvier 1812, le futur déporté en Algérie..

On est  en 1864. Il s’agit de son oncle qui voulut honorer son filleul qui portait les mêmes prénoms de Jean-Baptiste Auguste  que lui, son parrain, savoir Jean –Baptiste Auguste Delfaut, né le 22 octobre 1813, à Sarlat,  mort le 15  jullet 1860 à Sarlat,   tailleur d’habit, 47 ans , époux de Rosalie Augustine Hébert. Mais Daufelt nous parle de sa première mauvaise action qu’il ne précise pas ; mais nous pouvons présumer qu’il s’agit de l’usurpation de  l’identité de son frère pour percevoir indûment l’héritage, , ce qui lui était facile puisqu’il s’appelait lui aussi Jean-Baptiste, mais sans Auguste.


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Un bagnard comme Delfauit peut avoir le sens de l’honneur familial et désirer ne pas révéler la raison pour laquelle l’ingénieur Saige, qui en juin 1857 est  Ingénieur en chef du matériel et de la traction des chemins de fer du Midi à Bordeaux lui a apporté sa protection, savoir sa liaison avec la sœur aînée de Delfaut, Marie-(Rose), une fille mère qui avait eu de lui un enfant naturel, un bâtard comme on, disait alors, Marin Delfaut. Telle me sermble devoir être le motif de l’ombre dont il a entouré la mort de Marie, sans donner de lieu et en indiquant une date qui ne peut être que fausse : 1861.
Les hypothèses ; le protecteur Saige, imago paternelle, amant de Marie Delfaut sa sœur aînée.
Le protecteur de Delfaut appartient, à l’illustre famille Saige de Bordeaux .  Elle a fourni, un siècle après Montaigne et avant Chaban-Delmas et Juppé, un noble,le  baron Saige de Beautiran, seigneur de Bonoas, Ducasse, etc., né le 20 février 1734 à Bordeaux où il est exécuté le 2 brumaire an II (23 octobre 1793. Il fut trois fois élu maire de Bordeaux et  guillotiné sous la Révolution, Il s’agissait de   François-Armand Saige (1734-1793), marié  avec une de Verthamon, d’où Jean –Baptiste Saige (1815-1887)  , marié avec Catherine Marie Adrienne Laville,
Il a un frère , Alphonse ( ?) Saige , qui est un ingénieur en poste à la Compagnie du chemin de fer du Midi .
 Paul Saige, autre ingénieur des chemins de fer,  ne peut être  le protecteujr de Delfaut, non plus que  son fils Gustave, ,tous les deux étant encore vivants en 1872 ,  ce dernier à Monaco.
Alphonse Saige, marié , avait une liaison adultère avec la sœur aînée de Delfaut, Marie , et paya les études de jean-Baptiste au prestigieux collège jésuite de  Sarlat, plaça toute la famille dans les chemins de fer , l’attirant à Bordeaux et dans ses environs. Ainsi ,trouve-t-on à la Bastide , quartier des cheminots de Bordeaux, non seulement J. B.  Delfaut lui-même, mais   une de ses sœurs ,  une autre Marie,  mariée avec  Jean Métayer, employé des Chemins de fer du Nord, ; on a encore le décès de la mère de Delfaut à l’Hôtel-Dieu de Bordeaux le 28 octobre 1854, acte 1520 du 28 octobre1854, section 3 -1871 Décès 3E252  (Delfaut y est présent) et le décès de son père André  le 5 mars 1871 à l’Hôpital Saint-André de Bordeaux, acte 657 du 6 mars 1871, section I, 1854 Décès  3 E1499.
 C’est bien  lui  qui  paie les études de Jean-Baptiste et de ses frères au petit séminaire de Sarlat jusqu’en classe de première pour Jean-Baptiste . En tout cas, c’est lui  qui   le fait entrer comme archiviste ou comptable  à Bordeaux dans la Compagnie des Chemins de fer du Midi. Mais « M. Saige, écrit Delfaut, p. 6, Les damnés…   mon vénéré maître, mourut subitement d’une attaque d’apoplexie . Ce nouveau malheur…sembla un instant l’abattre. Rien ne pouvait le consoler de cette perte, qui fut en effet irréparable pour lui, comme on le verra par la suite.  Un pressentiment secret semblait l’avertir que la perte de ce second père devait fatalement faire dévier sa destinée. » Il nous parle, op . cit., p. 6,  de «   cet ingénieur distingué qui l’aimait comme son fils ».
Nous n’avons pas trouvé la mort de Saige,même si nous pensons qu’elle a dû se situer avant la révocation , avant 1862 par conséquent, et après 1857,  date de l’embauche de Delfaut , selon ses dires, à la Compagnie des Chemins de fer.
Delfaut nous dit  que son frère , savoir Marin Delfaut,  l’enfant naturel de Saige et de Rose Delfaut , qu’il appelle son frère parce qu’il est le fils de Saige comme lui-même , dans ses  fantasmes,  se considère comme le fils de cet homme honorable, lui écrit  que sa soeur aînée , mourante, désire le voir à son chevet.Il est alors au Maghreb et interdit de séjour en métropole. La prudence lui conseillerait de  se dérober ; mais qu’à cela ne tienne ! Delfaut se forge un sauf conduit pour trois mois   pour lequel il sera condamné à Alger,  voir la condamnation par la cour d’assises d’Alger du  23 mai 1867. Il réussit à embarquer d’Alger le 15 mars 1865 pour Marseille et arrive 15 jours après la mort de Rose , en avril 1865 (mais où meurt-elle ?).  


La parentèle.

Ma femme a  retrouvé la naissance des enfants du grand-père de Delfaut  tous nés à Sarlat :
Jean-Baptiste, né le 29 vendémiaire an XII,
Pauline, née an XIII,
Jean, le 8.03.1807,
André le 03.12-1808, père de notre Delfaut,
Marguerite, née le 20.09 .1811 , épouse Delbos, décédée le 23 juin 1876.
Jean –Baptiste Auguste Delfaud, né le 22 octobre 1813, à Sarlat,  mort le 15  jullet 1860 à Sarlat,   1812, tailleur d’habit, 47 ans , époux de Rosalie Augustine Hébert, l’oncle à héritage ;
Un 2e Delfaut Jean, le 26.03 .1816, tailleur de pierre :  un enfant mort le 7 novembre 1847,
Charlotte , le 13, 11-1818, épouse Ma rlas, morte le 9 janvier 1899.
Pierre Alfred, le 15.06.1821.
Le grand-père lui-même était le fils de Jean  Delfaut marié avec Jeanne Gautier, et son épouse était la fille de Pierre  Tassain et de Jeanne Veyssière.


Les frères et  sœurs: 6 au moins.
1Ma femme a  trouvé  la naissance de la  sœur aînée de notre Delfaut, Marie (Rose) Delfaud le 7 mai 1833, acte n°43 de Sarlat ;  
2-la naissance d’une Anne le 10 mars 1834 ;  
3 une seconde Marie le 22 janvier 1837 à Turenne (avec pour marraine la 1ère , d’où son prénom), plus tard veuve de Jean Métayer, remariée avec Alphonse Boitel à Paris ;
4- notre Jean-Baptiste , l’aîné des garçons, né le 27 juillet 1839 à Turenne ;
5 la naissance de Louis Théodore Delfaut  le 8 janvier 1841 à Turenne,
 6- la naissance d’un second Jean-Batiste Auguste Delfaud, le 10 janvier 1843 à Turenne toujours. Dans son  acte de mariage, son père est domicilié à Saint-Sulpice d’Izon.
Le prénom Jean –Baptiste  dans la famille.
Son père l’appellera Jean-Baptiste du prénom de son  grand-père paternel   et du prénom de son cousin, né vers la même date, le 01 février 1834 à Graissac près de Rodez, fils de Jean Baptiste Delfau et de Julie  Marie -Jeanne Doumergue qui avait 21 ans lors de son mariage à Cantoin , La Bastide, près de Rodez ,dans l’Aveyron le 23 janvier 1831.
Une anagramme révélatrice de Delfaut:  Alphonse, prénom  dans lequel il y a certaines lettres de Delfaut, savoir ALF (ph) O (O, phonétiquement comme AU ) E.





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J’avais demandé à un Calédonien professeur d’histoire , Louis- José Barbançon,qui devait se rendre à Aix, de vérifier aux Archives d’Aix ce qui était cité dans l’ouvrage de Maresca et qui visait à faire de Delfaut un indic et un tortionnaire au mépris , me semblait-il, de la vérité historique. Quand il revint en Nouvelle-Calédonie, il m’indiqua que les archives citées avaient été truquées  par des individus qui se sont dit : « Bah ! Un bagnard ! Ce  n’est pas grave ! » (cf le bulletin de la SEHNC, n°52, 3e trim. 1982 :  Colonisation, histoire et engagement, où je m’exprimais de façon à éviter une  censure politique) ,).  Fort de ce que L.-J. Barbançon m’avait appris, je fis d’ailleurs,  en  présence de l’un des auteurs, Maresca,  au Kiwani’s, une mise au point à laquelle il ne répondit pas, faute d’arguments. Le Kiwani’s club de Nouméa dont F.  Otonari avait été le créateur et le président avait changé d’esprit et lui était devenu favorable. 
Tout le reste de l’ouvrage de P. Maresca  est de la même farine : ainsi, comme je m’entretenais sur tout autre sujet   avec ma voisine Madame D. Ignatieff, celle-ci me fit part de son indignation à la lecture de l’ouvrage en cause lorsqu’elle y apprit que sa parente, Madame Duhamel, épouse d’un surveillant au pénitencier de Teremba, était  une femme à la cuisse légère, alors qu’elle était particulièrement sévère et de mœurs parfaitement honnêtes.
Bien plus tard, parlant avec un professeur agrégé d’anglais, Thierry Folcher, j’appris qu’il avait hérité par sa femme du manuscrit Limousin que j’avais suivi et qu’après avoir lu le tissu de mensonges de Lacourrège et de Maresca il eut la tentation de brûler le manuscrit comme écrit par un bagnard mythomane. La réaction est typique de certains  « Calédoniens ».
L’absence de preuves et le doute, surtout pour des petits détails sans importance de sa biographie, doivent toujours profiter à l’accusé Pour moi, Delfaut est un homme qui vaut n’importe quel autre , pour reprendre les mots de Sartre à la fin des Mots.































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