samedi 30 mai 2020

Nouveaux détails sur les assassinats de mes grands-parents en 1917.


 Nouveaux détails  sur les assassinats  de mes grands-parents en 1917.

 J’ai commis un blog précédent sur le sujet :
UNE CONSPIRATION EUROPÉENNE APPUYÉE SUR DES RIVALITÉS INTERTRIBALES DANS LE NORD DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE,par le dernier descendant des colons massacrés, Paul--François Griscelli, ou comment mes grands-parents ont été mangés par le chef Noël et par son frère Poigny .
Est-ce les tribus de tendance catholique comme celles de Kavéat qui sont les rebelles, ou plutôt les protestants du chef  Néa , du chef Noël, de son frère Poigny et de leurs hommes ? Kavéat , lui qui fut assassiné, pour éviter qu’il n e parle, n’est-il pas plutôt innocent et victime, tandis que des coupables comme Néa sont innocentés par la justice ?
Aujourd’hui que tout le monde est mort et que j’ai moi-même 80 ans, je veux, « sans colère et sans haine, comme Moïse le rocher »  frapper à nouveau les faux historiens et révéler divers éléments.
J’avais eu connaissance par une journaliste métropolitaine (elle avait enregistré ses propos et me donna la bande magnétique), savoir  Edouard Normandon de Ouégoa, ami de Mézière  (de Ouégoa aussi ) et apparenté aux Leroi-Nakamura de Pam-Pondelaï près de Ouégoa – marié à une autochtone Pouye ou Poye de Ponérihouen .Ils mettaient en cause le lépreux Louis Delhumeau, un métis de Oué Hava agissant sur ordre de Néa Kiolet  Galet ( de la tribu de Ouanach protestante) et qui fut plus tard banni de la tribu de Oué Hava.
 Ma mère, que je questionnai sans pitié et je le regrette aujourd’hui,  m’a raconté comment son père tomba à Oué Hava dans un traquenard :  de bonne heure , il fut  attiré hors de sa maison par un homme de Oué Hava,un métis qu’il connaissait bien et agissant par racisme antiblancet par jalousie aussi ne prit-il pas son fusil, ce qui fut fatal sa femme et à lui-même ainsi qu’au Javanais qu’il employait . Ce fut   le seul de cette  tribu qui ait  pris le parti des rebelles et qui, étant   le traître de la tribu de Oué Hava , chercha à incriminer faussement sa patrie et à attirer sur elle les représailles de l’armée par une sordide mise en scène, ce qu’il paya plus tard par une sentence d’exil. Mon grand-père avait confiance en lui et à Pierre, au point qu’il avait demandé  à ce lépreux de témoigner sur l’acte de naissance de ma mère Marguerite Grassin, le 3 novembre 1907, de concert avec un colon voisin (Jauneau),  Louis Dehumeau. Dès  que mon grand-père l’eut reconnu et se fut ’avancé   sans méfiance, une balle l’atteignit et tous les rebelles « protestants » ( !) de l’autre côté de la chaîne, de Koniambo , se débusquèrent.
 On  trouve un Pierre Delhumeau,celui qui est arrivé en Calédonie avec son père,  employé de Petijean-Laborderie en 1907,   vendant à Petitjean le lot 13 bis de 5 hectares 83 centiares dans  la Haute Tipindjé, à Oué Hava. .Il est marié à Iké Démou, soeur du petit chef de Oué Hava, marié lui-même à une Wimanick., d’où leur fils Léon. Il est concubin de Pouapoué Thiéou, d’où Louis et Henri, reconnus par lui. citons encore Kalène, beau- frère  de Kavéat (donc il avait épousé une de ses soeurs)Sans m’attarder sur la généalogie  des Delhumeau, ceux-ci, originaires d’Oléron, arrivèrent avec leur fils  Pierre (-Félix), né à Saint-Georges d’Oléron le 23 juin 1856 , fils de Félix Delhumeau (né le 30 octobre  1827à Saint-Georges d’Oléron, fils de Pierre Delhumeau, 66 ans, cultivateur, au lieu-dit Chaucre de cette commune et de feue Elisabeth Courrier, marié à  Saint-Georges le 21 juin 1853 avec Mélanie Savis, Pierre Delhumeau  était le père de Louis qui nous intéresse ici , de Henri et de Léon, demi-frères. Acte de naissance à Touho le 17 mars1904 de  Léon Delhumeau  , fils de Pierre Delhumeau et de Iké Démou (sœur su chef de Oué Hava). Le 27 septembre 1904, à Touho, mariage de Pierre et de Iké Démou et reconnaissance de Léon.  
Les parents Delhumeau et leur fils Pierre débarquent dès le 27/12/1865  en Calédonie, attirés par ler chimérique espoir d’un pseudo-phalanstère , à Yaté, mais le phalanstère échoue lamentablement ; toutefois, ils restent sur place , à Ounia.
La mère de Pierre, Mélanie Théotiste (altération, du grec Théotimétite, ce lle qui honore Dieu) Savis, née le 12 mars 1836 à Saint-Georges d’Oléron, fille de Philippe Savis, 41 ans, cultivateur au lieu-dit Les Sables-(Boisseau dans la commune) et de Marie Boisseau,49 ans,  a abandonné son mari , pour un métis mélanésien , dont elle eut des enfants, en particulier  Victorine  Delhumeau, acte 99 bis, le 10/11/ 1877, par jugement du 29/08/1879, acte 71, à Nouméa. Victorine Delhumeau  fut l’épouse d’un   chef de Ounia, appelé Terebo.
A Yaté, toute la tribu d’Ounia se dit apparentée.
La généalogie est compliquée et souvent obscure, à mes yeux du moins ;Nombreuses sont les morts violentes et peu claires  dans cette famille : de l’ancêtre Félix à Ounia  à leur fils Pierre Delhumeau , né à Saint-Georges d’Oléron le 23 juin 1856, passeur du bac de Hienghène le 2 janvier 2010 et père de Louis le futur lépreux  et de Henri, d’une concubine originaire de Oué Hava, et de Léon issu de sa femme légitime, Iké Démou, sœur du chef de Oué Hava, , Rappelons que , à Ounia, ont été déportés en 1878  les partisans et derniers descendants d’Ataï   et ce sont les adversaires de ceux-ci, liés aux Canala, qui ont mis fin aux jours de Félix .
De là la mention de La Foa (Ataï) comme source du second article qui prélude aux événements dans le Bulletin du Commerce : « Suivit un autre article, daté du 15 février 1917 et localisé à La Foa, mais émanant du même auteur que celui, émanant de Hienghène : «  Retrouverons-nous  nos caféeries et nos cultures si nous revenons [du front] ? Nous sommes prêts à faire notre devoir, comme nos frères qui sont au front. Mais il est vrai que l’administration n’a pas exposé (au gouvernement de la métropole], sous son véritable aspect,  la situation. »Rappelons que les lépreux comme Louis Delhumeau sont exemptés de service militaire…
La famille Delhumeau s’exile ensuite aux Poyes , participant aux troubles dits des Poyes et se mariant avec des filles de Oué Hava, notamment avec la soeur du chef Tiéou.

Mais en 1923, après le  retour dans sa tribu du chef Tiéou exilé  à l’île des Pins avant les troubles de 1917,  les Delhumeau sont chassés de Oué Hava  et se réfugient vers 1920-1922  (Henri Delhumeau, ; qui est du voyage avec Léon, , Kalène et Iké Démou, ,  est encore témoin au mariage à Touho  d’une métisse bPetitjean1920) sur l’îlot Balabio au nord de la Calédonie, où leur ami Mézières de Ouégoa les a exfiltrés dans son bateau. C’est de Mézières que Edouard Normandon tenait ses  renseignements sur  le rôle méconnu du lépreux Delhumeau dans les événements et la raison du bannissement de toute la famille y compris Iké, par  la tribu de Oué Hava , pour avoir pris parti contre la tribu de Oué Hava, avoir essayé de la compromettre et  pour avoir en fin de compte assassiné le grand chef Kavéat, pourtant parent de Iké.


L’assassinat du frère de Nöel ,  Poigny,  par le conscrit Josiah Winchester .
C’est à Tiouandé, le long de la rivière, que bivouaquaient en 1919 sur la propriété Ragot l’armée et ses prisonniers. L’armée se garda d’interroger ceux-ci et notamment les plus responsables. Un conscrit du nom de Josiah Winchester (fils de Flora , fille d’ Alexandre Winchester,  né le 07.08.1813 en Ecosse , domicilié à l’îlot Mouaccapitaine au long cours,  colon, décédé à Ouégoa, îlot Mouac , le 2l 10.1876 et d’une tahitienne) qui habitait Koné , à Kataviti,  tendit un piège odieux  à son ami , un prisonnier canaque , Poigny,le frère de Noël,  en lui laissant croire qu’il le laisserait  s ‘évader en traversant à la nage la rivière, la Tiouandé, vers l’embouchure. Celui-ci  n’eut pas plus tôt le dos tourné pour  s’enfuir qu’il tira sur lui et le tua  (certainement sur ordre) afin de l’empêcher de révéler le secret de la conspiration de 1917 contre mes grands-parents. Lorsque les autorités militaires eurent connaissance de  ce crime de guerre et de  cette trahison, Winchester demanda à mon oncle Roger Grassin ,conscrit en même temps que lui et  qui me l’a lui-même raconté, de prétendre que c’était lui qui avait tué le canaque Poigny. Il aurait, lui dit Josiah,  les circonstances atténuantes du conseil de guerre,  vu le meurtre de son père dont celui-ci était coupable. Mon oncle passa devant le conseil de guerre où il fut défendu par Paul Bloc (de gauche à l’époque), arrivé en 1901 comme mon grand-père dont il était l’ami, c’était alors un colon libre de la côte est à Ponérihouen, et l’affaire fut vite enterrée. Elle ne figurait même pas sur le  livret militaire de mon oncle que j’ai pu consulter lorsqu’il mourut. . Mon oncle n’avait pas compris qu’il était tombé dans un piège et qu’il lui faudrait ensuite raconter ce que voulaient ses employeurs de Nouméa d’accord avec les comploteurs. En réalité Winchester, qui n’avait aucun motif personnel de vengeance contre son ami  Poigny , avait ordre de  faire taire le canaque Poigny et d’ empêcher ainsi ses révélations concernant Louis Delhumeau que la famille Winchester, sur les iîot Mouac et Neba, connaissait bien.   L’embouchure de la Tiouandé où se sont passés ces événements a  été déclarée taboue par les Kiolet Galet de Ouanache en raison de la mort de ce Poigny, et elle est restée taboue aujourd ‘hui  encore.
L’assassinat du grand chef de Ouenkout  qui comprenait la tribu de Oué Hava dans sa chefferie.   L’assassinat de l’infortuné Kavéat , qui en savait trop long,  dont le corps a été retrouvé, longtemps après sa mort, en février 1923, dans un creek, cet  homme   qui aurait pu donner des informations intéressantes, et qui était favorable à mon grand-père et plus généralement à la présence européenne doit  être attribué à Louis Delhumeau et c’est l’une des causes du bannissement. La sœur de Kavéat était mariée à un stockman métis européen, nommé Guillemard, gérant de la station Gros à Pamalé, à Neouyo) et c’est elle qui sauva ma future mère.
 L’assassinat du chef Noël par un « Arabe » (un Marocain) de Koné .
A la fin de la rébellion, une prime avait été promise par le gouverneur Repiquet à qui permettrait la capture de Noël. Mais c’est  plutôt le désir de faire taire un complice gênant pour beaucoup de gens qui anima Mohmed Ben Ahmed,  un commerçant de Koné, de Koniambo plus exactement,  chez  qui  Noël allait s’approvisionner  et qui était bien au fait de la rébellion : l’arabe, avec l’aide  d’un Javanais à son service,  lui trancha la tête avec son  tomahawk (machette, prononcer tamioc) (carte postale en vente sur le Net  à 500€, sur laquelle on voit  le manche du tamioc) et l’apporta aux gendarmes de Koné. Ceux-ci, loin de lui remettre la prime attendue, le firent emprisonner aussitôt, sur l’ordre du
gouverneur, pour l’interroger. C’est à la suite de l’interrogatoire de Ben Ahmed que le gouverneur Repiquet rédigea son rapport secret sur les vraies raisons de cette agitation. Le PV,  rédigé sur la base des aveux et des dénonciations  du meurtrier arabe,  est daté du 19 janvier 1918 : c’est le lendemain de l’interrogatoire. Le rapport du gouverneur Repiquet est  indiqué comme « très confidentiel, sans copie, sur les vraies causes de l’insurrection ».
Un autre dossier, n°345, également intéressant, concerne aussi  le meurtrier arabe. Celui-ci  s‘était mis à table rapidement, si bien qu’il fut obligé de quitter Koné pour Pouembout par crainte de représailles des blancs et métis justement incriminés par lui. Le gouverneur préféra garder le secret à cause du membre du conseil général Laborderie et des colons impliqués, car Ahmed indiquait bien que Laborderie avait  profité de cette agitation pour que mon grand-père et son voisin Papin soient éliminés.
 Où se trouve aujourd’hui le rapport Repiquet de 1917 ?
C’est en vain que je l’ai cherché pour le publier dans les archives de la rue Oudinot.  C’est ma femme qui ,  en lisant par hasard La Mémoire oubliée, Les archives  des Français, butin de guerre nazi, puis soviétique  (de 1940 à nos jours) par Sophie Coeuré, chez Payot ,2002,  270 p., a attiré mon attention sur la  page 218, concernant un ensemble de dossiers du Ministère des colonies, 1895-1941, 7 cartons, restitués par la Russie  (Archives militaires d’Etat russes,RGVA) aux Archives nationales : CAC. Le mystère est donc résolu en ce qui me concerne.
La pseudo-attaque de la station Ragot  par Néa Kyolet Galet père. 
 le 16 juillet 1917, à Tiouandé, intéressante en ce qu’elle montre le rôle des protestants de Néa Galet.
 Les mauvais historiens , -et ils sont légion,  racontent que la station Ragot ou plus exactement l’habitation fondée par  Higginson à Tiouandé, d’où la rivière permet d’accéder à la tribu de Ouanach (dont le protestant Néa est le chef ) par de jolis arroyos bordés de  palétuviers,  fut attaquée par les hommes de Néa avec à leur tête  Néa. Or, il faut préciser les choses.
  La propriété de Tiouandé , de 80 hectares, avec une maison de pierre construite vers 1900 par des libérés du bagne, avait fait partie des mille hectares d'une concession de Higginson .Ce grand homme d'affaire et entrepreneur de mines de nickel et autres minerais, né le 13 novembre 1839 à Itchen (Southampton), mort à Paris , 2e arrondissement,  le 24 octobre 1904,  l'avait louée à une Anglaise, Madame Wilson, et le père d'Eugène Ragot arrivé de la Réunion s'était lié d'amitié avec Higginson à Ouégoa, où il s'était installé au lieu-dit la Boulange, comme boulanger. Il lui acheta 80 hectares et l'habitation, ainsi qu'à Nouméa, rue de Sébastopol, une maison coloniale en bois. Eugène Ragot le fils naquit d’ailleurs  à Ouégoa. Le chef protestant  de Ouanache . Néa , le père du conseiller territorial Néa Kiolet Galet,  était l’ami du  colon de Tiouandé , Eugène Ragot, chez qui il venait s’approvisionner,   et vint en personne le prévenir que sa famille et lui-même devaient s’en aller, s’ils tenaient à leur vie  : Néa ne pouvait refuser d’attaquer la maison du colon vis-à-vis de ses hommes. Craignant le  pillage et l’incendie  de ses biens, Eugène Ragot hésita beaucoup  et  lui arracha la promesse de ne pas attenter à sa propriété.  Il s’en alla avec sa famille sur l’îlot Camille, ainsi appelé, après 1946, à cause d’un  métis japonais ou plutôt d’Okinawa, Camille, né en 1926 à Touho,  fils de Koki  Miyagushiku alias Hokama,  et de la veuve Emilie Volcy installée au bord de mer à Touho (Pouïou),  qui avait loué ce très joli  îlot que j’ai beaucoup aimé.. Lorsque Eugène Ragot, sa femme Marthe ,  ses deux fils André et Armand et des Javanais à son service revinrent de l’îlot  Camille sur leur propre bateau, ils eurent la désagréable surprise de découvrir que  leur  habitation avait été pillée , contrairement aux engagements du chef Néa qu’ils croyaient de parole. Dans mon enfance, Sarmina, la jolie  Javanaise qui avait participé au séjour forcé sur l’îlot,  m’a monté la  trace de plusieurs  « pieds de marmite », utilisés comme projectiles par les canaques,  dans un mur pourtant de  bonne épaisseur, à l’arrière de la grande habitation notamment, du côté de la rivière..
Cette mise au point a surtout le mérite de démontrer qu’incontestablement   le chef protestant de Ouanache, Néa, n’en déplaise au pasteur Leenhardt et aux protestants qui lui emboîtent le pas au mépris de la vérité, faisait bien partie d’une conspiration dont il était peut-être l’âme.  Leenhardt carus mihi est, sed veritas carior. Mais Néa n’a pas été condamné, si bien que les vrais coupables n’ont aucunement été inquiétés, pour la plus grande surprise des  accusés mélanésiens. « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »




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