dimanche 6 décembre 2020

LA MYSIE OU MOESIE OU PHRYGIE ET LES SIGNIFICATIONS MULTIPLES DE CES MOTS.

 

 LA MYSIE OU MOESIE OU PHRYGIE ET LES  SIGNIFICATIONS MULTIPLES DE CES MOTS.

 

 Troie , disent les Chants cypriens , était située en Mysie. Mais c’est comme la Troade, dont nul ne sait exactement où elle se situait ; où est donc  la  Mysie  ou plutôt les Mysies?

Les régions asiatiques sont fort mal délimitées ; ainsi, dans le Gaffiot, , on peut lire à  Cybistra , neutre pluriel, employé par Cicéron , proconsul de Cilicie, dans ses Lettres,15,  2, 2 (grec ta Kubistra ) que c’est une ville de Cappadoce , alors que,  plus exactement ,   grâce au net, nous pouvons voir que cette ville s’est appelée ensuite Hèrakléia  Kubistra et que le premier mot , de erakli ,  a évolué aujourd’hui en turc en Ereğli  

(province turque de Konya) .  Dans le Gaffiot, p .l930 ,  à la carte géographique illustrant l’article Lycaonie, on peut voir Cubistrum (la ville, -umbria, - de la déesse Kybèlè, non loin de la ville  Iconium , grec ta Iconia , aujourd’hui Konya, dans la région comprise entre la Cappadoce voisine à droite et la Pisidie à gauche et plus loin la Lycie, avec  au-dessus  la Lycaonie et plus haut la Galatie  et  à gauche  la Grande Phrygie (Phrygia major),  région qui m’intéresse parce que j’y  ai trouvé le camp des Achéens, Ticachea  , de Teicha Achea, soit Troie , la ville actuelle de Séleucie  ville dont Pline l’Ancien, 5,27, nous dit qu’elle était  surnommée Trachéa , Trachiotis, grec Tracheiôtis,  c’est-à-dire la Troyenne, pour distinguer peut-être  la Séleucie et la Cilicie  des homonymes si nombreux. Ceci ajouté à la mention d’un figuier sycomore dans l’Iliade , alors qu’il ne pousse pas dans la région de Hissarlik  contribue à confirmer ma localisation dre Troie à Séleucie.

A 17 km au sud-est de Kubistra , à Ibriz, aujourd’hui Aydınkent,   on trouve un fameux bas-relief hittite qui a été copié en un autre endroit et qui rappelle celui de Silifke ou Seleucie que j’ai commenté  dans mon blog sur Troie, avec le dieu de la  fécondité hittite Tarhunzas,  l’équivalent du dieu troyen Sagarios. Warpalawa,  qui sacrifie au dieu , roi  d’une capitale hittite   Tuwana ( Tyane ou Tyana, Τύανα, Tana ou Dana chez Xénophon, Anabase , 1, 2, 90) , dont les ruines sont situées à Kemerhisar , au sud de Niğde , Nikdeh aujourd’hui) , est connu par des sources assyriennes comme  Urballa ( 738-710 av. J. –C.). Le scribe des inscriptions  en louvite est Tiyamartu. Le lieu d’un autre bas relief (il y en a au moins trois) est  le mont voisin Ambar Desi. Le Net donne : The three-line hieroglyphic Luwian inscription in front of the god is translated (by Hawkins) as: "This (is) the great Tarhunza of Warpalawa. For him let him/them put long (?) Sahana (?)". C’est, selon moi, l’altération de Tuwana.
 

Quelle est l’étymologie de « mysie ? Au XIVe siècle , l’empire Amurru , avec des zones d’influence  comme Millawanda (Milet, de miraigwa, de am ‘ira(z)ighen ) s’étendait çà toute la côte asiatique et même à la côte européenne qui lui faisait face au nord. Le mot mousia , musia ou moisia, vient de l’ endonyme des Amaurons ou Amourrou,  savoir Amazighs, en berbère : Imaziḡen (tifinagh : ⵉⵎⴰⵣⵉⵖⵏ, ABL : Imaziɣen) Mazices, Maures, Numides, Gétules, Garamantes, etc. Ce nom signifie guerriers. Les Romains ont essayé de mettre un peu d’ordre sans ce vocable trop étendu et ont spécialisé Moesoia pour la région d’Europe , comprenant la Macédoine (de am’zikhen) ou grande Mysie (Myso-macedones chez  Pline 5,120 ), le Palus Maeotide [de maisotides , aujourd’hui la mer d’Azov] et citons pêle-mêle divers dérivés : Mycènes , Myconos, Myrmidones,    Mycale,  Amaxitos, le Maiandros (de andros, rivière, radical adura, et de moisia). Les Romains ont encore tenté de remplacer la Maionie, de mai +oni, pays de indo-européen gh(z)em , terre, par la Lydie pour éviter une confusion.

L’origine du culte du rat en liaison avec Apollon.

Elien, tome 2,  p. 61, 12,5 , écrit : « Les habitants d’Hamaxitos  en Troade vénèrent le rat. De là vient, paraît-il, le qualificatif de « sminthien » qu’ils donnent au dieu Apollon qui reçoit un culte chez eux. Et, de fait, le mot « sminthe » est le nom par lequel les Eoliens aussi bien que les Troyens désignent le rat, tout comme Eschyle dans Sisyphe : « Mais quel sminthe des champs est aussi énorme que ça ?»  Ils élèvent dans le temple du dieu sminthien des rats apprivoisés qui sont nourris aux frais de l’Etat,et il y a des rats blancs qui gîtent sous l’autel ; à côté du tripode d’Apollon se dresse également la statue d’un rat .J’ai d’ailleurs eu connaissance du récit mythologique suivant qui tend à justifier ce culte. Des dizaines de milliers de rats envahirent les champs sur pied des Eoliens et des Troyens et ils se mirent à ronger le pied des tiges avant la moisson et privèrent les agriculteurs de leurs récoltes. Le  dieu de Delphes,  qu’ils étaient allés consulter, leur dit alors qu’ils devaient sacrifier à Apollon Sminthien ; ils obéirent au dieu et furent débarrassés des déprédations des rats , et ils virent leur blé pousser normalement jusqu’au temps de la moisson.

Ils ajoutent à cette histoire cet autre épisode.

Des Crétois avaient été envoyés hors de leur pays pour fonder une colonie, à la suite d’un malheur qui les avait frappés ; ils demandèrent au dieu Pythien de leur indiquer une région qui leur serait favorable et se prêterait avantageusement à l’établissement d’une colonie .L’oracle répondit que là où « les fils de la terre » leur feraient la guerre, c’est là qu’ils devaient se fixer et élever une cité. Ils parvinrent ainsi à l’endroit où se trouve Hamaxitos et y établirent un campement pour bivouaquer, mais un nombre indicible de rats firent irruption, rongèrent les courroies de leurs boucliers  et mangèrent les cordes de leurs arcs. IIs comprirent alors que c’étaient eux, « les fils de la terre »,  et comme par ailleurs ils ne disposaient plus d’armes pour se défendre, ils s’établirent dans ce lieu et édifièrent un temple à Apollon Sminthien. » Le nom du  rat est lié au latin mus , au grec mus,au sanskrit muh,  à l’anglais mouse, et il est homonyme des guerriers amauron, de là son culte.

Notes du traducteur, p.216 : « 1 (à propos de  Hamaxitos ) , la fondation de cette ville était attribuée aux Achéens (voir Strabon,XIII ,63) et elle était donc considérée comme grecque » ;

2 (à propos de Smintheus ) : épithète courante d’Apollon (Iliade, I, 39), dérivant peut-être du toponyme Sminthè en Troade,mais traditionnellement interprété comme signifiant « destructeur de rats » ; Apollon Sminthien, d’origine créto-mysienne, était associé aux rite agraires comme divinité protectrice des semences contre les surmulots. «  Hamaxitos est citée par Pline, 5, 124. Le net nous indiqueque «  ses environs s'appelaient en grec Ἁμαξιτία (Hamaxitia[)], et comprenaient le temple d'Apolon Smintheus, le desert de sel de Tragasai et la rivière Satnioeis (nom moderne Tuzla Çay). La cité a été localisée sur un promontoire du nom de Beşiktepe près du village de Gülpınar (anciennement Külâhlı) dans le district Ayvacık de la province de Çanakkale en Turquie[].

 

 

 

 

 

Le mot Mysie a conservé plusieurs sens. Ainsi Elien,La personnalité des animaux, tome 2, 14, 25 , nous parle  de deux de ses significations : « Je vais parler des Mysiens , -entendez par là , non pas les descendants de Télèphe [le Troyen selon Hygin,273 ] qui habitent Pergame [aujourd ’hui Bergama en Turquie, pas très loin de Burnabashi ou Pinarbasi qui sont des formes altérées de Pergame, citadelle, hissarlik en turc) et de Hissarlik,  considérée à tort selon moi , comme la Troie homérique], mais ceux  qui vivent sur la partie inférieure du Pont-Euxin [la mer Noire]  et qui, étant limitrophes de la Scythie, refoulent les incursions scythes et assurent la garde de tout le territoire en question pour le compte de Rome, autrement dit ceux qui sont près d’Héraclée [Sintinkè à l’est de la Macédoine , différente de l’Héraclée du Pont Sur les ruines de Héraklée Pontique  se dresse l'actuelle ville de Karadeniz Ereğli (Ereğli , de Hérakleia, de la Mer Noire) dans la province de Zonguldak en Turquie] et du fleuve Axios [ de nos jours le Vardar : Le nom grec du fleuve, Axios, est  une adaptation thrace de la racine iranienne

*axšei, qui veut dire «bleu noir » ou « sombre »et qui, incompris, a donné le nom du Pont -Euxin. Vardar peut être rattaché à adura, rivière, cf. le nom de l’Adour ].

Une note de l’éditeur précise, tome 2, p. 229 : « Le nom de Mysie (Mysia ) désignait effectivement deux régions différentes  

1)    : une région d’Asie Mineure (Mysie) où se trouve Troie (Pergame).

2)    et une région européenne très vaste (Moesie) s’étendant de la Macédoine (et, à l’époque romaine romaine, de l’Illyrie) à la Scythie. La Moesie inférieure (voir II,53, « Ripa Thraciae ») est la partie la plus orientale de la Thrace, sur le bord de la mer Noire (Pont-Euxin) ; au –delà de sa frontière septentrionale se trouvent les Scythes mot devenu Ossètes aujourd’hui) ;Héraclée (Sintinkè) , distincte de l’Héraclée du Pont, , se trouve à l’est de la Macédoine , sur le fleuve Strymon. Le Strymon (du grec ancien Στρυμών) est un fleuve coulant en Bulgarie et en Grèce. Il est nommé Strouma en bulgare (Струма), Strimonas en grec moderne (Στρυμόνας) et Karasu en turc.

 L’Axios coule en Macédoine et se jette dans la Méditerranée à Thessalonique. La partie « inférieure » du Pont-Euxin  n’est pas la côte méridionale, mais la côte orientale. »

 

Comment pareille erreur sur la localisatoion de Trfolie a-t-elle pu se répandre chez les Anciens , même si le géographe grec Strabon (13, 1, 27), au début du premier siècle,  se montre pour sa part plus que réservé ,écrivant que  les lieux (appelés aujourd’hui en turc Burnabashi ou Pinarbasi  , altération par métathèse du  grec Pergamidès, petite Pergame, citadelle, au sud d’ Hissarlik  en Turquie, près des Dardanelles ),  où il y avait une ville appelée Ilion en grec à son époque , «  n’étaient pas le site de l’ancienne Ilion, si l’on considère la question en rapport avec le texte d’Homère… .Les pseudo –Troyens eux-mêmes  étaient bien conscients que leur cité n’était pas la Troie homérique. »

 

Qu’était donc cette Ilion où le britannique Calvert et surtout Schliemann ont voulu placer la Troie homérique ? 

Il s’agit de la cité nommée  Pergamos  au Ve siècle par Hérodote, 7,112,  dont le nom subsiste en turc sous la forme altérée Burnabashi ou Pinarbasi, voire Gülpınar (Hamaxitos).  . La preuve que Troie est bien notre Pergame de Cilicie  est que les Turcs n’appellent pas celle-ci  hissarlik, petite citadelle  comme ils l’ont fait pour  la Pergamos citée par Hérodote, 7,112. Cette dernière  pourrait bien être l’Hissarlik-Troie  de Schliemann, avec sa  célèbre bibliothèque, citée par Pol.,  4, 48, 11  et par Xénophon,  Anabase,7, 8, 8 et 23.En effet, Hissarlik- Ilion (de wilusa, signifiant la hauteur)  désigne une  citadelle , fort petite au demeurant 250 sur 200 m² ,  située  sur une colline artificielle, faite de bois , de pierres et de remblais, et non sur une colline naturelle escarpée comme la Troie homérique, ville qui avait été secouée par le volcan du lac de Van vers 1300 ; ce serait la Troie VI sur les neuf de Dörpfeld . Lorsqu’elle fut brûlée, elle fut rebâtie sous le nom d’abord d’Ilion, puis, après le IV e siècle , peut-être dans le voisinage méridional, de façon encore moins importante , sous le nom de Pergamidès, avec pour la qualifier le nom commun de petite citadelle, hissarlik,  en turc.

 

Historique de l‘erreur.

On savait en tout et pour tout que Troie était située en Mysie. Or , il y avait les mythes sur Dardanos,Télèphe, le roi de Mysie héritier de Teuthras (équivalent phonétique de Teukros, troyen),  qui indiqua aux grecs la route de Troie qu’ils ignoraient, après les avoir combattus ,  sur Ténédos (Bozcaada) , sur Hamaxitos ,  Sestos et Abydos, qui étaient d’authentiques colonies troyennes ; en plus , un village nommé Ilion et Pergame. Cela suffit. Mais tout ce qui précède n’est qu’un essai. Par exemple, les étymologies de la Lydie  et  de la Lycie (et par suite de la Lycaonie) sont peut-être fausses et il est tentant de rattacher ces noms être  à celui des populations Louvites de Kubistra  , pour Lydia et pour Lycia , de lukwya , cf. leukos  dans Leukosuria , dans le nord de la Cappadoce. Le –ite de louvite n’est pas un suffixe, mais un élément radical, de lukwita ou lukwikwsya et par métathèse donner le nom de la Cilicie, de kaluki,  ou de  Séleucie, de ksalukia. La racine pourrait être celle du grec ilèmi, de si-slami, laconien ilèwos , la cité  bénie des dieux. D’autre part  le hittite wilusa  ressemble à une métathèse de luwisa et pourrait être à la base de Iliôn, de ilukwon .

 

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