L’IDENTIFICATION DU COL ALPIN EMPRUNTE PAR HANNIBAL par un ulmien en
2021-08-22
« Rougissant le ciel noir de
flamboiements lugubres,
A l’horizon, brûlaient les villages Insubres ;
On entendait au loin barrir un éléphant.
Et là-bas, sous le pont, adossé
contre une arche, Hannibal écoutait, pensif et triomphant,
Le piétinement sourd des légions en
marche.
La Trebbia
… Et tout ce que vomit Subure et
l’ergastule,
Tous , anxieux de voir surgir, au dos
vermeil
Des monts sabins où luit l’oeil
sanglant du soleil,
Le chef borgne sur l’éléphant gétule . »
Après Cannes , dans les Trophées , J. –M. de Heredia
Résumé :
l’auteur reprend l’étymologie des APPENNINS comme les Alpes Poeninae , les Alpes carthaginoises, en souvenir du passage
d’Hannibal Barca et identifie le col de Bracco (le
moins haut du massif, 600 mètres d’altitude), dont le nom vient du génitif
pluriel Barcorum, le lieu de passage des deux Barca, Hannibal Barca et ,
quelques années plus tard, son frère Hasdrubal. Hannibal débouche sur les Insubres.
L’auteur identifie le cours d’eau
appelé Skaras par l’historien grec Polybe comme l’Eygues ( affluent du Rhône) dont un
affluent s’appelle l’Esclatte
, c’est-à-dire la petite Skalas. Hannibal se trouve au confluent de l’Eygues et du
Rhône, près de Caderousse et des
îles Furianae, c’est-à-dire
vagabondes, ou îles de Caderousse , ou
encorte île de la Piboulette. Il traverse le Rhône grâce au fait que le fleuve
se subdivise en deux bras dont l’un, très peu profond, est appelé le bras mort. C’est là qu’a lieu la
bataille du Rhône, près d’Avignon,au confluent de la Durance et du Rhône, où setrouve le rocher des Doms , éperon
calcaire blanc attesté par les auteurs anciens.Il franchit la Durance au gué de
Bonpas.
Après avoir
localisé dans mes blogs précédents notamment
Alésia (Novalaise), Troie, Pylos et les lieux les plus mystérieux de l’Odyssée et de l’Iliade, il me
restait à
identifier le lieu du passage d’Hannibal à travers les Alpes.
On
distinguait, dans l’Antiquité , les différents
massifs alpins par le nom des peuples
voisins ou des hommes qui les avaient rendus célèbres.
1 Les Alpes Grées, Alpes Graiae Pline, 3,
134 : ce sont les Alpes habitées par le peuple celtibère (aussi appelé
ligure ou gaulois) des Graioceli . Le plus illustre
représentant des Graioceli est, pour nous du moins, l’homme d’Ötzi ,
un homme momifié retrouvé par deux alpinistes dans le glacier du
Hauslabjoch, à la frontière entre l’Autriche et l’Italie et surnommé par les Français Hibernatus .Ils sont présents en Espagne, en Italie (Vezzani ligure) , en Sicile (Vezzani) et en Corse (Vezzani).
2 Toujours portant des noms de peuples voisins ,
on trouve les chaînes des Alpes
orientalesappelées les Alpes Noricae ,
les Alpes Rhétiques,les Alpes Grisonnes (à rapprocher de Graioceli, Graisoni , avec
un autre suffixe) ou les Alpes
Carnicae (à rapprocher du nom des Carnutes) noms que l'on trouve chez Pline
l'Ancien et chez Florus.
Portant des noms d’hommes, on trouve les Alpes
Cottiae, en l’honneur de Cottius , citées par Ammien Marcelin
,15, 10, 2 et 25, 10,2 (Alpes Cottianae)
, par Tacite , Histoires , 1, 61 et par Pline ,3, 133 (Alpes Cottiniannae). Qui était ce Cottius ?
Marcus
Julius Cottius était
un roi ligure,
vivant au temps de l'empereur romain Auguste (63 av. J.-C. - 14 apr. J.-C.).
Cottius, nous apprend la toile, était un roi qui avait reçu de son père Donnus un
petit État indépendant qui correspondait peu ou prou à la vallée de
Suse, à une partie de la Maurienne et
au Briançonnais. Allié de Rome,
il est nommé præfectus civitatis par
Auguste en remerciement de son attitude favorable, continuant de régner dans sa
capitale, Segusio (Suse).
Ce rex ligure a fait tracer la route dite « de
Cottius » (située aujourd'hui au Mont-Cenis
) et édifier à Suse en l'an 8 av. J.-C. un arc de
triomphe dédié à son protecteur Auguste (Arc d'Auguste), dont la dédicace est un
témoignage précieux, car elle donne le nom de son père Donnus, et énumère les
quatorze peuples ou tribus composant son royaume.
Il donna son nom à la province des Alpes
cottiennes (Strabon, Geographie - IV.VI.VI).
Son petit-fils, également
nommé Marcus Julius Cottius (Cottius II), obtient par la suite le titre
de rex de la part de l'empereur Claude. Après sa mort (63 ap. J.-C.), ses
États furent réunis à l'Empire, formant plus tard la plus grande partie de la
province des Alpes cottiennes.
La
dénomination « Alpes juliennes »
vient de l'expression latine Alpes Iuliae. ).
La
première mention des Iuliae Alpes se trouve chez Tacite,
mais l'expression ne devient fréquente qu'au ive siècle, notamment
chez Ammien Marcellin. Le nom fait certainement
référence à la gens Iulia, mais les historiens antiques n'en
éclairent pas l'origine et les historiens modernes ne sont pas d'accord entre
eux : un premier groupe, à la suite de Cluverius, pense qu'il
rappelle Jules César ; on attribue souvent à César
la fondation de Forum Iulii (l'actuelle Cividale del
Friuli, Frioul , qui vient de Forum
Iulii) quand il était proconsul de Gaule
cisalpine ; un deuxième groupe constate que le rôle de César
dans cette région a été beaucoup plus limité que celui d'Auguste,
qui en fut le pacificateur, et pense donc qu’Alpes Iuliae serait
plutôt à mettre en rapport avec le premier empereur.
Nous en
venons maintenant au nom des Alpes
Pennines , qui nous occupe au premier chef. Déjà Varron 1,1, 10, 1,52, 1 , interprétait Poenicus et Punicus (traductions du grec Phoinikos, Phénicien) ,comme
signifiant Carthaginois ; puis Salluste et l’historien grec Polybe rattachent
leur nom , Poenina juga, Poeninus mons, au passage d’Hannibal Barca , le
Carthaginois, et de son frère Hasdrubal
Barca. Seuls Pline ,3, 123 Live,
21,38, 9 , 5,
35,2 ;21, 38,6 , ne font
pas chorus et rattachent le nom de Poeninus
à celui d’une divinité gauloise .On trouve en effet Jupiter
Poeninus ,dans les Inscriptiones,
recueillies par Orelli, 1856,
228, c’est-à dire , selon ma traduction, un hommage à Jupiter Carthaginois, honoré du col du Saint-Bernard au Saint
–Gothard , et peut-être identifié à Hannibal divinisé.
Quel est l’équivalent de
Jupiter à Carthage ? C’est Bal Hamon ou Baal,cf.
Hasdru –bal, Hanni-bal . La
dynastie des Barsacides prétendait descendre de Bal, d’où son nom. Et justement
nous allons trouver le nom de Barca altéré
en Bracco, avec
deux noms des cols les moins hauts de la chaîne des Apennins, le Passo del Bracco (615 m), à l’aller peut-être, faisant déboucher Hannibal devant les Insubres et le col voisin
et homonyme du Passo del Bracco , 615 mètres , au
retour peut-être, mais de montée plus abrupte que le précédent. Bracco vient de l’adjectif Barcaeus , Barceus, de Barca ou Barcas, au
génitif pluriel Barcorum, c’est-à dire des Barca,
tant Hannibal que Hasdrubal .
La traversée antérieure des Alpes
par les Gaulois en 225 av. J. –C.par le Col de la Traversette
Col de la Traversette, près du mont Viso,
(2 947 m), préféré au col de Mary.
Voici ce que nous apprend le Web : « L'embryologiste Sir Gavin de
Beer (1899-1972), dans ses ouvrages publiés en 1956 et en 1969,
refuse la lecture Isara qu'on fait chez Tite-Live, et assimile
le Skaras de Polybe à l'Eygues,
affluent du Rhône, transcrit au Moyen Âge en « Equeris »
(1278), « Icaris » (1321), « Yquarum » (1393)
et « Yguaris » (1414). Il rejoint les auteurs qui admettent
l'itinéraire par la Druentia assimilée à la Durance [latin
Druentia, de adura +
suffixe d’affluent -antya) et propose un
trajet dans les Alpes méridionales, qui longe la Drôme jusqu'à la hauteur de Die,
puis rejoint la Durance par le col de
Grimone. L'itinéraire adopté par de Beer laisse la
Durance, qui mènerait au col de Montgenèvre |mais pourquoi, si , comme moi, on choisit le lac de Zurich
, le massif des Apennins et le col de Bracco ?Après l’île de Caderousse,
Hannibal passe par Avignon (épisode du rocher blanc des Doms), au confluent de
la Durance et du Rhône, et quitte cette vallée vers Guillestre pour
le Queyras,
remonte le Guil et
franchit le col de la Traversette, près du mont Viso.
L'altitude élevée de ce col (2 947 m)[trop élevée pour des
éléphants !], préféré au col de Mary,
garantit selon de Beer la présence de névés recouverts
de neige lors du passage d'Hannibal (à l’automne).
Le
lieutenant-colonel Eugène Hennebert, dans sa Vie d'Hannibal,
publiée en 1870 et rééditée récemment, envisage un passage par le col de
Montgenèvre, en admettant qu'il lui faut négliger le détail de la vue sur la plaine
du Pô, impossible depuis ce col. L'itinéraire qu'il esquisse part de Montélimar, passe par la haute vallée de l'Eygues et rejoint le sillon de Gap et la
Durance.
Le gué principal de
la Durance : la chartreuse de Bonpas ,
située sur la commune de Caumont- sur
Durance, sur la rive droite de la Durance qu’elle surplombe.
Ce lieu de passage entre
Caumont et Noves existait déjà à la préhistoire.et c’est lui que Hannibal
a emprunté. Par euphémisme, il s’appelle aujourd’hui le gué de Maupas, gué du
mauvais passage. « Toutefoi l’ hypothèse de de Beer , quoique jugée admissible par certains,
est contestée, y compris en Angleterre.
Serge Lancel souligne notamment la difficulté
d'accès de ce col, brèche étroite perçant une crête entre des pentes très
raides et doute que les éléphants aient pu le franchir.
L'hypothèse
d'une traversée via le Col de la
Traversette, bien que jugée jusqu'alors peu probable, est
présentée par William Mahaney début 2016 dans une étude
utilisant des données géologiques, biostratigraphiques, géochimiques et
microbiologiques.
Celles-ci mettent en évidence, dans une
tourbière située immédiatement sous le col, la présence d'une couche de
boue exceptionnellement perturbée et enrichie en matière organique. Cette couche sédimentaire se
caractérise par une forte présence de bactéries Clostridium,
typique des mammifères. Les différentes observations de cette étude indiquent
donc le passage par le Col de la Traversette de potentiellement plusieurs milliers d'animaux, dont
des chevaux.
La datation par le carbone 14 situe les
prélèvements entre 2070 +/- 31 BP et 2530 +/-90 BP, soit une fourchette
entre -80 +/- 31 et -580 +/-9085,86,87,
large période qui inclut les passages des Alpes par les Gaulois en -225, par
Hannibal en -218 ou par Hasdrubal
Barca en -207, pour ceux que les historiens ont répertoriés.
Les travaux du micro-biologiste Chris Allen accréditeraient cette hypothèse. »
La
télévision a popularisé cette hypothèse de la traversée par Hannibal au col de
la Traversette, qui a pourtant 2947
mètres et porte des neiges éternelles
.Je pense que les Gaulois ont pu passer par le
col voisin de Mary (nom qui vient du
gaulois mara et signifie cheval, mari au
collectif ) et que le crottin a été laissé par les chevaux des Gaulois au cours d’une halte de
repos au pied du col proche de la
Traversière , jadis boisé et riche en eau potable, devenu , au fil des
millénaires, une tourbière.
Réflexions sur les quelques
noms qui interviennent dans les récits des auteurs anciens.
a) Les noms de fleuve.
Il faut, selon moi, éliminer
Grenoble , l’Isère n’étant pas l’Isara
de Tite Live, qui est la S(k)ara-s(s de
nominatif grec) de Polybe, avec un i
initial qui est un article
Le nom du Rhône est Rhodanos, à rapprocher de Lausanna, celui de la Saône est Arar ou Araris , qui
viennent tous les deux d’un mot ibère
signifiant rivière, aduksa-na , cf. le nom de l’Adour. Le
nom de la mystérieuse Skaras de l’historien Grec Polybe
vient probablement aussi de (adu)ksara-s et correspond à un affluent du Rhône dont le
nom est transcrit au Moyen Âge en « Equeris »
(1278), « Icaris » (1321), « Yquarum » (1393)
et « Yguaris (1414)
et donne
aujourd’hui son nom à l’Eygues ou Aigue C’est au niveau du confluent du Rhône et de l’Eygues queHannibal
a pu traverser le Rhône, moins profond à cause de sa division en deux bras.
Selon Polybe , Hannibal passe par le
territoire des Allobroges, domaine assez vaste
des Alpes du Nord. Le point de départ est le confluent du Rhône et d’une rivière que Polybe nomme
« Skaras » ou « Skaros ». Au confluent, les deux cours
d’eau sont parallèles et entourent une bande de terre nommée « île »
avant de se rejoindre.
Le
récit de Tite Live , dans les chapitres
30 à 38 de son livre XXI, plus long et romancé que celui de Polybe, en reprend
la plupart des éléments : ainsi le départ se fait depuis un confluent du
Rhône et d’une rivière qui entourent un terrain nommé « île », près
des territoires des Allobroges. Mais les manuscrits
qui ont servi à établir le texte de Tite-Live donnent plusieurs variantes pour
le nom de cette rivière : « Arar », « Ibi Arar »,
« Saras », « Bissaras », « Ibsara »,
transcrit en « Ibi Isara » par le philologue du xviie siècle Philip Cluwer, terme connu des
Romains et correspondant au « Skaras » de Polybe10,11.
Le nom mystérieux de l’île correspond à un grand îlot formé
pour nous par une division du Rhône en deux bras , mais pour les Anciens , (car
nous sommes au confluent de l’Eygues et du Rhône), à l’Eygues, avec les cités
des Ilons (de insula, île, + suffixe en
-on de filiation ou dérivation)et des Piboulettes.(Vaucluse, commune de Caderousse
près d’Avignon). Le nom de l’île est ausxsi île de Piboulette vient du
provençal pibol , latin populus , lieu planté de peupliers.On
retrouve, dans le nom de Polybe Skaras ou dans celui de Tite Live Iskaras,
le nom d’un affluent de la rive droite de
l’Eygues , l’Esclate , long seulement de 10,1 km sur
deux communes avec trois sous-affluents .Le nom l’Esclate
traduit l’évolution de l’ancien nom retenu par Polybe et par Tite
live à partir de Iskala+ suffixe diminutif
en –et ou au féminin –ette (cf.Loir, Loiret), donnant eskalette ,
esclatte.
A noter deux noms d’affluents
de l’Eygues, l'Armalause et le Lauz-on , où l’on reconnaît le suffixe gaulois de filiation en
-on et le radical de lause signifiant rivière , de adusa-na , à rapprocher de Lausanna
, de Rhodanos et du nom de la Durantia.
Etymologie de la Druentia, la Durance.
Web : « La
Durance est documentée sous les formes anciennes Druentia (ier siècle), Drouentios
potamos (en grec), Durantia (854, 1271) ou Durentia (1127). Les formes
classiques sont probablement des altérations de *Dūrantia, basé sur
l'hydronyme dur- ou dru- que l'on retrouve
dans le nom de nombreuses rivières des Alpes occidentales (Doire , de Duria, en Italie, Dranse en Haute-Savoie, Drac, Drôme, Dore, Durolle, Douro de Durius) ,
associé au suffixe locatif -antia. La Durance est en occitan Durença selon
la norme classique, et en provençal Durènço selon
la norme mistralienne. »
Selon moi, le nom d’adurance, avec peut-être déglutination
de ce qui est pris pour l’article et avec suffixe d’affluent –ntya, vient du radical ibère adusa, cf. Adour , Arrou, Rhodanos etc.
, vient de adura-ntya .
Deux noms
d’origine différente pour une même rivière.
1 Aigue ou Aigues ou
Aygue , qui ne vient pas du latin aqua,
eau.
Le nom d'Eygurande (attestation de 1300 Aygurandia)
vient du toponyme gaulois *egoranda (ou
*equoranda) dont l'évolution la plus fréquente en France est Ingrandes. Egoranda devait fondamentalement signifier
"limite" et correspondait souvent à la frontière entre deux peuples gaulois, ici les riches Allobroges et les Cavares . De
même, Caderousse vient d’une métathèse
de (e) koranda, kadaro +sa, cf . les
Cavares et Cavaillon. Le nom est en loccitan aiga (norme classique) ou en provençal aïgo (norme mistralienne prononcer eigo où le o reflète le gaulois equoranda.
2 L’Eygues prend sa source au pied du
sommet de Peyle, situé dans le massif des Baronnies, entre Drôme et
Hautes-Alpes. Elle coule vers l'ouest, passant à Verclause, Sahune, Nyons dans le
département de la Drôme. En Vaucluse, elle a la particularité de changer de nom pour s'appeler Aigues. Elle passe au nord d'Orange avant
de se jeter dans le Rhône à Caderousse en
face du centre nucléaire de Marcoule. Son parcours est long de 113,7
kilomètres.
Étymologie du Web
« Pour Sandre, la rivière s'orthographie Aigue.
Cependant, les autres formes d'écriture sont bien
réelles et présentes sur le parcours comme le prouve le nom des communes
de Saint-Maurice-sur-Eygues, et Camaret-sur-Aigues.
Etymologie de Eygues selon moi.
Le nom vient de Iskaras
On trouve au Moyen Âge le nom de ce
cours d'eau transcrit Equeris (1278), Icaris (1321), Yquarum (1393), Yguaris (1414).
Il
a subi l‘attraction de Aigues , de egoranda (ou *equoranda) . Seul le nom de son affluent l’Esclatte
a gardé son nom ancien.Rappelons
que les notions de fleuve et d’affluent ont varié au cours des époques .b) Le nom de Taurini a été rapproché de celui de la
ville de Turin, mais il y a des homonymes,
Taricum plus proche encore de Taurini, ou Turicum, aujourd’hui Zurich. Voici ce que la toile nous en
dit : « Une garnison romaine s'est
établie sur un promontoire, nommé "Taricum",
pôle de défense pour l'empire, mais surtout poste de douane qui contrôlait les
échanges transitant par la rivière Limmat et le lac de Zurich entre les vallées alpines et le sud de l'Allemagne. L'ancienne implantation
celtique aurait ensuite fusionné avec la romaine.
Taricum
fut détruite au ve siècle par
les Alamans,
puis reconstruite. ». Si nous suivons en partie l’hypothèse de Mommsen, , nous pouvons substituer au lac Léman le lac de Zurich , qui est le 4e
plus grand lac de Suisse., comme étape d’Hannibal .
c) La région où se situe Avignon est très riche en
pierres calcaires qui
servirent de matériaux de construction. Par exemple,
les remparts actuels,
qui mesurent 4 330 mètres de long, ont été bâtis avec une pierre
calcaire tendre très abondante dans la région que l’on appelle « molasse
burdigalienne ».
Ceint de remparts, le rocher des Doms, élévation calcaire de
type urgonien |crétacé]
, haute de 35 mètres (et donc à l'abri des inondations du Rhône qu'il
surplombe) est le noyau originel de la ville. Les massifs calcaires sont très
présents autour de la commune .Le rocher des Doms à Avignon fut aperçu par
Hannibal et c’est le rocher blanc anonyme des auteurs anciens.
Avignon se situe au confluent du Rhône et
de la Durance,
et de ce fait, est limitrophe au sud avec les Bouches-du-Rhône et les communes de Barbentane, Rognonas, Châteaurenard et Noves.
Directement accolées à l'est et au nord, on trouve les
communes de Caumont-sur-Durance, Morières-lès-Avignon, Le Pontet et Sorgues. Le gué qui permit au chef carthaginois
et à ses 37 éléphants , à ses 14000 chevaux et mulets et à s’es 40000 hommes , de
franchir la Durance est le gué préhistorique de la charteuse du Bonpas ou Maupas, entre
Noves et Caumont-sur-Durance,Cau venant de Cavares.
d) La traversée des Pyrénées.
Hannibal part de la Nouvelle Carthage , Carthagène en Espagne, pour assiéger Sagonte
durant huit mois, traverser les Pyrénées aux environs de Collioure comme le pensait Napoléon
(confidences à Montholon) , et gagner l’Italie en attaquant l’oppidum d’Enserune,puis
se diriger vers les Alpes.
Le texte fondateur sur le
passage d’Hannibal à travers les Pyrénées est celui, datant de 1938, de Joseph Margail,vivant
à Oreilla par Olette (Pyrénées Orientales) un
article avec carte à la fin , du moins sur le Net, mais non dans le tiré à
part, consultable sur le Net , intitulé « A
la recherche d ’ « Illiberis ».
J’ai obtenu sur Rakuten un tiré à part
annoté uneb foisb de la main de l’auteur avec un texte retouché par rapport au texte du Net (65 euros). Je me suis
permis de corriger certaines étymologies et de modfier certains détails, mais
toujours en restant fidèle à l’orientation du texte.
Pour Margail, Illiberi ou Illiberis ne peut être Elne comme on le dit souvent, ni Corneilla
–del-Vercor ni même Collioure, mais sur le coteau de Saint-Cyprien situé à 2
kms 500 au nord est d’Elne au lieu-dit Palol.
A 400 mètres au sud du premier coteau de
Saint-Cyprien se trouvait , sur le chemin de Charlemagne, le village disparu de Palol
dont le nom signifie paillote, grange , silo moderne en catalan. On y a découvert (Pierre Vidal,
Guide historique et pittoresque du département des Pyrénées -Orientales,
1899., et de Lacvivier, Notes sur Elne
, 1900, n°7, p. 224, R. H. A.,
1 « de vieux murs remontant à l’antiquité » selon Pierre Vidal, Guide
historique et pittoresque du département des Pyrénées -Orientales, 1899. Ce sont les remparts d’Illiberis.
2 des substructions au bas des pentes méridionales du coteau situé à 2
km 500 au Nord-Est d’Elne , restes de l’Illiberis gallo-romaine qui avait
débordé hors des remparts de l’oppidum celtibère.
3 dans les environs,
c’est-à- dire à proximité du lieu où Margail a placé le camp
d’Hannibal, d’assez nombreuses monnaies carthaginoises, « vraisemblablement
perdues par des soldats d’Hannibal », selon Lenthéric, Villes mortes du Golfe du Lion, Plon, 6e
édition, p.181.
4 des poteries et médailles romaines datant d’Auguste
à Gordien (238 ou 244 ap. J .C , soit antérieures de quelques années à la
date probable de la fin d’Illiberis (correction manuelle .
5 « M . de Saint-Malo dit
[. ..] qu’on a découvert « une
multiplicité de silos dans les rues et places publiques de Saint-Cyprien. ».
or, M. F. P. Thiers qui a dirigé les 5 campagnes de fouilles de Ruscino (1909-1913) signale
qu’à « Ruscino les silos débordent autour du plateau.Ils dévalent
le long des pentes, escaladant d’autres versants, et s’étatalent même en plaine ; le long
de l’ancienne voie domitirenne qui traversait l’enceinte,les silos s’étendent
sur 500 mètres. » Il n’est donc pas surprenant qu’on trouve des silos d’Illiberis jusque
dans le village de Saint-Cyprien.M. Thiers, qui est convaincu qu’Illiberis ne
pouvait se trouver à Elne, écrit dans (Recherches
sur les Ibères du Roussillon), après
avoir rappelé que les emplacements des anciens oppida d’Ensérune, Montady, Montlaurès, Ruscino sont criblés de
silos : « Si nous
trouvions sur les bords du fleuve
Illiberis (le Tech) une puissante agglomération de silos , nous devrions y reconnaître
la ville d’IIliberis. »
Pour Collioure, selon le Web : « L'origine du nom de la commune , savoir , Kauk illiberis , provient de deux mots : Kauk et Illiberris
. Kauk est une racine
ibère qui porte l'idée de forme arrondie, parfois utilisée pour désigner
des baies ou anses de bord de mer. .« cauk »
est à rapprocher du grec kuklos et
pêlomai, se mouvoir, du latin circulus,
du sanskrit cakrah, du vieux norroit hiol ,du latin portus, port, de racine kwe- . Illiberre ou Illiberis est l'ancien nom de
l'actuelle Elne [faux], une commune située une douzaine de kilomètres au
nord-ouest de Collioure, qui était déjà une cité réputée au vie siècle av.
J.-C. Le nom de Collioure signifie donc
« le port d'Illiberis », avec l'idée d'une baie, ce qui correspond à l'actuelle
configuration des lieux, le vieux port de Collioure se trouvant au fond d'une
anse arrondie. » Collioure, de cauk
iliberris , serait le port (cauk) maritime récent de la véritable Illiberis qui aurait aussi
un port fluvial situé non loin de l’embouchure
du Tech. Strabon parle
de Pyrale et du fleuve lors de la bataille de Caton. Illiberis
vient de ill-iberis, signifiant la ville des Ibères. En admettant que
Pline le Jeune désigne Collioure sous le toponyme Colybris, II, 5, III,1 et 9,
on trouve deux autres villes homonymes au
moins, l’une en Bétique, l’autre en Gaule Narbonnaise (Auch, dont le nom
antique est Elimberrum selon Pomponius Mela au Ier siècle ou
selon l’itinéraire d’Antonin. Selon Jean-Baptiste
Orpustan et d'autres linguistes, aussi bien Elimberri, Elimberris
Auscorum (de Volcarum), l’Elliberis des Auscitains, que le nom antique
romanisé Elimberrum, ancien nom de la ville d'Auch, viennent
du basco-aquitain ili [eli- en
latin] "ville". + ibère)
Margail cite
, p.197, un texte de Strabon (VI, 1) relatif aux
barques à faible tirant d’eau qui remontaient le Tech ; les barques
arrivaient jusqu’à Illiberis. Le port fluvial d’Illiberis, conclut Margail , n’est donc plus une simple
conjecture, et il est cerrtain que ce n’était pas la mer qui baignait Illiberis , mais bien un cours d’eau, le Tech.
Le Tech a changé de cours plusieurs fois et il a coulé au nord
etb au sud d’Elne ; il baignait les
coteaux de Saint-Martin-la-Rive et
les coteaux de Saint-Cyprien.Selon Strabon, IV, 1, 6, Athénée , VIII,2, venant d’un
passage perdu de Polybe, et Ptolémée , II, IX,9, Hannibal franchit les Pyrénées,
campe ad oppidum Illiberis ; les
reguli Gallorum se concentrent à Ruscino (situé aujourd’hui sur un petit fleuve, le Têt, à 4 Kms à
l’est de Perpignan et appelé Château-Roussillon, Roussillon venant
du nom de la ville :Ruscino ; ils
négocient avec lui et se rejoignent à IIlliberis. Hannibal se met en route et
atteint le territoire des Volci (Auch). ,
On a voulu, à tort , voir dans Elne (Castra Helena ? cf.
le nom du vin Le domaine de la Dame)mais
plus probablement de Elna , de alda du basque Aldude, Jean-Baptiste Orpustan
propose l’étymologie ald(a)-uhide qui signifie « versant
du chemin des eaux », cf . Ernazu, de ern-uhide , de même signification ) Illiberis.
Le chemin ferré ou ancienne voie romaine et ses vestiges.
Sur le coteau de Saint-Cyprien
, on a un lieu qui s’appelait puight
ferrant, puight de pactum
( pango), compacté et ferrade, comme
ferré en français dans chemin ferré (Littré : dur comme le fer (cailloux), par opposition à chemin vert , et surtout à chemin pavé .Le chemin ferrat est l’ancienne voie romaine que Hannibal a empruntée ,
qui deviendra la Voie de Charlemagne et dont on repère des vestiges, par
exemple dans le noms ancien de La Villa Salix pour Calix , comme en
français chemin chaussé, ou une chaussée,
souvent mal orthographiée saulsaie, du bas latin calciare,
encaillasser, de calx,calcis, grec chalix,
caillou,caillasse .
A noter le nom du vin Sol payre , c’est-à- dire sol empierré, sur la colline de
Saint-Martin, vestige de la voie préhistorique,
autrement dit de la voie de
Charlemagne , depuis Ruscino, Théza, une partie d’Elne, l’est de Sainte –Eugénie
deTrémals(ruines près d’un mas) , jusqu’à Collioure.
Le
tracé de la poie préhistorique empruntée par Hannibal.Nous savons que cette voie devenue romaine plus tard ,
puis voie de Charlemagne, reliant la vallée du Tech-Ruscino, à partir du
petit col situé à un kilomètre à l’ouest
d’Elne, continuait en ligne droite
jusqu’à Illiberis, située sur le coteau qui
se trouve à 2 km . 500 au nord-est
d’Elne. La voie préhistorique, puis romaine, passait donc à Illiberis.
Notes étymologiques :
Le nom du lieu dit La Pave
( en français droit de pavage)
désigne le lieu où était initialement
installé le péage pour l’entretien des routes , du latin pavio, niveler, aplanir , sans référence
sémantique à pavé.
Le nom de Las Routas (sous -entendu arenas, sables), où
Margail situe le port maritime d’Illiberis (c’est une plage sablonneuse) peut
venir du participe passé du latin ruo , creuser, pelleter, fouiller pour
desensabler, rutus , désensabler,
donc les sables remués, enlevés , fouillés.Mais
il a pu y avoir plusieurs ports successivement , comme Saint-Cyprien –Plage ou
l’un des étangs actuels , alors ouverts sur la mer et plus profonds ou
approfondis par des travaux.
Résumé pour le passage d’Hannibal à travers les
Pyrénées :
Il passe par les environs
de Collioure, comme le pensait Napoléon , exactement à Palol sur les coteaux de Saint-Cyprien, où existait
une voie préhistorique avec des cailloux (via
ferrata ), coteaux arrosés à l’époque par le Tech. C’est donc un port fluvial.
Le port maritime , à l’époque d’Hannibal,
est à Pyrène, peut-être près de Las Routas , qui aujourd’hui ,est ensablé.
Mais au Moyen Age , et
n’offrant de nos jours guère plus d’avantages, on a eu dans le voisinage le Gouffre (c’est-à-dire le golfe ou port ) du Canet (de
canna, barque ,+ diminutif en –et) ; puis , lorsque l’ ensablement est devenu
irrémédiable, Pyrène –Las Routas , le
port maritime d’Illiberis est déplacé à Collioure. Illiberis n’a pas
survécu à sa destruction par les Cimbres et les Teutons en. 102 av. J. C.
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