dimanche 8 janvier 2017

LE SCENARIO DU NAUFRAGE DE LAPEROUSE SELON LES INDIGENES ET LE SORT DE LAPRISE-MOUTON ET DE MARIN;

Le scénario du naufrage de Lapérouse selon les insulaires  de Vanikoro : le sort ultérieur de deux  rescapés de la Boussole d’abord, puis du bateau de secours : Laprise -Martin et  Marin.    


Le nom du blanc espagnol : popaa à Tahiti, popalangui , ‘popaleï en Mélanésie .
Aux Salomon, sur l’île de Malaïta, une tradition rapporte qu’un blanc à longue barbe blanche arriva sur une planche (popalangui  est interprété par méconnaissance comme signifiant planche du ciel , langui signifiant ciel , alors que le mot est l’altération de hispaniola, plus exactement de sa  métathèse ( his)palani.  Ce blanc fut honoré, dit-on, comme un dieu par toutes les tribus. Or, nous avons la version espagnole de ce mythe : le 11 avril 1564, le chef pilote de l’expédition de Mendaña, Hernan Gallego, accompagné du maître de camp Pedro Ortega Valencia embarquent sur un petit bateau appelé le Santiago, une brigantine que les naturels appelleront planche du ciel (popalangui).Ils visiteront l’île sauf le nord et seront obligés de fairefeu sur les insulaires. Le premier blanc dont les indigènes aient entendu parler était un espagnol et son nom se retrouve partout dans le Pacifique : en Calédonie,’popâleï, popalagni, à Tahiti popaa, etc.
Un nom du blanc plus général : le maka, ou homme rouge.
Le mot rouge, madja ou maka dans les langues mélanésiennes, désigne la couleur rouge. Pour les Mélanésiens , nous les blancs , nous leur paraissons rouges et non pas blancs. Ainsi dans la passe Maka lu mu à Vanikoro, maka désigne les européens, ici leurs bâtiments, lu signifiant deux et mu désignant le récif, l’écueil, donc le récif des deux vaisseaux. Ceci est intéressant car cela prouve que les deux bâtiments ont heurté le même récif, même si l’Astrolabe s’en est provisoirement  sortie et est allée finir dans une fausse passe du récif. Pareillement, dans le nom du récif Mangalia en Calédonie,  manga désigne les deux bâtiments de d’EntrecasteauU
Un nom pour les officiers, pingi, pongo, le pointu.
Le chapeau à cornes des officiers de marine avait surpris les naturels. Ils les ont appelés les « pointus », pingi, faisant allusion, soit probablement  à la pointe de leurs chapeaux, soit à leur fusil qu’ils prenaient pour une sarbacane.  Ainsi en Micronésie une île polynésienne s’appelle Kapinga marangi, l’île du chapeau pointu (pingi) français en l’honneur d’un rescapé de la Boussole,  Laprise-Mouton.
Le  nom des Français à Vanikoro : mara.
Dillon, puis Dumont d’Urville interrogèrent les  polynésiens de Vanikoro sur l’origine du   nom mara que ceux-ci appliquaient aux Français.  « Il a été impossible à Valiko de me donner l’origine du nom mara qu’ils assignèrent aux Français ; seulement, il dit que quand on demandait à ceux-ci d’où ils venaient, ils répondaient :Mara [France]… Avant ces deux navires, ils n’avaient jamais entendu parler des popalagui, mot qu’ils ont adopté de la race polynésienne pour désigner tous les blancs. » Ainsi,  mara vient , non de marin, mais de France, comme à Tahiti Farani, pour Français.
Le nom des blancs de Lapérouse à Vanikoro : ce ne sont pas des êtres ma, Gnamahumains, ce sont des esprits (Ngambé, Lambé, Ambi, Ignama ou Nama),  même s’ils sont comestibles…
« Les insulaires, nous révèle Dillon, ne  regardaient pas les blancs comme des êtres humains, mais comme des esprits, et des esprits malveillants Leur front ou leur nez présentait une saillie d’un pied de long (Martin Bushart pense que c’était le chapeau à cornes). « Leur nez s’avançait de deux palmes au-delà de leur visage. »
 «  Ils ne mangeaient pas comme des hommes. Un petit morceau de nourriture,  gros comme le bout du doigt, leur suffisait. Après l’avoir avalé,  ils se remettaient sur-le-champ à bâtir leur vaisseau. [de secours] » Par « petit morceau de nourriture », il faut entendre du biscuit, c’est-à-dire du pain de garde très dur conservé à bord  ou ici à terre dans des récipients hermétiques de fer-blanc.
 « Le chef était toujours à regarder le soleil et les étoiles et leur faisait des signes. »
1 Pour la Boussole,   le nom de Gnembe Neungge, ou Dean Passage c’est-à-dire la passe des Esprits ou des Blancs, indique le lieu où celle-ci a coulé entre  Noungna et
Makulumu (l’écueil des deux pirogues des blancs).
 Le capitaine Hunter disait que Lapérouse avait dû être victime du calme et des courants. Il avait raison, car  les deux bâtiments  de Lapérouse sont arrivés par le même chemin que prendront plus tard Dillon et Dumont d’Urville vers le havre d’Ocili. Or, lisons la déclaration faite par les Ticopiens à Dillon : pendant trois jours, les naturels  avaient aperçu «  deux grands vaisseaux qui  étaient arrivés près de leurs îles (les deux îles composant l’archipel Vanikoro) ; ils avaient jeté l’ancre, l’un [la Boussole] vers l’île de Vanou (la petite île, Tevanou, te- est un article),   le second [l’Astrolabe] vers l’ (autre) île  où se trouve  Païou, (îles) peu éloignées l’une de l’autre. Quelques jours après, et avant qu’ils eussent eu communication avec la terre,  une tempête (un fort  coup de sud- est) s’était élevée et avait poussé les deux vaisseaux à la côte. » Il s’agit donc d’une bonace, d’un calme de trois jours suivi d’un coup de sud-est brutal et soudain, avec des courants très puissants.
Selon le vieux Wéwo,  « la Boussole essaya de s’engager dans la passe de Makalumu et s’accrocha sur le récif. ».
 Pour les insulaires, ces migrants, ce sont les Espagnols qui reviennent du monde des morts. De là le nom de Gnambé, qui dérive aussi probablement de palagni , d’où lambi, ambi,nambé, neunggé. Ce nom  nous indique les lieux des deux naufrages, ceux où les blancs sont apparus. On peut aussi remarquer sur la carte de la page 29 , tout à l’est, à côté du   récif actuel , le nom polynésien, l’île des Revenants[de la Boussole], Neunggé motou Point, Miller Point, aujourd’hui,  le mot  polynésien motou signifiant une île.
 Le naufrage et le gisement réel de la Boussole : la Passe des revenants, des Blancs, Gnembé ou Neunggé, ou Dean Passage , Neunggé motou Point,, l’îlot des blancs, ou , de façon prémonitoire, Boussole reef.
«  Un navire [la Boussole] fut vu échoué sur les récifs de Tanema (ou Dennemah, en réalité Temou, Tanna, Temoa Temua,Emoa, signifiant la terre ferme opposée à la terre des îlots,  )… On ne sauva rien du bâtiment… Ce vieillard avait vu le navire échoué à Tanema (Temua) et les  4 hommes  [Rpoux d’Arbaud, Collignon, Marin, Laprise-Mouton]qui en provenaient, mais il n’avait pas vu ceux qui avaient appartenu au navire échoué devant Paiou (l’Astrolabe),  attendu que sa tribu (celle de Temua) était en guerre avec celles de ces districts [  Béu’u  ou encore  Paukori ] »


Selon le vieux Wéwo,  « la Boussole essaya de s’engager dans la passe de Makalumu et s’accrocha sur le récif. » Dumont d’Urville, dont la chaloupe suit le grand récif à l’extérieur, nous dit : « Nous laissons à notre gauche une petite île de sable, nommée Nougna, et plus loin [vers l’est] une seconde nommée Makalumu. C’est près de ces îles de sable qu’un navire s’est perdu il y a longtemps ».Makalumu  s’analyse en maka, homme blanc (littéralement rouge), lu qui signifie deux et mu, récif et signifie le récif des deux[ pirogues des ]Blancs . .
 L’îlot  de Makulumu dont parle Dumont d’Urville n’est plus  celui  que l’on connaît actuellement sous ce nom: Makulumu était   une fausse passe au droit de Temua, située entre l’ îlot Noungna et l’îlot  qui portait le nom de la passe et des bâtiments européens,  Makalumou, il faut donc se rapporter impérativement aux cartes de Dumont d’Urville (Voyage de l’Astrolabe, Paris, 1830, 2 tomes) ou de B. Brou,  p . 28 et 29 de la brochure Examen critique…, SEHNC, 1er tr. 1985, n°62 (car l’îlot Noungna (où nou signifie l’île et où ngnea signifie  qui  est en voie de disparition),cf Nouméa , la presqu’île,  englobait la fausse passe de Makalumu et se continuait, prenant le nom d’îlot Makulumu au-delà de la passe. Du temps de Dumont encore existait la fausse passe dite de Makalumu qui séparait  deux vestiges de terres rocailleuses et qui était le produit d’une érosion due à des courants très forts aujourd’hui encore, il est intéressant de le noter. Les courants ont entraîné à la fois  les roches et le sable constituant ces îlots,  et jadis  l’épave de la Boussole.
Après avoir heurté  la première  le récif de Makalumu dont le nom indique bien  la présence de deux (lu) bâtiments européens (maka), l’Astrolabe qui marchait en premier réussit à se tirer de ce mauvais pas et elle entra dans ce qu’elle prit pour une passe du récif à marée haute : la fausse passe  du récif de Paiou.
On n’insistera jamais assez sur la confirmation d’un  Vanikorien à Dumont d’Urville : « C’est  ici [à Makulumu] qu’a coulé un  bâtiment [la Boussole]. Je ne l’ai pas vu, mais on me l’a dit ».

La tragédie de la recherche de la Boussole a voulu que, en 1956,  à une époque où la découverte d’une  seconde épave dans  la faille du récif, en réalité celle du bateau de secours qui fut pris pour la Boussole,  n’avait pas encore vicié le débat,  le commandant Bonnet, en fonction sur le Tiaré, passe à côté du véritable gisement de la Boussole, sans pouvoir véritablement l’explorer. D’un vieil indigène il avait  recueilli la tradition qui affirmait  que
 «  l’un de ses ancêtres  avait vu dans son enfance, non loin de Vanou (Tevanou , nom de la petite île), les très grands mâts d’un navire coulé ». L’individu  en question  accepte de leur indiquer précisément l’emplacement,  qui est bien entendu très éloigné du site de la faille du récif.  Malheureusement, en cours de route, l’embarcation des Français chavire et  les  quatre scaphandres autonomes tombent à l’eau. Il ne reste plus au commandant du Tiaré et à ses hommes que quelques masques de plongée pour explorer l’emplacement du naufrage, « à cent mètres environ du sud de l’île Naoun-Ha » , autre orthographe de Noungna,à  ne pas confondre avec un autre ’îlot Nanoun-Ha au nord de l’île).  Les conditions météorologiques sont défavorables ; depuis la surface, les nageurs remarquent que le massif de corail sur lequel ils sont ancrés a une forme oblongue et régulière .Privé des moyens de mener une fouille plus approfondies, la capitaine  Bonnet est persuadé qu’il s’agit de la coque de la Boussole recouverte de corail et déclare qu’aucun mémorial n’atteindra jamais la somptuosité de cette sépulture naturelle. » (Bonnet,  lieutenant de vaisseau, Rapport de mission à Vanikoro au Commandant de la marine en Nouvelle-Calédonie.)
Pour moi, la cause est entendue. Dès 1985, au Colloque d’Albi du 25-31 mars,  après avoir cité Dillon : « un autre navire, la Boussole,  avait péri près des îles de sable nommées Maka-Lumu », je concluais: « Le mystère demeure entier .Il faudrait qu’une mission aille explorer ce site qu’une tradition obstinée nous indique en vain depuis plus d’un siècle et demi. » En 1990, j’ai demandé à  Bernard Brou qui participait à une expédition sur Vanikoro de vérifier l’hypothèse à laquelle je tenais depuis 1985 pour l’emplacement de la Boussole. Voici ce que B. Brou écrivit dans le Bulletin de la SEHNC n° 90 à son retour à Nouméa :
 «  L’hypothèse d’un naufrage possible à Makulumu était basée sur l’étymologie du mot,  qui signifiait : « là où la grande pirogue a sombré » (sic !) Mais nos recherches ont précisé qu’il s’agissait de Makalumu [exact !], donc sans signification particulière (ce qu’a confirmé une exploration sous-marine rapide). » Encore une occasion ratée ! Mais l’Association Salomon  (dans  Le mystère Lapérouse),  désireuse de prouver  que la Boussole gît dans  la faille du récif, émet l’hypothèse qu’il s’agirait là d’un navire japonais qui se serait échoué en 1928 et se serait délesté pour se déséchouer. Mais dans sa liste quasi exhaustive des bâtiments passés à Vanikoro, p ; 358 du même ouvrage, Conan ne cite aucun navire japonais ! L’Association  a poussé le scrupule jusqu’à remonter des gueuses de fonte (étaient-elles donc invisibles lors de l’ « exploration rapide » de 1990?) provenant du navire présumé nippon et jusqu’à les faire analyser  en 2007 par le laboratoire industriel de fonderie ENSAM CER d’Angers, afin de savoir si ces gueuses étaient  identiques à   celles découvertes sur les épaves de Lapérouse. Les résultats étant négatifs, l’Association, en conclut qu’elles proviennent très certainement  du bateau japonais. Mais d’où venait alors cette « forme régulière et oblongue » aperçue par le commandant Bonnet ?


2 Pour l’Astrolabe, la fausse passe du récif où, depuis le début, on s’accorde généralement à voir le gisement de son épave,  s’appelle dans la langue du pays la fausse passe des Ngambé (esprits ou blancs), la baie s’appelle  Ngambé et la rivière voisine s’appelle la rivière des Esprits (Ngambé).
La tradition orale rapporte que l’Astrolabe, en panne durant trois jours faute de vent  et  poussée par les courants, heurte de nuit,   comme la Boussole,  le récif de Makalumu dont le nom indique bien  la présence de deux (lu) bâtiments européens (maka) sur l’écueil  (mou),  non loin de l’endroit où un  pierrier en bronze de  1/2 livre, pesant 94 livres (48 kgs) et  portant le n°  260,  attestant d’un échouage de l’Astrolabe,  a été repéré  par l’officier Vedel à bord du Bruhat en 1883. Vedel,  pressentant l’importance de sa trouvaille pour la localisation de l’épave, nous a donné ces précisions : il avait fait sa découverte loin du site prospecté par Dumont d’Urville et par l’équipage du Bruhat, savoir la fausse passe de l’Astrolabe, « à plusieurs milles [1852 m] dans l’est de Payou,  sur le plateau du récif extérieur, à marée basse », dans le district de Tanema, au droit de  Temua.
Le choc nocturne  a entraîné une avarie dans la coque et la noyade d’une quarantaine de personnes,   comme nous l’indique le nombre de 200 membres de l’expédition donné par Makataï,  qui a compté la centaine de  cadavres de la Boussole qu’il n’avait pas vue et la quarantaine  de l’Astrolabe qu’il n’avait pas vue non plus, auxquels il a ajouté les soixante survivants du bateau de secours, le seul bâtiment qu’il ait vu.. Pourtant, l’Astrolabe,  si mal en point qu’elle fut , réussit à se déhaler du récif de Makalumu et parut sauvée ;  mais, poussée par les courants et par le  coup de sud-est, elle pénètre malgré elle  , à marée haute, dans une passe apparente du récif,  ce qu’on a  appelé la fausse passe  du récif de Paiou. Il est invraisemblable qu’elle se soit introduite volontairement dans la fausse passe du récif sans l’avoir reconnue au préalable, comme le voudrait Dumont d’Urville. 
Sutton de Clonard  donna l’ordre de se préparer à  tirer sur les indigènes en les voyant si agressifs, car on a retrouvé un canon chargé. Il s’est ravisévet n’a pas donné l’ordre, finalement, de tirer. La preuve qu’il commandait à bord de l’Astrolabe, puis du bateau de secours, ainsi que la preuve que l’épave de la faille du récif est bien, non pas celle de la Boussole, mais celle du bateau de secours, nous est donnée par le fait que l’on a retrouvé une fourchette   en argent blasonnée aux armes de Sutton de Clonardsur l’épave de la faille du récif, censée être celle de la Boussole ! Après le naufrage des deux bâtiments,  les rescapés se comptèrent ; ils appartenaient tous  à l’Astrolabe, ils étaient environ 70 et n’avaient aucune nouvelle de la Boussole. C’est dire qu’ils étaient beaucoup trop nombreux pour tous prendre place  sur l’embarcation de secours de 20 tonneaux qui leur restait et qu’il leur fallait construire un bateau de secours en désarmant l’Astrolabe.
  La tradition rapporte que les naufragés sont restés quelques six mois avant d’être massacrés et qu’ils ont eux-mêmes « démoli le grand vaisseau [l’Astrolabe] qui, autrement, eût pu subsister encore très longtemps » afin de construire le bateau de secours. »  L’Astrolabe II ,ou Lapérouse   à l’embouchure de la rivière des Esprits, ne  dépendait pas de  Makataï, le   guerrier ticopien  installé à Ocili,   mais celui-ci, jaloux des bonnes relations entre un chef qui était son rival et ces « envahisseurs » blancs ,  sut  capter  la confiance de ces derniers pour mieux les trahir  et mit , de nuit,  un terme  à la destinée du Lapérouse  qu’il incendia : on a trouvé des traces d’incendie et des ossements carbonisés sur l’épave de la faille du récif , qui est bien celle du bateau de secours. Le bateau de secours fut, quelques jours après, entraîné par les courants,   au cours d’une marée plus haute que les précédentes,  « vers le sud- sud-est », si l’on en croit ce vieux Wéwo,  c’est-à-dire vers la faille du récif : « Quelques jours après le massacre,   [le Lapérouse, qui était pratiquement à sec à l’embouchure de la Rivière des Esprits ] se  remit à flot tout seul, sans doute grâce à une marée plus haute et partit à la dérive. Mais il n’alla pas loin et sombra, sous le regard des indigènes. « Là- bas, nous dit le conteur au bras maigre tendu vers le Sud -Sud- Est [la faille du récif] ». Nous sommes renseignés sur cette marée haute: dans la rivière des Esprits,  où était construit le Lapérouse  (et non pas près de la Rivière Lawrence ou  Russell à Paiou),  à moins de 100 mètres de l’embouchure : il y a généralement très peu d’eau , mais il peut y avoir quelques 3 mètres d’eau dans les grandes marées. 

 3 Les trois ou même quatre naufrages de la tradition : il y a trois épaves (la Boussole, l’Astrolabe, le bateau de secours ou Lapérouse) et seulement deux gisements retrouvés: celui de la fausse passe (l’Astrolabe) et celui de la faille (le bateau de secours), sans parler de l’embarcation de Laprise-Mouton (le chef Matthew , Marin et le chef polynésien ).  
Dumont  écrit qu’au village de Vanou ( près de Paiou ) un guide de la petite île Tevanou  raconta «  qu’outre les deux navires qui avaient fait naufrage à Paiou (l’Astrolabe) et à Vanou (village près de Paiou : il s’agit du bateau de secours) , un autre (la Boussole) avait péri près des îles de sable nommées Maka-Loumou, au sud de l’île, mais qu’on n’avait pu rien en sauver, attendu qu’il avait été sur-le-champ brisé, et s’était englouti le long du brisant. »
 Aucun  indigène de Vanikoro n’a  pu voir   à la fois les naufrages  des trois  bâtiments de Lapérouse. Makataï, le tueur des équipages, n’a vu, semble-t-il,  que le bateau de secours à terre, et il n’a même pas vu l’Astrolabe qui avait déjà était détruite par les rescapés. Si, depuis le début,  le gisement de la fausse passe du récif, celui de l’Astrolabe,  n ‘a jamais créé trop  de problèmes, il y en a eu beaucoup  pour la Boussole et pour le bateau de secours.


4 Le camp des Français  à  Ambi , altération de Ngambé ( rivière des Esprits), à l’embouchure de la Rivière des Esprits.
La Rivière des Esprits (Ngambé) doit son nom aux Français considérés comme des esprits.  Elle est située bien  à l’ouest de la rivière Lawrence ou Russell de Paiou   et, comme par hasard, juste en face du gisement de la fausse passe de l’Astrolabe. D’ailleurs,  même Conan,  partisan pourtant de la  localisation du camp des Français  à Paiou, reconnaît que « seule la rivière des Esprits, en face de la Fausse Passe, aurait peut-être pu offrir à l’époque des conditions adéquates, mais son embouchure est maintenant inondée et il faut aller loin vers l’intérieur pour trouver un sol sec et assez dégagé. » De même, le commandant de Brossard cité par  François Bellec ,dans Les Esprits de Vanikoro, écrit à propos du Camp des Français qu’on situe à tort  à Paiou : « Mais un autre emplacement plus à l’ouest  a également été désigné. »

5  L’endroit où l’on a construit le bateau de secours à Béu’u  à l’embouchure de la Rivière des Esprits.
Comme, de toute façon, ni le Camp des Français présumé à Paiou, ni l’endroit où l’on aurait  construit le bateau de secours à l’embouchure de la rivière Russell n’ont livré de restes convaincants, je suis persuadé qu’ils étaient tous deux situés respectivement  près de la rivière des Esprits, à Ambi  et à Béu’u et non près de la Rivière Russell, à Paiou, comme on le fait généralement. La forme du nom Béu’u, prise souvent à tort pour Païou,  nous est donnée par Makataï : c’est l’altération phonétique, l’apostrophe notant un coup de glotte pour k, de Béukou(ri) où l’on reconnaît Palikuri (nom d’une ville polynésienne de Micronésie) Paukouri ou Pakaré.

6 Le bateau de secours dans la faille du récif, à Paiou. 
L’événement le plus important depuis les recherches de Dillon et de Dumont d’Urville  a été la parution,d’un extrait  dans le bulletin n°90, janvier 1990, de la Société d’Etudes historiques de la Nouvelle-Calédonie, de la  déclaration  recueillie en 1990 par la SEHNC.  
Déclaration du Polynésien  Makataï , ancêtre du chef Gaspard, recueillie à Monovai .
« L’île (de Vanikoro, la petite) est propriété des Tiocopîens., autrefois dirigés par 4 chefs.. ces guerriers sutilisaient des canoës de guerre traditiopnnels pour voyager jusqu’àVanikoro (la pêtite île).
Un jour, un  homme fort, nommé Makataï [de maka, rouge, c’est-à-dire homme blanc, et de taï, qui mange, le «  mangeur de blancs », altération humoristique de son nom Taumaka ou Taomako , nom d’une île voisine !], arriva [à Mallikolo [prononciation polynésienne  pour la forme mélanésienne  Vanikoro ;   Makataï réserve le nom de Vanikoro à la petite île  Teanu et à un village situé sur cette île  appelé lui aussi  Vanikoro ou Mallikolo peuplé de
Mélanésiens] et trouva quelques indigènes [mélanésiens parlant le teanu, qui se réfugient ensuite au nord-ouest de la grande île au nord, à Vanou, homonyme qui n’intervient pas dans le scénario] qui vivaient sur l’île (la petite île). Il les tua tous et vécut en un  lieu appelé Osiri [en polynésien], appelé  de façon erronée Wassili par les immigrants [sic, explorateurs européens].[il s’agit du havre de Dillon et de Dumont d’Urville, Vanou- Ocili,. Tout ceci est vrai car, nous dit Dumont, « naguère  un village se trouvait aussi sur la plage d’Ocili, et l’on en voit encore les ruines. Mais les habitants ont été exterminés  à la suite de quelque combat et leur territoire est tombé au pouvoir de la tribu de Tevai sur la petite île Teanu ». Dumont parle encore d’Ocili « dont les habitants ont été récemment exterminés. »]
  Makataï résidait encore sur l’île [Ticopia] quand un navire [l’Astrolabe] fut jeté à la côte au port de Béu’u [coup de glotte pour k, péuku, généralement à tort identifié à Paiou  , mais en réalité Peuku  , soit Paucouri  ou Pakaré,  en face de Ignama,sur  la Rivière des Esprits). Le navire, appelé Laborouse selon le nom de son commandant [les pièces réutilisables de l’Astrolabe, réemployées dans un bâtiment plus petit,  baptisé Lapérouse en hommage au défunt commandant],  comprenait 200 membres d’équipage [Makataï compte les 60 rescapés de l’Astrolabe, les 104 noyés de la Boussole et les 40 noyés de  l’Astrolabe lorsqu’elle a heurté le récif de Makalumu]. Le navire Laborouse était échoué sur un de ses côtés [en cale sèche]. Makataï se rendit à Béu’u [à l’embouchure de la Rivière des Esprits] pour aider l’équipage du Laborouse  qui, lorsqu’il arriva, était en train de  construire un radeau [un train de flottaison de bois coupé] avec des arbres qui se trouvaient à proximité….. Makataï [avec ses hommes] continua à  aider … [pour gagner la confiance de l’équipage], puis après quelques jours se décida  [à trahir] l’équipage.
  « Un soir,  il arriva que tous les hommes à terre [dans le Camp des Français] étaient profondément endormis. Il  commença à  tuer  (puis) se rendit à bord du navire  [le Lapérouse] pour tuer ceux [qui étaient à bord].. il invoqua les esprits de ses  ancêtres [un  démon qui aurait  la forme d’une anguille noire, Tangaroa]. Il mit le feu au navire [on a trouvé des traces de feu et des ossements carbonisés sur l’épave de la faille du récif, -le bateau de secours, -ce qu gêne les partisans de l’identification de cette épave avec la Boussole, seule l’Astrolabe ayant connu un commencement d’incendie raconté par Lapérouse lui-même]. Il tua  alors tous ceux qui étaient à bord  … [ pluriel  justifié car on y a retrouvé des ossements de deux hommes(dont Pierre Paris, le compagnon d’Ann Smith), d’une femme , -Ann Smith, -et un  squelette, celui  du dessinateur  Gaspard Duché » de Vancy  transféré sur l’Astrolabe, à cause de son caractère impossible,  faisant tous partie de ces hommes assassinés  , mais oubliés par Makataï sur le bateau de secours], puis rassembla  des choses du bord telles que cuillers, tasses, assiettes et bouteilles. Il pendit à son cou une étiquette nominative [entendez une médaille du type des 100 médailles  « d’argent ou de bronze,  à l’effigie du roi, avec l’inscription « Les frégates du roi de France, la Boussole et l’Astrolabe commandées par MM. de La Pérouse et de Langle, parties du port de Brest en juin 1785 »] appartenant au commandant Laborouse [Sutton de Clonard  , qui commandait le bateau de secours et que Makataï va tuer lui-même] et effectua son voyage de retour vers Tiocopia.. Ces articles sont toujours conservés dans une maison coutumière de Ticopia, et y sont encore aujourd’hui. … Le temps s’est écoulé quand un autre Français [extrapolation logique, mais Peter Dillon était en réalité  de nationalité britannique] arriva.  Son nom était Dillon. Il découvrit l’étiquette nominative au cou de Makataï, .. qui lui dit que c’était lui qui avait détruit le navire et tué l’équipage. Dillon demanda à Makataï de venir avec lui… ,Makataï avait peur d’y aller seul  [à cause des fantômes et autres toupapaou], aussi  demanda-t-il  à quelques hommes de l’accompagner….  Ils arrivèrent à Béu’u [Paukouri] et Makataï montra l’épave  à M. Dillon [l’épave reconnue par Dillon, celle de la faille du récif, où Makataï a vu sombrer le Lapérouse après avoir quitté sa cale sèche à l’occasion d’une grande marée], puis ils retournèrent à  Vanikoro [la petite île] ».
  Voici encore  la  déclaration du vieux Wéwo :   « Les (60 cadavres du camp) servirent au plus fastueux des festins de la tribu et aujourd’hui encore, près de deux siècles après le drame, on y chante  cette mémorable journée où l’on a mangé tant et tant (une soixantaine) de Blancs… »
Le sort des quatre rescapés de la Boussole.
Pour Roux d’Arbaud, il suit Lavo  et on verra son odyssée dans mon blog Quelques survivants de l’expédition Lapérouse.
 Pour Collignon, voir  mon blog  Le maïs préeuropéen à Tanna .
Restent Laprise-Mouton et Marin dont le sort est lié à Vanikoro.
La vie mouvementée de deux rescapés : Laprise- Mouton et de Marin et la mort de ce dernier devant Tanema.
Le  nom de Laprise Mouton, a été altéré par les indigènes en Matthew  prononcé matau. Il s’associe avec  le chef polynésien de Paucori pour lui apporter l’inappréciable secours des armes à feu européennes à plusieurs reprises. 
La date.
 « Deux hommes blancs restèrent après le départ de leurs compagnons. L’un (Laprise-Mouton)  était  chef ,  l’autre un homme qui servait le  chef (Marin). Le premier (ce dernier, Marin , mauvaise traduction ?) mourut il y a  environ trois ans (en 1823) ; une demie année après (en 1824) le chef du canton où résidait l’autre homme blanc (Laprise -Mouton)  fut obligé de s’enfuir de l’île, et l’homme blanc partit avec lui ; le district qu’ils abandonnèrent se nommait Paukori (Béu’u, Pakaré). Mais nous ne savons pas ce qu’est devenue la tribu [polynésienne] qui l’habitait alors. » 
  La date semble fausse : Dillon a-t-il altéré l’indication du lascar,  désirant montrer la légèreté de son prédécesseur d’Entrcasteaux qui selon lui,  aurait pu sauver en 1793 les deux rescapés ? D’ailleurs, le lascar  a aussi déclaré à Dumont  en 1827 que « les deux  blancs étaient morts il y a très longtemps ».
Il serait plus  vraisemblable que  la mort de Marin et le départ de Laprise- Mouton aient  eu lieu  en même temps que la migration qui aboutira à Ouvéa (Loyauté ) et qui transportera à Balade des reliques d’un  bâtiment de Lapérouse  et que la migration  qui finira en Micronésie,  , donc de 1789 à 1793  environ, sans doute vers  1790, à en croire  .James O’Connell, dans A ressidence of eleven years in New Holland and the Caroline Islands (réédition, p .201). Celui-ci  écrit que,  selon ses calculs,  c’est  environ quarante ans (une génération ou deux) avant son arrivée en 1826, c’est-à-dire vers 1790, qu’un blanc moustachu présenta un couple de poules à un chef de Nutt. Il était arrivé sur un bâtiment à un mât. Pour moi, l’introducteur de ces volailles de Vanikoro à Nutt était l’officier Laprise- Mouton, notre rescapé. A l’appui, Dumont rapporte qu’un  vieillard de Manevai sur la petite île, témoin oculaire étant donné son âge,   confessa qu’il avait vu deux blancs qui étaient descendus à Paiou ; mais il ajouta qu’ils étaient morts depuis longtemps sans avoir laissé d’enfants. De même, le  grand prêtre  Moembé dit  à Dumont : « Tous les blancs [du bateau de secours] qui essayèrent, plus tard, de gagner la terre furent à leur tour tués à coups de flèches, excepté deux pourtant qui se rendirent à Paiou (ce n’était donc pas le lieu de construction du bat eau de secours ), mais n’y vécurent que quelques mois, et, peu de temps après, il se développa une maladie qui fit périr bon nombre de naturels. » On voit que des deux blancs, l’un  avait migré, l’autre était mort, et que le lascar ne pouvait les avoir rencontrés.
Du bateau de secours et de l’attaque menée par Makataï , ont seuls réchappés les 6 hommes (Roux d’Arbaud,  Simon Lavo, Héreau, Blondela, Richebecq,et Gaudebert qui gardaient une petite embarcation de secours à côté du grand bateau de secours , le Laborouse, et  trois  hommes, Collignon  Laprise-Mouton et Marin qui , à la nage, s’enfuirent et cherchèrent refuge auprès du chef polynésien  qui les avait accueillis une première fois, juste après le naufrage de la Boussole.
1Les deux rescapés choisirent d’abord de s’installer  à dans la baie de Saboë. Selon Conan, « une large baie plus au sud-est, la baie de Saboe, aurait également pu offrir des conditions adéquates [au lancement d’une embarcation pour tous  les rescapés de l’expédition] : la KTC y avait d’ailleurs installé son campement initial, mais la petite rivière qui fournit l’eau douce s’est vite révélée insuffisante pour satisfaire les besoins des naufragés [tous ceux de l’Astrolabe et de la Boussole] »  C’est là qu’ils décidèrent de construire une petite embarcation.  
2 Puis, ils s’établirent à  à Ignama. , altération de Gnambé, les esprits par le cas du duel. : les deux blancs. Legoarant de Tromelin a noté : « Ces Blancs [de la Boussole, Laprise -Mouton et Marin]  s’établirent au village d’Ignama, à environ quatre milles au nord de Paiou » (environ 7 kilomètres), plus exactement à Lambé, altération également de Gnambé, Esprits, Blancs.
 Selon Galipaud ,  depuis Paucori,  à Béu’u (Paukouri), près de l’embouchure de la rivière des Esprits , Mouton aurait lancé des «  pierres chauffées» (boulets) et détruit l’îlot Filimoè en face d’Ignama,  où s’était réfugié le chef rival de l’allié polynésien de Mouton,  parce qu’il avait volé à  l’ami de Matthew(laprise-Mouton) la femme que celui-ci convoitait.
3) Ils s’établirent  ensuite à Paiou qui  est également décrit comme « le lieu de résidence d’un officier ou d’un savant [Laprise- Mouton] et de son aide [Marin] qui décidèrent de rester dans l’île après le départ de leurs compagnons. »  Le camp présumé des Français prospecté par J. C. Gallipaud pourrait bien être le lieu de résidence de Laprise- Mouton  et de Marin. .
4) Retour vers le lieu de débarquement de la Boussole. Selon une   tradition rapportée par Dumont,  20 hommes et 3 chefs en train de piller le bateau échoué à Vanou, savoir le bateau de secours, furent tués. Dumont rapporte  encore que,  selon le chef de Teanu,  un  Français  venant de Paiou avait abordé au village de  Vanou, près de Dennemah, en face du lieu où le bateau de secours avait coulé, et qu’il avait tiré sur les naturels à coups de sarbacane (fusil) : il en avait tué une vingtaine .Selon Galipaud, 5 chefs et des hommes furent tués, savoir les cinq chefs de Vanou, près de Paiou, , savoir Valeco, Oley, Amea, Feto et Tabinga, ainsi que presque tous leurs gens, une quinzaine. .
.D’après une autre tradition, il  périt dans cette affaire  5 naturels de Vanou, dont 3 chefs et un  homme de Dennemah.
 Dillon rapporte que Laprise- Mouton vint dans sa chaloupe jusqu’au récif près de Dannemah et y tua le chef de ce village qui s’appelait Naourey  près de Murivai (de l’autre côté de la baie de Saboè) ,  alors qu’il était en train de pêcher tranquillement . Matthew mit un instrument dans sa bouche (le fusil de Mouton est pris pour une sarbacane) et l’on entendit un grand bruit. Le chef Naourey  fut tué et  tomba en dehors de la pirogue et la magie du blanc empêcha qu’on pût retrouver son corps.
 Tanema et la mort de Marin  à Vanikoro.
Selon N. S. Hefferman, dans Government station Vanikoro, à Mac Neill, Australian Museum, janvier 1926 : « Mon gardien de prison me dit que les pièces de monnaie que l’on découvre constamment au village de Tanema (ou Dennemah’, près du lieu d’échouage de la Boussole) ne proviennent pas du navire de Lapérouse [la Boussole], mais d’un autre bateau [l’embarcation de Jérôme Laprise- Mouton,  qui avait dû laisser à bord sa cagnotte récupérée sur la Boussole  ] qui s’est échoué peu après [un an ou deux] .
A la mort de Marin, tué et mangé par les adversaires de leur ami le  chef polynésien, Mouton et son ami le chef polynésien décident d’émigrer : ils vont en Micronésie, et fondent des « exclaves » polynésiennes à  Nutt en 1790, puis à Nukuori (Cf le nom de Vanikoro, et en Micronésie comme à Vanikoro  celui de Palikouri ) et à  Kapingamarangi (l’île du Français, -marangi, -à chapeau pointu, -pingi).
  A la mort de Marin, Mouton et son ami le chef polynésien décident d’émigrer : ils vont en Micronésie, et fondent des « exclaves » polynésiennes à Nukuori (Cf Vanikoro, Palikouri en Micronésie) et à  Kapingamarangi .
 1) Premier  indice : le nom de Kapingamarangi en Micronésie, dans des « exclaves » polynésiennes : l’île du  Français à chapeau pointu.
Ainsi, le « chef Mathew »  accompagna le chef polynésien  de Paukori (Paiou) dans sa migration en Micronésie vers Nutt et Palikori. La coutume était, en effet, d’échapper à la mort qu’entraînait la défaite par une migration. Ce chef émigra donc avec 6 autres Polynésiens et son « captif «  blanc   dans une île  de Micronésie, nommée Kapingamarangi,  où l’on peut reconnaître le mot signifiant Français,   marangi (Farani en tahitien, altération de Français, marang à Vanikoro), ka signifiant celui qui,  pinga signifiant  recourbé et faisant allusion au chapeau ou bicorne d’officier).
2Autre indice : le canon fleurdelisé de Pohnapé (Micronésie).
 Jean Guillou, dans La Pérouse … Et après ? a révélé de l’existence d’un canon fleurdelisé en Micronésie. .  Sur le chemin de  Kapingamarangi, l’embarcation portant le rescapé de la Boussole,  le chef polynésien et ses 6  hommes fut envoyée par un fort coup de vent sur le récif entourant Pohnapé en Micronésie  et  l’un des passagers , Mouton,  réussit   à sauver un canon fleurdelisé , en cuivre,    ressemblant à celui que Dillon  avait  rapporté (« un canon de 2 pouces avec fleur de lis »). .Edmond Jurien de La Gravière,  dans son Voyage en chine (1854) , citant Joseph de Rosamel,  mentionne la présence  à Pohnapeï   d’ « un petit pierrier de bronze frappé d’une fleur de lys »  que l’amiral  supposait provenir du navire de secours construit par les rescapés de l’expédition Lapérouse ».  Dans Pohnpeï , Micronésie , 1840 , Voyage de circumnavigation de la Danaïde, par Joseph de Rosamel, nous apprenons ceci : « Un [des passagers] descendit à terre à la nage tenant un pierrier  d’une main et nageant de l’autre ; il maniait cette arme comme un fusil. C’est ce pierrier qui fut porté dans l’intérieur et taboué par les indigènes. Le capitaine Dudoit le vit en 1834 et 1835. La corvette anglaise le Larne qui vint à Bonnebey [Pohnapé] en janvier 1838 le fit transporter à bord et l’emporta. Le canon avait eu la culasse sciée par les naturels, la chambre pouvait avoir un diamètre double de la bouche et une fleur de lys, mal gravée, était sur  le bourrelet de la culasse qui n’avait pas été enlevé…» Le canon fut, hélas ! vendu au poids.
  Allain « Mazrin » ou plus exactement (erreur de lecture des registres de Brest, la boucle finale du ayant été prise pour un z) Alain Marin, de Quimper.
Jean Guillou nous précise que l’un des deux survivant (Marin) « était mort à Paiou  et  que son corps  avait été  jeté à la mer. ». Le capitaine Dillon  rapporte cet usage en ces termes :
«  Quand un ennemi tombe entre les mains (des Vanikoriens),  il est tué immédiatement ; son corps est déposé dans de l’eau de mer et y est conservé jusqu’à ce que les os soient complètement dépouillés.  Le squelette est alors retiré : on gratte les os que l’on coupe de diverses manières pour former les extrémités aiguës des flèches et des lames. » L’eau boueuse et habitée des mangroves fait très bien l’affaire. Les bras et les jambes sont seuls mangés. Les autres ossements servent, une fois polis, à faire des pointes de flèches, etc. 
  Ce rescapé de la Boussole est mort devant Tanema lorsque la chaloupe où il se trouvait avec Laprise- Mouton a été prise d’assaut. Il a alors été mangé. Quand Dillon, puis Dumont d’Urville ont demandé comment s’appelait le survivant, les Polynésiens ont répondu « Mara » sans hésiter, ce qui signifiait « Marin » pour eux, mais a été confondu par Dumont avec le paronyme Maran », polynésien farani,  altération de Français Le nom de Marin se retrouve sous la forme mélanésienne Mara dans le toponyme de la tombe [entendons  le pourrissoir, le lieu de décharnement]  de Mara, de Marin,    située sur le territoire de Tanema au milieu  de palétuviers.  B. Brou raconte qu’un  crâne et une dent, -ceux de l’infortuné Marin, - y ont été retrouvés près d’un polissoir de basalte. Les  vainqueurs ont emporté à Lalé  certains os, l’humérus notamment,   pour les manger. On a montré à l’expédition Salomon un morceau d’humérus de 16 cm aux deux extrémités cassées, mais non fendu dans le sens de la longueur.  A part la «  tombe » de Marin,  il n’y a que deux « cimetières » de Français à Vanikoro : le plus grand à Mambola pour les 104 noyés de la Bousssole , y compris Lapérouse et la quarantaine de noyés de l’Astrolabe,  l’autre à Whanu- Ocili pour la soixantaine de rescapés de l’Astrolabe massacrés par Makataï : leurs crânes et  ossements y  ont été transportés, depuis le  Camp des Français,  pour le festin funèbre organisé par Makataï. 
                                                  





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