L’ITINERAIRE DE CESAR,
DES ENVIRONS DE SENS EN PASSANT PAR
VELLAUNODUNUM JUSQU’AUX BORDS DE LA LOIRE A GENABUM-GIEN
ET LE CAS D’ORLEANS .
Après le
Père Danville qui fit
autorité trois siècles durant, ce fut
Camille Jullian, qui établit dans
sa monumentale Histoire de la Gaule une identification des lieux cités par César.
Or, depuis le début du XXe siècle, nous avons d’autres moyens d’investigation qu’à l’époque de Camille Julian. A noter que le gaulois , langue
indo-européenne faisant parte du groupe celtique, est une langue riche en faux
amis, par exemple le nom du golfe du Lion
n’a rien à voir avec un lion, fût-il des cavernes, mais vient du golfe de Lakudon, l’ancien nom phocéen
de Marseille, qui désigne une darse ou une anse ; de même, la Gaule
Chevelue n’a rien à voir avec des
forêts qui constitueraient la chevelure de cette partie de la Gaule :
l’expression vient de Gallia Comata
qui veut dire la Gaule unie ou fraternelle,
komata voulant dire fraternelle ; deiwon ne veut pas dire divin (latin divum), mais redoutable (racine dweinos), novum ne signifie pas nouveau (latin novum), mais lieu du sacrifice, etc.
Agedincum, Montacher- Villegardin, à proximité de Sens.
On a beaucoup
discuté pour savoir si Agedincum était
l’actuelle Sens (ablatif Senonibus), la ville des Senones, ou Provins.
Provins s’appelait anciennement Tasgentilia, du nom du dieu Moritasgus. , de Moritasgetius,
puis Tasogendinia., et par la suite Tarodin, C’est cette dernière forme, donnant Trodin, qui a subi l’attraction du nom d’une rose de
couleur pourpre (en latin rosa probana), rapportée de Syrie à son
retour de croisade par Thibaut de
Champagne. Le nom de probana viendrait, dit-on, du nom de Probus, un teinturier romain qui avait, à partir du
murex, inventé une nuance de pourpre
dite purpura probana.Mais il peut
s’agir d’une forme dialectale dérivée du grec porphura, propura, probara. . Il s’agit d’une Rosa gallica dite de Provins. Donc Trodin a subi l’attraction de (rosa)
Probana et a donné Provin., avec un s analogique.
Agedincum, de tasgetincum, tient son nom du dieu gaulois Moritasgus.
Le nom a donné aujourd’hui gardin
dans Villegardin, métathèse
vocalique de villa agerdin, la
ferme (villa) d’Agerdin , de Agedin(cum).
A
proximité de Sens, là où passe une voie romaine et où existait un pont de bois
sur l’Yonne, à Villeneuve-sur-Yonne, on a un oppidum de 120 hectares, ceint d’un
rempart, celui de Champ -Château, lieu du combat entre Labienus et les Senons,
et le nom de Villegardin qui, dans la commune de Montacher-[de mon, de medhuanum, sacrifice, et de
tasgetès,] Villegardin., perpétue le
souvenir d’Agedincum. Sens a conservé une partie de son enceinte romaine et
un plan avec deux rues perpendiculaires,
decumanus et cardo. Le camp de César au sud de la ville a abrité les six légions
de Labienus..
De Sens, César (César, VII, 11, 1) met deux jours pour atteindre à raison d’étapes
de 20 kms environ par jour Vellaunodunum, aujourd’hui lieu-dit les
Veluns, oppidum des Sénons,
dans le Loiret, près de Montargis[de mon, du gaulois medhuanum, sacrifice, et de Targis, de Tasgetès,] sur la route de Genabum (Gien).
Vellaunodunum.
L’identification de Genabum
avec Gien entraîne, de façon quasi automatique, celle de Vellaunodunum avec
Triguères et inversement. Pareillement, l’identification de Genabum avec Orléans entraînerait celle de Vellaunodunum
avec Montargis, Beaune-la-Rolande,
Château-Landon, ou Sceaux-en- Gâtinais.
A) De
nombreuses identifications ont été
proposées : l’abbé Leboeuf, Leblanc
et Chardon tiennent pour Auxerre et ses alentours : Vallan,
Bléneau. Le jésuite danville, dans Eclaircissements,
p. 219 et suivantes, partisan d’Orléans pour Genabum, propose logiquement Beaune-la-Rolande
(anciennement Beaune –en- Gâtinais) près de Pithiviers, dans le Loiret, comme Maillart, Mercure
de France, août 1737, p. 1762. La Commission de topographie des Gaules
proposent Château-Landon, près de Fontainebleau, en Seine-et-Marne, mais
malheureusement pour cette dernière Landon ne peut venir de Vellaunodunum
car Château-Landon est un ancien Château-
Nanton , Castrum Nantonis au VIe
siècle.
Mais
c’est aux alentours de Montargis que les identifications pullulent : Lancelot et Paultre crurent avoir trouvé leur bonheur dans Montbouy (Aquis Segestae, les eaux de Segesta, la source thermale de la déesse des semences d’orge Segesta , comme Walckenaer,
I, p.
410 avec Chenevières, célèbre
pour son amphithéâtre près de Montbouy. Jollois , Mémoires
de la société archéologique sur les Antiquités du département du Loiret,
1836 , p.22 et suivantes et Cosson, Mémoires de la société archéologique de l’Orléanais, II, 1853, p.
478 et suivantes, proposent les environs
de Sceaux- du- Gâtinais, toujours près
de Montargis. Comme certains proposent, au voisinage de Montargis, Girolles
(hameau de Villon), on en vient, dans la
logique d’un chemin menant de Sens à Orléans,
et après divers auteurs du XVIIIe siècle, à proposer Montargis même avec Le Roy, Bulletin monumental, XXX, 1864,
p. 344-345, le général Creuly (Carte,
p. 72) et Camille Julian,
Histoire de la Gaule, p.435.
B En
faveur de Triguères, on a :
1 Eugène
Boutet
de Monvel, « Etudes sur les
expéditions de César chez les Carnutes », 1863, dans les Mémoires de la Société d’agriculture… d’Orléans,
VII, p. 43 ;
2
Ange Petit, Dissertation
sur Genabum- Vellaunodunum, 1866.
3. Napoléon III, Histoire de Jules César, 2e volume et note intéressante
(du capitaine Ed. Rouby) publiée
par A. Petit, op. cit, p. 283.
4.
Adolphe Bréan, Jules César dans la Gaule, 1864, Orléans, p. 109, et Itinéraire
de l’expédition de César, 1865, 96 pages, Orléans, p.15. ;
5. Salomon, « Agendicum,Vellaunodunum
et Genabum » dans le Bulletin de la
société des Sciences historiques et
naturelles de l’Yonne, année 1866, XX, p. 99 et suivantes, p. 118 et
suivantes .
Seuls
Ange Petit, le capitaine Ed. Rouby et l’archéologue Eugène Boutet de Monvel ont une connaissance des lieux. Tous les
ouvrages en question sont consultables
sur Google Books.
Le nom de
Vellaunodunum signifie la forteresse des quatre (gaulois ver, cf. anglais for)
collines(dunum) de la rivière Laun,
c’est-à-dire l’Ouanne (ou la Vouanne, selon la prononciation, cf. la Vanne près
de Montargis) de launo, donnant les noms du Loing (de louane), de la Ouanne (de
louane) et de la commune de Ouanne.
Nous
avons à Triguères, aujourd’hui encore, trois dunum devenus
donons
et un donjon: les lieux-dits les Donons et le Donjon, altération de donon,
par croisement avec do (mi)nionem,
éminence de terrain. Ce nombre quatre explique aussi le pluriel dans un autre lieu-dit, Les Vélins, de Vellaunodumun, mauvaise
graphie pour Les Véluns. Personne
n’a remarqué ce lieu–dit au nom
révélateur : les Velins, Route de
Château- Renard à Fontenouilles (D 142) qui perpétue le nom de Vellaunodunum. On
peut noter encore le moulin de Vaux, de veldo,
et le Champ de Vaux, Route des Grands
Moreaux (S-O du bourg), le champ de
bataille de Vellaud, de velod . Autres
lieux-dits au nom intéressant : les Chariots et le champ des Juments, au
sens latin de jumenta, le train des équipages. C’est lieu où l’on peut placer l’armée de César. La
tradition populaire raconte que, précisément en cet endroit, César but une
coupe de vin de Triguères (du lieu-dit Les Vignettes ?).
La voie
gauloise qui est faite de silex est très différente de la voie ou chaussée
romaine, droite et faite en principe de pavés. On l’appelle la voie perrée, c’est-à-dire empierrée. Or, la
voie perrée gauloise de Sens à Gien par Courtenay passe près de l’Ouanne : selon Ange Petit, il s’agit d’une chaussée faite de
cailloux secs concassés sur une profondeur de 1, 50 mètre, sous une couche de
terre épaisse seulement de 10 cm à 12 cm.
C’est le conseiller général Ange Petit
qui fit connaître qu’il avait découvert
le véritable oppidum gaulois de Vellaunodunum près de Montargis, à Triguères, de brig-adura, le gué sur la rivière, adura en ibère, ici la Ouanne ou le Loing. En effet, les Anciens donnaient le nom de
Loing à la rivière dont l’Ouanne est considérée de nos jours comme un simple affluent aussi bien qu’à cet
affluent qu’ils supposaient être son cours
supérieur.
Le nom ibère des fleuves, ligwsera, et ses variantes gauloises, en
particulier launo, lausano et adura
Il faut
d’abord éliminer le problème du l initial, pris pour l’article. Ligwsera a donné le nom de la Loire, du
Loiret et du Loir ou encore de l’Aigre, de laigre.
Le nom a évolué pour donner :
- lausana , venant de ladusana, de ladusara :
l’Ozanne, Lausanne, l’Houadouane près de Chartres , la Rhône de Rhodanos en Eure-et-Loir, etc. ;
-launa, launo en composition comme dans Vellaunodunum, est l’abréviation de
la forme précédente lausana et donne les noms du Loing, de l’Ouanne,
de la Vanne, etc. ;
-ladura, adura, ou edera
(l’Adour, l’Arrou,en Bourgogne, Arrou en Eure-et-loir, la Droue,
l’Yerre ; le nom des Atrébates qui a laissé le nom d’Arras et de
forêt arrouaise venait de atrawa +
suffixe gaulois ethnique -ete.
Vellaunodunum.
On y
trouve un théâtre, une somptueuse villa,
gallo-romaine avec des thermes alimentés
par une conduite de 7 kms venant de la fontaine Sainte-Anne de Douchy (Anne étant la
christianisation
de Ouanne), un cimetière, un dolmen qui porte un curieux nom de polissoir très altéré, le dolmen. L’histoire
des « fouilles » est aussi brève que leur durée : vers
1857, l’abbé Guiot, en poste à
Triguères, accompagné du maire Ange Petit, et d’un architecte, reconnaît un théâtre de 9000 places au
sud-ouest de la ferme de la Mardelle,
ainsi que des thermes (rapport de Ange Petit à la Société d’Orléans); puis Ange PETIT
fait appel à un archéologue, Eugène Boutet
de Monvel. Enfin, en 7 jours, le capitaine d’artillerie Ed. Rouby,
missionné par Napoléon III, reconnaît une enceinte gauloise autour du
donjon (donon), ainsi qu’un fossé de circonvallation, qui semblerait être l’œuvre de César et dresse un rapport cité par F. Raud, dans Les deux Genabum, 1903, p. 111, ET publié par
Ange Petit en 1866 dans sa Dissertation
sur Genabum- Vellaunodunum p.92-94. Le rapport du capitaine Ed. Rouby
est ce qu’on trouvera de plus intéressant dans l’ouvrage de A. Petit avec les plans publiés à la fin :
« A
50 ou 60 mètres au-dessus de la vallée de l’Ouanne, s’élève une colline [le prétendu
« donjon » de Vellaunodunum], dite le bois de la Garenne, au bas de
laquelle est bâtie Triguères. Quoique les hauteurs voisines [les trois autres dunum devenus Donons] soient légèrement arrondies, les flancs de [cette colline paraissent avoir
été taillés en talus par la main des hommes pour en augmenter la pente. On
rencontre d’abord, en venant du nord, un massif considérable de terre, de
l’autre côté duquel se trouve un fossé, dont la largeur, au niveau du sol, est
de 20 mètres environ. Les terres de ce fossé ont été rejetées du côté du
sud, où elles forment un rempart de neuf mètres de hauteur d’escarpe [c’est-à-dire
une muraille de terre ou de maçonnerie, qui règne au-dessus du fossé, du côté
de la place] ; la crête du rempart s’abaisse vers les extrémités et va se
raccorder avec les talus qui terminent
la colline à l’est et à l’ouest, formant ainsi une enceinte continue. Plusieurs
fouilles exécutées sur la crête du parapet ont mis à découvert les vestiges
d’un mur, dans lequel on a trouvé des cendres, du charbon et quelques clous en
fer oxydés .Une seule médaille a été découverte à 20 ou 30 centimètres de la
surface du sol, dans une fouille faite au pied du talus intérieur, et c’était
une médaille gauloise [….] Les crampons de fer oxydés que nous avons trouvés nous paraissent avoir
servi à lier entre elles les poutres qui, conjointement avec les grosses
pierres, constituaient les murs d’un oppidum [….] Un chemin ou voie perrée ,
reconnue pour une voie gauloise par le plus grand nombre, [… ] vient directement de Sens à Courtenay et
longe le côté oriental de l’oppidum [pour se rendre vers le Vieux- Gien et son
pont dont on a retrouvé les piles dans la Loire]. » L’ensemble reconnu forme
une superficie de 9 hectares, ce qui est peu. Selon moi, il doit s’étendre davantage
et englober les Donons.
Les cultivateurs
vont ensuite se hâter de recouvrir de terre tous les lieux de fouille, même le
dolmen. Il n’y a plus rien à voir aujourd’hui.
Le Genabum de César ou Gien, oppidum des Carnutes.
La série de l’orge :
Gorgobina, Gargantua, Gergovia, Genabum, Genua.
Pour
l’étymologie de Genabum,, il faut
partir de kern –av-um, de gor, grain, cf. anglais corn et kernel, latin granum,
et du nom de l’orge, sanskrit yawah,
latin avena, avoine .
Innombrables
sont en Europe et en France les
Genabum : Genappe dans les Flandres,
Iéna en Prusse, Gènes (Genua), Genève
(Genava), et en France même Gien- sur- Cure dans le Morvan, la presqu’île
de Gien dans la commune d’Yères, sans parler des Gennes etc. Parfois, le
toponyme a été christianisé ; à Gien même, on a Saint- Genou ! Il n’y
a donc rien d’étonnant si deux Genabum se trouvent sur la Loire. Le Genabum
d’Orléans a dû être une colonie du
premier après son pillage et son
incendie par les Romains.
Il
existe deux problèmes :
1)le
Genabum de César et celui de Hirtius, son continuateur, sont-ils les
mêmes ?Sont-ils respectivement Gien
et Orléans?
2)L’orthographe
est-elle Genabum avec un G , apparaissant sept fois chez César, ou Cenabum avec un C, qui n’apparaît que chez Hirtius , l’auteur du dernier livre des
Commentaires , et dans des
inscriptions et des textes plus tardifs ? C et G sont identiques en latin dans
les noms propres comme les prénoms Caius et Cnaeus, et c’est le souvenir de
l’ancien alphabet latin qui ne notait que les sourdes. On trouve Cenapum chez Paul Orose, Cenabon chez Strabon et
Ptolémée, et Cenabum dans des inscriptions. Sur le sujet, il faut
lire Les deux Genabum, de F. Raud (1903).
Le Genabum de César est bien l’actuel Gien car César précise qu’il
fait passer la Loire à son armée et qu’il arrive immédiatement sur les terres
des Bituriges. « In Biturigum fines
pervenit ». En effet, les Carnutes occupaient la rive droite de la
Loire au droit de Gien ; en face, sur la rive gauche , c’étaient le territoire
des Bituriges. Au contraire, de l’autre côté d’Orléans, sur la rive gauche de
la Loire, c’était encore le territoire
des Carnutes qui se continuait sur une trentaine de kilomètres de profondeur
avant de céder la place aux Bituriges.
Cette
dissymétrie, ainsi que l’identification de Vellaunodunum et de Triguères ou
plus exactement les Véluns, nous semble apporter la preuve de l’identité de la
Genabum de César avec Gien.
Les noms de lieux-dits dont l’un
est destiné à donner celui d’Orléans :Cenabum, Avenio et « Aurelianis » .
1 Le Cenabum de Hirtius, le continuateur de César : Orléans.
Le Cenabum
ou Cenabo de certains manuscrits de Hirtius (qui devait se prononcer malgré
l’orthographe archaïsante comme s’il y avait une sonore, G) le lieutenant et continuateur de César, auteur du livre VIII, est Orléans et non pas Gien. « César
vint, à la fin de la saison, camper à
Cenabum, où il fit hiberner deux légions, en partie dans les maisons gauloises,
en partie dans les huttes qu’il fit recouvrir en vitesse d’un peu de chaume
[pour les isoler]…. Les Carnutes, accablés par la rigueur de l’hiver et par la
crainte du danger, chassés de leurs demeures sans oser s’arrêter longtemps
nulle part, ne pouvant même trouver dans leurs forêts un abri contre les plus
affreuses tempêtes, se dispersèrent,
après avoir perdu une grande partie des leurs, et se répandirent chez
les nations voisines » [comme Avenum, une partie de la future Orléans] ». Mais après la conquête apparaît le nom de
Cenabum ou Cenabo avec un C. On suppose que, leur ville de Gien détruite, les Carnutes
descendirent la Loire et s’arrêtèrent, passant par Avenio , puis se fixèrent à Cenabum,.
A noter
qu’ils devinrent des commerçants dynamiques : le mot d’emporium que leur
attribue Strabon se rapporte aux Orléanais.
2 Avenio, l’équivalent gaulois de
Junon, l’avoine (latin avena) ou plus
anciennement l’orge divinisé.
Il existait
un lieu-dit appelé Avenum ou Avenio,
Avignon, ce qui a laissé à Orléans le nom de la rue d’Avignon. On retrouve à
Châteaudun une rue d’Avignon menant à
Orléans, ce qui montre qu’il existait un autre chemin pour aller à
Orléans- Avignon et que le chemin de
Gien suivi par César ne passait pas par Châteaudun
3 Orléans, « Aurelianis » ou plutôt Orlianos
On a
cherché à rattacher ce nom, apparu
tardivement, au nom des empereurs Marc
Aurèle ou Aurélien, ou bien à la gens de l’officier Fusius Cita assassiné
à Genabum –Gien par les Carnutes. Les problèmes que pose l’étymologie d’Orléans
par Aurelianis sont les
suivants : il n’y a aucun lien prouvé entre la ville et l’empereur Marc Aurèle et, bien moins grave, il
n’y a pas de raison d’avoir un pluriel. . Me semblent fantaisistes le rapprochement avec une tribu des Aulerques
du Mans (par métathèse de Aulercis ?),
surtout les étymologies par aurum alienis, de l’or pour les
étrangers, ou aurum heliou, l’or du soleil,
ou ora ligeriana, le bord de la
Loire.
Reste
l’étymologie véritable d’Orléans. Elle vient,
selon moi, du nom de la déesse gauloise de la guerre, Rudiobos ou Rudianos,
conforté par des restes archéologiques relevés par B. Robreau, dans
« Les dieux des Carnutes : Mars, Jupiter, Apollon » in Mémoire de la SAEL XXXIV-2, numéro 90,
octobre novembre, décembre 1990, p. 3-49, p.
38. Il rappelle que la divinité Rudiobos
« est attestée par l’inscription du socle du grand cheval de bronze
découvert à Neuvy-en- Sullias [près d’Orléans, chez les Carnutes] ». Cette inscription cite également une curie de Cassiciate, cassic signifiant jument en gaulois. Il pourrait s’agir de
Rudianos sous la forme d’une jument et
on reconnaît la déesse Epona qui figure sur les pièces de monnaie. .
Rudiobos est la déesse des sillons pour l’orge, de rud, cf. lut, sillon, et de iobos,
indo-européen yaw-, sanskrit yavah, grec, zéia, orge, et son nom est devenu Rudionos, Rudianos, dans certains dialectes gaulois, Carnutes notamment. Ce
dieu Rudianos a laissé en Eure-et-Loir le nom de (Villiers-Saint)-Orien , le nom de Ruan dans le Loir-et-Cher et ailleurs le nom des Ruthènes
et de Royan, de roillian , en Charente-Maritime,, ainsi que le nom de Louans en Indre -et- Loire. , Louhans en Saône-et-Loire. Peut-être Nottonville, la ferme (villa)
de Notionos pour Rudionos, Nodens ou Nodons, irlandais Nuadha nous offre-t-il une autre forme du nom de la divinité Rudianos Citons enfin une
petite région de la Drôme appelée le Royans, fort proche du nom d’’Orléans
et qui a dû passer par les stades
phonétiques rudianos rolianos (le d se transforme en l
par dissimilation), enfin par métathèse à
orlianos..
Le correspondant
irlandais du gaulois Rudianos
est Ruadh, le correspondant latin Libera
de Rudera, qui est identifiée
à Cérès.
A Neuvy-en-
Sullias, près d’Orléans,, indique B. Robreau,
op. cit. , donc chez les Carnutes, on a découvert un grand cheval de bronze
avec sur le socle une inscription, qui cite également Cassiciate, cassic signifiant jument en gaulois. Il
pourrait s’agir de Rudianos sous la forme d’une jument et on
reconnaît la déesse Epona, qui figure sur les pièces de monnaie.
Dans les environs d’Orléans, on a Saint-Jean –la- Ruelle qui vient du féminin latinisé Rudera,
puis rudela.. Les formes en –l
mouillé noté [-eil], renvoient à un Champ de Mars gaulois, champ étant en
gaulois ialo- simplifié en -ogilum . Grégoire
de Tours nous a conservé au VIe siècle un Rotoialensnsim pour Rueil-Malmaison, qui explique en
Eure-et-Loir Rueil-La -Gadelière, Dans
le Loiret, la forme La Ruellée,
commune de Poilly -lès- Gien, vient de Rudera
avec -og (ilu:) ruderogc(il)um, rueragum, ruelag, ruelay.
A Neuvy-en- Sullias, près d’Orléans, chez les Carnutes, on a découvert un grand cheval de bronze
avec sur le socle une inscription, qui cite Cassiciate, cassic signifiant jument en gaulois. Il pourrait s’agir de
Rudianos sous la forme d’une jument et
on reconnaît la déesse Epona, qui figure sur les pièces de monnaie.
«On a découvert, écrit B. Robreau, au sanctuaire des Bolards en Bourgogne, un petit équidé
(mulet) de bronze offert à Mars Segomo [gaulois
correspondant au grec hégémon, guide, chef, celui qui mène les
hommes] , le « victorieux », , et le grand cheval de
Magdalensberg en Autriche semble aussi une offrande à un Mars celtique. L’épithète Rudiobos apparaît également très
proche de celle d’un Mars Rudianus qui semble en lien avec le culte des têtes
coupées sur une stèle découverte à Saint-Michel- de la Valbonne (Hyères, Var)
représentant un cavalier dominant cinq têtes coupées. Le dieu pourrait être
attesté à la station routière antique de Matavo (Cabasse, Var) si la
restitution vraisemblable de la dédicace à M
(ars) R(udianus) est bien exacte
sur un autel découvert dans cette localité. On a découvert un torse
cuirassé à Orléans dans le secteur de la Porte Bourgogne et une tête casquée à une
dizaine de kilomètres plus au nord, à Chevilly, la Croix- Briquet, le long de
la voie d’Orléans à Chartres. Mais le dieu est surtout figuré à deux reprises,
nu avec la lance et le bouclier, à Vienne- en- Val [près d’Orléans également], la première fois avec un petit bouclier rond
sur une base à quatre divinités en compagnie de Jupiter, Vulcain et Vénus, et
la seconde sous les traits d’un jeune homme musclé tenant un grand bouclier ovale
sur un autel dont les autres faces portent les représentations d’une Virtus casquée
tenant une lance, de Vulcain et enfin de l’Abondance. Etant donné la proximité
de Vienne et de Neuvy, il est probable que nous soyons en présence ici de
figurations romanisées du même dieu Rudiobos, voire provenant du même
sanctuaire que le cheval du dépôt de Neuvy, lequel comptait également une petite
statuette de Mars en bronze. »
A Orléans, on a également trouvé en 1902 une
inscription provenant d’un bloc utilisé en remploi dans la muraille
gallo-romaine mentionnant un dieu Mocetis ou
Mocetes : B. Robreau
pense que Mocetes « semble assimilable à un Mars Mogetius, connu à
Bourges et, plus lointainement, à
Saint-Pons de Thomières (Languedoc) ».
Mogetes vient de ma, grand, du gaulois ve,
semences, et de gesta, grains d’orge,
ma-ugesta, à comparer avec le vieux haut allemand
gersta, grains d’orge,et avec Segesta, la déesse des moissons, où le latin se- ou swe- , cf . to sow, semer, en anglais, signifie
semences, graines, ainsi qu’ avec le latin
seges, de segets , moisson , champ d’orge.
Tous ces éléments sont en faveur de l’étymologie d’Orléans
comme la ville de Rudianos.
Noviodunum Biturigum,
Neuvy-sur-Barangeon
Les
partisans d’Orléans comme identique au Genabum de César ont proposé pour ce Noviodunum Biturigum dans le prolongement d’Orléans Nouan
–le-Fuzelier ou Neung- sur- Beuvron (où il y a les ruines d’un oppidum, mais qui
se trouve en territoire carnute, et non biturige) ;
d’autres, comme Raud , ont proposé Sancerre et certains partisans de Gien Argent-sur-Sauldre
ou Aubigny- sur- Nere. On a aussi proposé Neuvy -en- Sullias, Dun -le- Roi,
Châteauneuf, Nérondes, Nevers, les environs de
Châtillon-sur-Loire, Vierzon, Nohan -le -Goût, Pierrefitte, etc.
Je me rallierai avec Julian à Neuvy- sur -Barangeon qui présente l’avantage de
posséder des ruines romaines, des vestiges de voie ancienne et un nom, Neuvy
qui provient de Noviodunum., doublé
du nom de Barangeon, évolution de Biturigum (génitif pluriel, des
Berrichons, cf . Bourges), qui a été pris tardivement pour une
rivière. A 3 kilomètres de là, à
Villatte, il y a des eaux et des sources, ainsi que des antiquités. Sur la voie
gauloise de Gien à Bourges (César, VII, 12, 2), « oppidum Biturigum positum in via », 12, 2), vers la Sauldre,
frontière des Carnutes et des Bituriges,
l’oppidum de Neuvy – sur- Barangeon
était au centre du village du Grand
Villatte .
Avaricum.
Avaricum
(de l’ibère adura, rivière, donnant aduar, puis avar + suffixe –icum, la
ville sur la rivière) survit dans le nom de rivière l'’Auron (de avar + suffixe de rivière -on), par exemple dans le nom de l’oppidum de Dun
–sur- Auron à proximité de Bourges (qui vient de Biturigis
, la ville des Berrichons) et dans le noms de rivière, l’ Yèvre, de adura.
Gergobina, la Gergovia des Boïens
: Sancergue.
Gergobina,
la colonie fondée en Gaule par les Boïens (de
Boii, habitants originellement
la Bohemum ou Boiohaemum, la Bohême, gaulois haemum,
terre, proche du latin humus et du
grec chthôn, des Boiiens.
César
les regroupa dans une Gergobina, où bina
est probablement l’adjectif correspondant à Boïens.
Sancergues
vient de cirig, qui est attesté, et
qui a été secondairement sanctifié. Cirig vient
de gorgo(bina) par Corgi Corig avec métathèse du G.
Noviodunum, Neuvy- sur- Loire, et
non pas Nevers.
Ce Noviodunum,
où César avait placé son intendance
générale, est Neuvy- sur- Loire. Noviodunum ne signifie pas la nouvelle
éminence, ce qui d’ailleurs n’aurait guère de sens, ni même la nouvelle
forteresse, mais la forteresse où l’on fait le sacrifice, novio- étant l’altération du
gaulois medhio qui signifie lieu du
sacrifice.
Nevers,
« Nevernis », ablatif
pluriel, chez ceux qui habitent la Nièvre
Nevers est attesté à l’époque
carolingienne : Nevirnum, Ebirno,
Neberno. Ce n’est pas le Noviodunum
qu’on croit, où César avait placé son intendance générale (Neuvy -sur- Loire). Son nom est dérivé du nom de la Nièvre, Niverna, de neva-rona, et apparenté au
nom masculin de Narbo, Narbonis,
Narbonne, de narv-ona , -ona dérivant de vona, suffixe hydronymique. Sont parents les noms de la Navarre, de la
Neva en Russie, de la Nive en pays basque, du Morvan, de novrona, morvona. La racine ibère est nev, niv, nov- et signifie
cours d’eau. Elle prend une forme instable
avec m initial.
bonsoir. Je suis 100% d'accord avec vous pour que Giens soit le Cenabum de Jules César. http://www.gergovie-celtic-awards.com/index.php?id=157
RépondreSupprimersuite à une hypothèse sur Gergovie, j'en suis arrivé à la même conclusion.
http://www.gergovie-celtic-awards.com/index.php?id=37
voici le déroulement de la bataille de Gergovie.
https://youtu.be/Fb2X9jf6Hr8
Ce qu'aucun site Clermontois n'est capable de faire.