LE NOM DE VANIKORO EN
FRANÇAIS AVANT LAPEROUSE.
En route pour
Vanikoro (anciennement Manikolo), ou Lapérouse à la recherche de son destin.
Pourquoi Lapérouse, à
partir du nord-est de la Nouvelle-Calédonie, a-t-il fait voile vers Vanikoro ? Certes, les Instructions du roi lui prescrivaient de « gagner les îles de la Reine-Charlotte », parmi lesquelles se
trouvent l’île de Santa - Cruz et
Vanikoro. Mais pourquoi cet intérêt pour Vanikoro ? Il s’était vu fournir,
parmi les livres de voyages qui devaient l’accompagner, l’Histoire des navigations aux terres australes du Président Charles de Brosses .Or, au tome I, on trouve, p.339, dans la
bouche du chef Tumai, originaire de Taumako, île voisine de Vanikoro, la mention d’une
« grande région qu’il appelait
Manikolo », c’est-à-dire
aujourd’hui pour nous Vanikoro. C’est la première apparition en français ,
en 1756, du nom de Vanikoro, sous la forme Manikolo, qu’il ne faut pas confondre avec Malikolo
ou Manikula au Vanuatu, le mot vanikoro
désignant le serpent sacré. Dillon utilise cette même forme qu’il écrit
Mannicolo : c’est une forme polynésienne. Nous utilisons aujourd’hui la variante mélanésienne Vanikoro. .
Le Président de Brosses avait puisé ses informations dans le navigateur
portugais Quiros, naviguant pour
l’Espagne sous les ordres de Mendaña. Il
nous faut donc nous référer à l’Histoire
de la découverte des régions australes, de Quiros, trad. par Annie Baert,
2001, p. 239, sqq.
Le passé de Vanikoro et sa découverte par Mendaña en 1595.
Mendaña, le 7 septembre 1595, voguait devant le volcan
Timakula quand celui-ci entra en éruption, lui faisant perdre de vue l’un de ses trois autres
vaisseaux, l’Almiranta Santa Isabel.
Dix ans après,
Quiros recherche le galion perdu et, le 7 avril 1606, touche à Taumako, près de Timakula. Il y
apprend que la caravelle qu’il recherche
avait fait escale à Taumako, puis
à Anuda, un îlot situé entre Vanikoro et Taumako. Selon Quiros, à
Taumako, « il y avait encore, sur
une petite place, des morceaux de bois, certains peints en rouge, pour lesquels les « Indiens » avaient un
profond respect et auxquels ils avaient accroché des toiles… »
S’agissait-il d’un morceau de la Santa
Isabel rapporté de Anuda à Taumako ?
De plus, on trouvait à Taumako des
chiens de type européen, des poules
importées, des cochons, des patates douces.
Un survivant de la Santa Isabel y était vivant à l’époque
de Quiros : il avait le teint fort blanc et les cheveux et la barbe
vermillons ; ils l’appelèrent le
Flamand. »
L’archipel Taumako.
Quiros se lie avec le chef de Taumako. Celui-ci déclare au
capitaine avoir entendu parler de l’existence de blancs et de son précédent voyage à Santa Cruz. Quiros décrit, op. Cit, p. 239, cet archipel, composé d’une soixantaine
d’îles, parmi lesquelles il nomme « une grande terre qui s’appelle Manicolo». Il consacre tout le chapitre 55 à la
description de Taumako, alors habité par des Polynésiens.
Vanikoro, citée par Quiros, mais non visitée par lui, jamais
revue depuis deux siècles, a intéressé
Lapérouse : tel est le mobile qui l’a poussé vers Vanikoro et vers son
destin.
Les premiers contacts
avec les hispano-portugais dix ans auparavant avec le naufrage de la Santa Isabel
en 1595.
Taumako , dont les ses parents étaient originaires
d’ Anouda . C’est à Anouta , une île voisine de Taumako , que la caravelle
perdue l’Almiranta Santa Isabel fut incendiée en 1595 par les ancêtres d’insulaires devenus
vanikoriens par la suite et que l’équipage
fut tué et mangé.
Ainsi, les Vanikoriens avaient-ils entendu parler des blancs deux siècles avant
l’apparition de l’expédition Lapérouse.
Mais pour eux, c’était des « revenants », assoiffés de vengeance, du
naufrage de 1595. Ce n’étaient pas des êtres humains, c’étaient des esprits (Ngambé, Lambé, Ambi [de
langui, de paloni, métathèse de (His)panioli, espagnols, qui le plus souvent
donne apopale , popalangui ou à Tahiti popaa. Aussi
les noms de Rivière des Esprits ou de
passe des Esprits à Vanikoro ne sont –ils pas neutres et ils nous renvoient aux naufragés.
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