vendredi 13 janvier 2017

LES PRÉTENDUS "POLISSOIRS" ET LEURS SILLONS MAGIQUES

         Les prétendus « polissoirs » et leurs sillons magiques

Ceux qu’au dix-neuvième siècle on appelait des « antiquaires »  distinguaient les pierres druidiques des autres mégalithes,  les dolmens, les menhirs et les « polissoirs ».   Les pierres druidiques se présentent généralement en groupements pierres druidiques, comme  autour du pseudo « polissoir » de la Pierre cochée à Droué dans le Loir-et-Cher et elles ont des formes qui semblent étranges. Quelquefois elles ont seulement des trous, comme à Droué précisément    Les Gaulois les appelaient « mar » et les druides s’en servaient pour leurs sacrifices. Citons , à Saint- Sauveur- Marville , la Grosse pierre du champtier qui a donné son nom à Marville (la ferme de la pierre sacrée , mar), ou  encore  le Cheval -de- bronze, traduction facétieuse de mar qui signifie en gaulois à la fois cheval et pierre. Albert Sidoisne, dans sa brochure Bonneval sur le Loir, Editions du syndicat d’initiatives, Bonneval, 1965, 64 pages, p. 59, situe  le Cheval- de- bronze en ces termes : « A un kilomètre 400, Nottonville […] ; gagner le chemin de Vallières ; à 400 mètres, descendre à gauche jusqu’à un sentier qui longe la Conie à droite ; à 50 mètres, on rencontrera de volumineux « perrons », que domine un énorme conglomérat de roches dit le Cheval -de- bronze et qui demeure assez énigmatique ».Cette brochure de Albert Sidoisne est le meilleur recensement des pseudo- « polissoirs » de la région de Bonneval, qui n’intéressent guère les archéologues le plus souvent ; or, l’utilisation de ces pierres « druidiques » par les druides est liée à ces pseudo- « polissoirs », donc à la déesse Cérès et à l’agriculture céréalière.  
Les pseudo-« polissoirs » et leurs cupules, -en réalité des  pierres commémoratives de la mort des grains de blé ou d’orge plantés dans les sillons
Ces mégalithes, qu’on appelle à tort des «  polissoirs »,  ne peuvent être, comme on le dit parfois, le résultat accidentel de la taille d’outils ou d’armes, comme les vrais polissoirs portatifs auxquels, à regarder de près, ils ne ressemblent pas vraiment.  D’ailleurs, alors que l’humanité tout entière a passé par un âge de la pierre d’abord taillée , puis polie, il n’y a pas de « polissoirs »  ailleurs que dans certaines régions d’Europe continentale très peu nombreuses. Le grand nombre des menhirs ou des dolmens en Europe, comparé au petit nombre  des pseudo-« polissoirs », est d’ailleurs révélateur. Surtout, leur absence complète en Corse, où il n’y a pas eu de Gaulois, mais des Ibères et où l’on trouve seulement des menhirs et quelques  dolmens, en est une confirmation.
 Les pseudo- « polissoirs » ne sont pourtant pas une innovation de l’Europe car on les retrouve, datés entre-5000 et  -3000 , à Malte et dans l’île voisine de Gozo : ainsi, dans le  sanctuaire  de Tarxos, du féminin  karksos, où l’on reconnaît  le nom , en ancien maltais (langue appartenant au rameau tokharien , -une langue indo-européenne) de la déesse des céréales Cérès,   littéralement celle qui fait croître, nom apparenté au latin cresco,  croître, germer, du radical  ker , croître, +suffixe –sk signifiant commencer, on peut voir , sur la partie basse de statues mi-féminines mi-animales de la déesse  du blé représentée sous la forme d’une jument (les statues ayant été mutilées, on ne voit que le bas : des pieds humains, mais avec  les jarrets d’une  jument ! ) des sillons  auxquels on n’a guère fait attention et qu’on a pris pour les plis de sa robe. En tout cas,  sur la carte postale ci-jointe, on aperçoit, à droite à l’arrière-plan d’une  statue de Cérès en jument, les traces d’un second  pseudo-« polissoir.
.De même qu’à Göbekli Tepe (voir mon article) se trouve une figurine représentant un sanglier avec,  gravés sur le flanc, quatre  sillons, de même on peut voir à Malte un bas-relief du sanctuaire  de Cérès  représentant  aussi un sanglier qui présente des sillons sous le ventre, pris par les profanes et les  touristes pour des mamelles (voir la carte postale ci-jointe) : le sanglier  avec les sillons est en bas à gauche). Que ce soit à Gobe-li ou à Malte, le pictogramme du sanglier évoque la mort de l’orge, car le nom du sanglier, porcus,  évoque le nom du dieu des morts, Orcus ou Phorkus.
Les polissoirs dits fixes ne sont pas des polissoirs et ceci explique la gêne des archéologues qui préfèrent ne pas  parler de ces mégalithes gravés.  Alors que le menhir est un catalyseur magique de la tige du blé vert, dont témoignent les noms de Verdes (la quasi-homophonie du mot gaulois signifiant sillon, werth , et du nom de couleur werdh-,  a joué son rôle), de Vert- en- Drouais, de Vers- lès- Chartres,  la pierre appelée  « polissoir » représente les sillons issus du labourage d’abord par un cheval ,  puis par un bœuf . .
Le mot  sillon dans les langues indo-européennes provient du radical  *swe/olk, gonfler,  et désigne, non pas la tranchée proprement dite, mais ses bords formés de la terre écartée.  Le grain passe pour y mourir  avant de pouvoir pousser, ce qui avait excité les railleries de Voltaire quant à l’ignorance botanique du Christ. Celui-ci dit en effet (Evangile de Jean, 12, 24) : « Si le grain de blé qui est tombé à terre  ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.», ou, autrement traduit, le grain de blé doit être mis en terre et y mourir pour rapporter. L’invention de l’agriculture liée aux semailles procède du fait de mettre en terre,  à une certaine profondeur, des grains de blé ou d’orge, comme les cadavres. Le mégalithe aux sillons est une autre forme qu’a prise au fil du temps la barre transversale au sommet des  menhirs de Göbekli Tepe  et,  comme cette barre,   il représente, la mort du blé divin, la mort de Perséphone ou Proserpine, épouse de  Orcus, qui se retire sous terre  pendant la saison froide. .
 Le pseudo- « polissoir »  est un mégalithe qui, après les menhirs en marteau portant des cupules, porte des trous,  artificiels ou naturels. Il est probable qu’il était l’héritier des piliers en forme de marteau de Gobeël-li avec des cupules et qu’on y mettait  une ou plusieurs graines avec de la terre. Au printemps, lorsque le blé avait germé, les croyants ornaient le  pseudo-« polissoir »,  pour la levée du deuil,  d’autres  végétations diverses.
Les noms des « polissoirs ».
 La pierre Coupe ou  Coupée à  Alluyes  est un nom de polissoir qui renvoie aux  sillons qui y sont gravés, de, kolp- , pli,sillon, radical qu’on retrouve dans le  grec (k)olkos, de kwolkw-, avec  traitement de la seconde labio-vélaire en p dans un second mot grec , kolpos, pli., qui a donné gouffre en français. Nous retrouvons ce mot dans la section G1 du cadastre de Lanneray dite du Gouffre, mot  désignant le polissoir  qui était dans le bois défriché de la Butte.  
Le radical  ibère lup-, lut-, rut-, sillon.
La Pierre Césée,  à Soucelles dans le Maine -et- Loire,  doit peut-être son nom, par apocope, à (leu)k-etia , sillon pour orge, de leukw, sillon ,+ -et -signifiant orge.  (cf. .  Decize sur la Loire, en latin Decetia de Leuketia).  
Le radical lup- signifiant sillon se retrouve dans le nom du polissoir de la Louveterie de Bonneval, de lup, sillon,  et de –ete, orge +suffixe en- ria,  dans le nom d’une peuplade anatolienne préhistorique, les Louvites , dans  les noms christianisés de ces mégalithes, par exemple à  (La Bourdinière-) Saint- Loup.  Lut-, étant parent du  latin ulcus, sillon,  se retrouve avec rhotacisme dans le nom maltais du géoglyphe (carl) rut, sillon (pour orge, carl en maltais ancien). Il faut en  rapprocher  la série eurélienne Louville, Louvilliers, La Loupe, Lutz -en- Dunois, Lucé …  Les nombreux et énigmatiques  toponymes  de Chanteloup, par exemple dans le Loir-et-Cher (commune de Renay, près de Vendôme) donnent le nom complet du mégalithe : «  sillons pour les grains d’orge », de kltha,  grains d’orge,   où  le l voyelle se nasalise, donnant en français chant et où le th se transforme en t. 
On reconnaît ce radical lukw ou lukws signifiant sillon dans les toponymes Lycia et Lydia, ainsi que  dans Loxô, le nom de l’hyperboréenne qui introduisit le blé à Délos ainsi que dans une épithète du  dieu Apollon, Loxias.
Les dieux agraires des Gaulois.
Le nom de Latone, la mère d’Apollon,  vient de Blatson, le  sillon (gwolgws-). En lydien, on a un nom d’Apollon, Pldans,  de blatso, le  sillon, à rapprocher du nom latin de Pluton.   Quant à  Apollon, il est appelé Hécatos dans l’ lIliade et l’appellation  est de sens obscur, probablement le semeur d’orge, comme le nom de sa soeur jumelle,  Hécata,  la semeuse d’orge. Le  nom de Hécata  évoque celui de  la déesse égyptienne Héket. . En lydien, on a un nom d’Apollon, Pldans,  de blatso, le  germe du blé, à rapprocher du nom latin de Pluton
Les cordes de la  lyre d’Apollon sont  un symbole des sillonsLes épithètes homériques, obscures, du dieu et de sa soeur, Hécatèbolos et Hékaergos, s’analysent en liaison avec le nom des céréales : bolos le blé, et wergo, le blé noir.
.Le géoglyphe maltais des carl  rut,  qui signifie sillon pour grains d’orge, s’analyse en :
carl  , grain d’orge , de kardha, en grec kritha ,  en latin hordeum , en gaulois ksordheon( donnant  en français escourgeon, orge d’automne),  allemand Gerstenkorn, du vieux haut allemand gersta , de kwr, grain, et de dhea, orge, , grec homérique dzeeai, épeautre , à rapprocher  du sanskrit yavah,  orge, ;
et rut, de luk , sillon,  parent de la racine we/olk , gonfler, qui donne en latin ulcus, sillon. Les carl rut maltais sont à Malte des  sillons parallèles de plusieurs kilomètres. A noter qu’on trouve aussi  ces profonds sillons dans l’îlot englouti au large de la Sicile,  la Pantellaria vecchia .
En Bretagne, les noms de Mané Rutual ou de Mané Lud contiennent ce mot sillon sous la forme lut ou rut--ual et il y a quatre rangées de bâtons coudés  dans  lesquels on a vu à juste titre des épis ou germes  de sésame (et non des crosses d’évêque !), accompagnés d’une tête de jument, c’est- à- dire de la déesse Cérès.(voir mon article sur les menhirs) Mané  est parent du latin milium, millet et de  de  sesamon, sésame.
En Eure-et-Loir, le  « polissoir » disparu de Germignonville lui avait donné son nom : la ferme (villa) de la pierre aux grains de millet, du gaulois Germilion,  de  ger, grain,  et de milion, millet (latin milium, grec mélinè).
Les deux pseudo-« polissoirs » de Civry., voir photo ci-contre.
Taillés dans un poudingue gréseux datant de l’éocène, ces polissoirs de Civry (voir photo ci-contre) ont été déplacés dans la rue du Polissoir, l’un  devant la mairie,  l’autre  sur la Place de l’Eglise. Le mégalithe  de la Place l’Eglise est appelé  Puits saint Martin, de puits (altération de buxum, peigne , à cause des dents,   et de  Martin (christianisation de mar, pierre).   La pinte de saint Martin est le nom d’un autre pseudo- « polissoir » à Corancez, appelé pareillement le Puits de saint Martin :   pinte est l’altération de (s)spicata, pierre en forme d’épi, désignant à l’origine un menhir,  confondu avec pincta, peinte, la pierre étant réputée peinte de sillons, pourvue de marques de mesure,comme l’était la  pinte .
Dans les deux mégalithes, les malades buvaient une eau salutaire qu’ils puisaient dans  les cupules  (comparées à des  pintes) et, leur santé revenue, ils  déposaient en offrande des tiges de blé, des fleurs et des rameaux verts, souvenir de l’ancienne  levée de deuil.
Les pseudo-« polissoirs et leurs noms
Les cannelures imitant les sillons du pseudo- « polissoir » ont  inspiré ses divers noms. Citons d’abord  le nom,  pour une fois transparent, de Pierre complissée, du latin  complicata, pierre  avec des plis, nom transféré d’un polissoir à un  dolmen de  Berchères-les- Pierres. Mais les noms des « polissoirs «  sont souvent des métaphores qui jouent sur l’analogie :
A) grille ou gril (de craticula,  et de son diminutif cratella, gril , dérivé du latin  cribrum, criblum ,désignant un  van en osier,  servant à  séparer la paille du grain, puis gril  à cause des stries du polissoir ) comme à Courtalain (Eure-et-Loir),  les Grils du Diable,   altérés en Griffes du Diable .
B)  soufflet de forge, à cause des rayures  du soufflet ; du nom   latin du soufflet,   follis, , on a les nombreuses et aujourd’hui incompréhensibles Folies :   La Folie de  Maintenon, le polissoirs de la Folie- Montchaussée   dans  le bois de la Roche- Bernard à Saint- Denis- les- Ponts, déposés en 1990 au musée de Châteaudun, avec de belles  cupules , les nombreuses Folie comme celle , peut-^$etredisqparue, de Fains,-la -Folie,  le nom d’un polissoir , la Pierre à folie , transféré à  un menhir ,  à Berchères- sur- Vesgres, au lieu dit le bois de la Butte..
  Du nom grec des soufflets de forge   physaria, on a Figueiras en Espagne, Figari en Corse (ce dernier  toponyme étant attesté par Ptolémée au II è siècle après J –C  sous la forme  Phisèra). Citons aussi Santa- -Maria- Siché en Corse où Marie est la christianisation de mar, la pierre,  et où siché renvoie  au grec psychè,  éventail de liège  (à cause des plis ou des trous ), apparenté au  groupe grec  psuch-, souffler de l’air frais et au grec   psugma, éventail. 
  Les mots latins  buxum et buxidion, peigne  en buis, à cause des dents du peigne rappelant les stries du polissoir,  ont  donné puits ou,  en particulier en Eure-et-Loir, buisson, ou  (avec changement de suffixe) boissier.
Le mot scala, échelle, est responsable  d’un  nom étonnant, celui du pseudo- «  polissoir » d’Ymeray, la Mère aux Cailles, de marscala, , l’échelle de pierre, altération de mar, pierre, et de scala, échelle, à cause des barreaux transversaux de celle-ci. La superstition disant qu’il ne faut pas passer derrière une échelle, rationalisée en disant qu’il ne faut pas passer  sous une échelle, parce que cela porterait  malheur et entraînerait la mort, vient de ce mégalithe consacré à la mort du blé. Le nom de lieu-dit   l’Echarbot, (Lanneray ) dérivé du latin scabellum,, escabeau, .
Dans le même ordre d’idées,  les  latin  gradus, , degré, marche  d’escalier, et gradualeem , escalier, donnent  en ancien français  les  mots graduel,  graël, et  graal.  . Les  deux  derniers  ont subi  l’attraction sémantique  des cratalem, vase,  du latin populaire  cratalem, , de cratera., ,ainsi que du dérivé du latin classique  craticula, ,savoir cratalem,  gril.  et des  dérivés de grediller, friser (une chemise), une collerette, une  guimpe,  une fraise au fer chaud, lui faire des plis.
  Un  mot d’origine francique, comme  kroes, friser au fer chaud (cf. krusil(, groseille, kruselbere en allemand désignant  baie côtelée)  a donné   les nombreuses  grosses pierre, où grosse , (de kroes ,plissé) pierre  fait allusion aux plis du  « polissoir ». De même, les Pierres grises, altération de pierres greselies, du même radical francique  croesel. .
   Dans Wolfram von Eschenbach  il faut quatre dames très  musclées et surtout pourvues d’une force magique pour porter un « graal » qui est un polissoir (« un » graal, dit aussi Chrétien).  De deux choses l’une : ou il s’agit d’un vase (du grec cratèr latinisé en cratera,  et de son diminutif  populaire  cratalem) : en ce cas,  une seule  personne peut le porter sans effort ; ou il s’agit d’un polissoir pesant plus d’une tonne et que seule « la merveille » peut  mouvoir. En tout cas  le mot graal  désigne  chez Wolfram   une pierre, comme l’a fait remarquer mon condisciple et médiéviste Joël GRISWARD,  précisons   un polissoir, que les quatre porteuses du Parzifal ont du mal à soutenir. Le polissoir y  est représenté par un  tailloir et  par un abaque , un   ABC par jeu de mots  à cause des stries,du boulier   ou bien  encore de  pierre  «  turquaise », car on  prêtait la création des « polissoirs »aux Sarrasins et autres infidèles (voir mon article Peut-on déchiffrer les six énigmes du Parzifal de Wolfram d’Eschenbach   concernant le Graal ? sur mon blog http://coldcase28.blogspot.fr/). L’extension de sens du polissoir au dolmen est secondaire, mais remarquons que le dolmen, n’ayant pas de dallage ou de sol, ne peut être porté et qu’il s’agit bien ici  d’un polissoir.
  Le bénitier du Diable, entre Varize et Corrmainville (ce dernier nom venant du gaulois  curminis, boisson d’orge), attesté au Ve siècle par Marcus Empiricus, cf . anglais corn), au Bal des dames de Bainville, « vaste terrain semé de roches aux formes bizarres « »parmi lesquelles se trouvent plusieurs autres polissoirs, est un polissoir ainsi nommé à cause des stries du coquillage appelé bénitier, coquillage qui ressemble à la coquille Saint-Jacques. Les Dames de Bainville sont les fées de Valainville (la ferme de Balsena, la déesse du blé,  à rapprocher de la déesse de la guerre Bellone et de Belena,  ainsi que du  nom  gaulois du blé blato, du nom  de la Beauce, Beltsa(ma)  et de celui de Bellême) à Saint-Maur, si redoutables que l’on a altéré le nom de leur sanctuaire.
La coquille saint Jacques est l’emblème des pèlerins qui se sont  rendus  une fois dans leur vie  sur le tombeau du Seigneur à Jérusalem ou, pour le moins, sur le tombeau   de saint Jacques le Mineur. Il s’agit, à cause des stries que porte la coquille,  d’une allusion au  « polissoir » qui avait donné son nom à  Compostelle  et dont les stries rappelaient la mort provisoire du bléCompostelle  se décompose en stela, stèle funéraire, tombeau,   en  korn, blé (anglais corn) et en por, froment (grec puros, latin far, épeautre) c’est-à-dire   kornpor-stèla, le tombeau du blé,  qui a donné Compostelle. D’autre part, dans le  nom  de coquille saint JacquesJacques  est l’altération de basque.
  La mort du blé en vue de  sa renaissance a été aisément assimilée par le christianisme primitif  , en Gaule notamment,   à travers la religion d’Isis,  vers le IIe siècle ap. J. -C : les lampes funéraires isiaques (voir la photo d’une pièce de ma collection) , retrouvées à côté d’une aiguière et d’une assiette dans les sépultures en Eure-et-Loir et ailleurs, portent d’abord l’image  complète de la coquille Saint -Jacques en mémoire de la mort d’Osiris., puis cette image se réduit de façon à ne plus figurer que sur le pourtour de la lampe et à n’être guère identifiable pour des profanes. Les treize sillons de la lampe, héritiers des sillons du pseudo-« polissoir », sont pour les adeptes d’Isis Sochir ou Sochet (Sochir signifie aujourd’hui encore champ d’orge en copte) le gage de la vie future après la mort, comme ils avaient été le gage de la renaissance de l’orge après ce que Frazer appelle  la « mort.» du dieu. En effet, selon Frazer (Jdans Le Rameau d’or,  Esprits des blés et des bois,  Ed. Robert Laffont, collection Bouquins, Paris, 1984, 4 vol., vol .3,   p. 143) « Isis et son compagnon Osiris (sont] deux personnifications du blé [ou de l’orge]…. Isis serait l’ancien esprit du blé [ou de l’orge], Osiris le nouveau. »  Les Grecs identifiaient Isis à Dèmèter et les Romains à Cérès. Frazer, dans Le Rameau d’or,  Atys et Osiris, Ed. Robert Laffont, collection Bouquins Paris, 1984, 4 vol., vol .2, p. 471, cite Diodore de Sicile (I, 14, I) qui, résumant les travaux aujourd’hui perdus de l’historien égyptien Manéthon, attribue à Isis la découverte du blé et de l’orge. « On portait en procession à ses fêtes des tiges de ces céréales pour commémorer le don qu’elle avait fait aux hommes. Les Egyptiens, quand ils coupaient les premières tiges, les posaient sur le sol et se frappaient la poitrine en se lamentant et en invoquant Isis. .On a déjà expliqué cet usage, continue Frazer, comme une lamentation en l’honneur de l’esprit [ancien] du blé, tombé sous la faucille. » On retrouve le nom de cette « Maîtresse de l’abondance » dans le nom eurélien de Luplanté, les sillons d’abondance, de lup,  sillon,  et de l’ancien français plenté, abondance, resté en anglais (plenty), latin plenitastem, plénitude, abondance.
Le casse-tête de la datation   des « polissoirs ».
On date  le site de Göbekli Tepe en Asie mineure  qui contient déjà  des « polissoirs » en mêmev temps que des menhirs en tau de  9600 avant notre ère  et  8200 le site  englouti de Pantelleria Vecchi à 60 kilomètres de la Sicile, 8200 tandis que les sites de Malte dateraient de -5000 ans.  On peut supposer que les auteurs de ces mégalithes tant asiatiques que maltais  ont  passé par l’Europe continentale avant d’atteindre Stonehenge vers 2800 av. J. –C. ou plutôt, selon les dernières découvertes de Durrington Walls,  en -4500.  Nous pouvons donc retenir  pour Carnac, antérieur en principe,  la date de 5000  environ avant notre ère et pour l’Eure- et –Loir une date antérieure : -5500 avant notre ère pour les menhirs et les polissoirs, soit presque trois   millénaires  avant les premières pyramides d’Egypte qui datent de -2700. Les dolmens sont un peu plus tardifs, semble-t-il.
Les  énigmatiques sillons à orge, ou la fertilité divine des pierres.
Jared Diamond, dans Effondrement ou Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Gallimard, Paris, 2005, p.  132, décrit de surprenantes méthodes préhistoriques de culture : « les zones d’agriculture extensive étaient partiellement recouvertes de pierres placées en surface à proximité les unes des autres , afin que les cultures puissent pousser entre les pierres ; d’autres vastes zones furent modifiées par ce qu’on appelle des « mulchs lithiques », c’est-à-dire que l’on ajoutait au sol des pierres sur une profondeur d’environ trente centimètres qui étaient, soit prélevées sur des affleurements rocheux environnants , soit obtenues en creusant jusqu’au substratum rocheux pour briser les roches qui le composaient. » Tels sont les sillons à orge de Malte.
Qu’appelle-t-on  mulch en anglais? C’est un paillis, une couche protectrice faite d’éteules  et de déchets de moisson laissés à la surface du sol pour le protéger avant et pendant la mise en culture.
«  Dans les fermes du nord-est des Etats-Unis, […] les agriculteurs se donnaient beaucoup de mal pour évacuer les pierres de leurs champs et ils auraient été horrifiés à l’idée d’y apporter délibérément des pierres .On retrouve […] l’agriculture de mulchs lithiques dans de nombreuses parties du globe, comme dans le désert du Néguev en Israël, dans les régions sèches du Pérou, de la Chine, de l’Italie romaine et en Nouvelle-Zélande maorie. Les pierres rendent le sol humide en le recouvrant, réduisent l’évaporation d’eau due au soleil et au vent et empêchent la formation à la surface du sol d’une croûte dure qui favorise  le ruissellement des eaux de pluie. Les pierres réduisent les fluctuations diurnes dans la température du sol en absorbant la chaleur du soleil au cours de la journée et en l’évacuant pendant la nuit ; elles protègent  le sol contre l’érosion car les gouttes de pluie viennent s’écraser à leur surface ; des pierres sombres sur un sol plus clair réchauffent le sol en absorbant une plus grande quantité de chaleur solaire ; et elles peuvent également servir de pilules fertilisantes à diffusion lente […],  car elles contiennent des minéraux indispensables qui pénètrent progressivement dans le sol ».On voit d’ailleurs  sur les images du net des taches blanches (marne, calcaire ? ) près des sillons pour orge plus sombres, tant à Malte que sous l’eau pour la Pantellaria Vecchia. Des chercheurs américains comme Christopher Stevenson ont expérimenté ce système agricole dans le sud-ouest américain et prouvé que la quantité d’humidité était ainsi doublée et  les températures maximales des sols au cours de la journée abaissées,  tandis que les températures minimales durant  la nuit étaient augmentées ; le rendement était de quatre à cinquante fois supérieur selon les espèces.
  Toutes ces réalisations demandaient un énorme travail et nécessitaient le déplacement de millions de tonnes de pierres. On comprend dès lors pourquoi les premiers Maltais et leurs ancêtres  de Göbekli Tepe, puis leurs descendants,  les Euréliens, représentèrent des sillons sur de grosses pierres et pourquoi la pierre leur était sacrée, puisqu’elle représentait pour eux un gage de fécondité et de fertilité.





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