Le mythe de la louve allaitante
fondatrice de Rome et sa signification véritable.
On s’est interrogé dès l’Antiquité sur le sens de cette
louve, lupa, qui allaite les jumeaux
fils de Mars, Remus et Romulus. Certains ont voulu prendre le mot lupa
dans le sens de prostituée (cf lupanar) : le mot ibère lupa, grec lukos, n’était plus compris des Romains. Il désignait en réalité un
polissoir lié à l’invention de l’agriculture céréalière avec des stries qui
furent prises pour les mamelles d’une
louve ou d’une laie. La fête des
Lupercales nous a gardé le souvenir du nom entier lup-arca, arca désignant la roche massive que nous appelons
polissoir et l’ensemble signifiait la roche aux sillons magiques consacrée au
dieu de l’agriculture Mars.
photo: laie à mamelles carte
postale
Sirona
Les pseudo-« polissoirs » sont en réalité des pierres commémoratives de la mort des grains
de blé ou d’orge (lupus désigne en
latin une sorte de houblon, peut-être d’orge sauvage à l’origine) plantés dans les sillons, mort nécessaire pour les anciens à leur renaissance et
leur germination. Voir mon
article
.De même qu’à Göbekli
Tepe se trouve une figurine représentant
un sanglier avec, gravés sur le flanc,
quatre sillons, de même on peut voir à
Malte un bas-relief du sanctuaire de
Cérès représentant aussi un sanglier qui présente des sillons sous le ventre, pris par les
profanes et les touristes pour des
mamelles (voir la carte postale
ci-jointe : le sanglier avec
les sillons est en bas à gauche). Que ce soit à Gobek-li ou à Malte, le
pictogramme du sanglier évoque la mort de l’orge, car le nom du sanglier, porcus,
évoque le nom du dieu des morts, Orcus
ou Phorkus.
Le mot sillon dans les langues indo-européennes
provient du radical *swe/olk, gonfler, et désigne, non pas la tranchée proprement
dite, mais ses bords formés de la terre écartée. Le grain passe pour y mourir avant de pouvoir pousser, ce qui avait excité
les railleries de Voltaire quant à l’ignorance botanique du Christ. Celui-ci
dit en effet (Evangile de Jean, 12,
24) : « Si le grain de
blé qui est tombé à terre ne meurt, il
reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.», ou,
autrement traduit, le grain de blé doit être mis en terre et y mourir pour
rapporter. L’invention de l’agriculture liée aux semailles procède du fait de
mettre en terre, à une certaine
profondeur, des grains de blé ou d’orge, comme les cadavres. Le mégalithe aux
sillons est une autre forme qu’a prise au fil du temps la barre transversale au
sommet des menhirs de Göbekli Tepe et,
comme cette barre, il
représente, la mort du blé divin, la mort de Perséphone ou Proserpine, épouse
de Orcus, qui se retire sous terre pendant la saison froide. .
Le radical
ibère lup-, lut-, rut-, sillon.
Le radical lup- signifiant sillon se trouve dans le
nom d’une peuplade anatolienne préhistorique, les Louvites, dans les noms de
Lycie de et Lydie. Lut-,
étant parent du latin ulcus, sillon, se retrouve avec rhotacisme dans le nom
maltais du géoglyphe (carl) rut,
sillon (pour orge, qui se dit carl en
maltais ancien).Les carl rut maltais
sont à Malte des sillons parallèles de
plusieurs kilomètres. A noter qu’on trouve aussi ces profonds sillons dans l’îlot englouti au
large de la Sicile, la Pantellaria vecchia .
.Ce sont ces sillons
placés de chaque côté de certains menhirs qui ont donn,é lme symbole d’Ahura
Mazda, où les sillons sont devenus le symbole des ailes de la lumière (lux, lucem en latin), tandis que Mazda
est apparenté au nom du dieu agraire
Mars. De même, le nom latin d’une sorte de mors à gourmette pour cheval récalcitrant, lupus, rappelle les stries parallèles
du sillon.
Le
sillon qui présida à la fondation de Rome, tracé par Romulus, et le meurtre de Rémus qui le franchit,
violant l’interdit de Mars.
D’où vient le nom de Rome ?De Rôma de vrôma, orge ou folle avoine, apparenté au grec brôma
, nourriture, orge, bromos,folle
avoine,
briza, seigle (vrisa en
Macédoine aujourd’hui), bibrôskô, manger, dévorer , bora,pâture,nourriture, latin vôro,
sanskrit girati : la racine est
gwerh-, gwre- ou gwrô-, latin granum. Les noms de Rémus et de Romulus (le fils de Rome) sont dérivés tous les
deux de Roma. De même, le nom du Tibre, génitif Tiberis, est à rapprocher de celui de la Loire, génitif Ligeris.
Les jumeaux Rémus et Romulus allaités par la louve sont les
fils de Mars, dieu agraire originellement dont le champ de mars était sacré.
C’est le Champ de Mars que Romulus
entoura d’un sillon sacré.
Les champs de Mars et de Bellone italo- celtiques, puis gaulois,
héritiers de ces géoglyphes maltais et
siciliens appelés Carl rut, les sillons pour orge, qui sont les modèles du sillon circulaire tracé
par Romulus autour de la future Rome.
La Nasa
a publié des clichés en 2015 de géoglyphes découverts dans les steppes du nord
du Kazakhstan en Asie centrale, datant
du début de l’âge du fer en Asie, de
–800 par conséquent. Que sont devenus en Europe ces mystérieux géoglyphes maltais et siciliens longs de
plusieurs kilomètres, représentant des sillons et qui étaient appelés à
Malte Carl (mot ibère pour
grain d’orge) Rut (sillon)? On a
trouvé en Touraine de très longs
ensembles (plusieurs centaines de mètres en ligne droite) de fossés et
de talus, c’est-à-dire de sillons,
d’une largeur de 8 à 12 mètres, en particulier en Forêt d’Amboise (2 endroits),
dans la Forêt Bélier (commune de
Monnaie) et dans un bois situé à l’ouest du champ de courses de
Chambray. L’auteur de l’article qui les mentionne, Jean -Mary Couderc , dans
« Les enceintes quadrangulaires de Touraine », in Acres du 9eme colloque de l’association
française pour l’étude de l ’âge de fer, Châteaudun, 16-19 mai 1985,
Editions Errance, Paris, 1989, p.76 , évoque à leur propos le lacis de
fossés et de talus devant la porte des fossés de César à Nouzilly près de Tours et cite son article de
1984 sur le sujet (« Les enceintes en terre de Touraine (II) », Bull.
Soc. Archéol. de Touraine, XL, p. 735-787, 11 figures, 21 photogr.) Parlant
de l’enceinte du Chatelier (commune des Hayes, Loir –et- Cher), il indique que le sillon « qui a fait le
tour de l’enceinte continue au lieu de
s’arrêter au point de raccordement et forme comme une antenne enserrant le grand talus, puis se subdivise de façon
complexe à proximité du chemin. »
Chaque fois que les archéologues parlent d’antenne, il s’agit du même
phénomène : à l’origine de ces enceintes, il y avait les sillons droits et
on a réutilisé plus tard leur tracé pour constituer un côté de l’enceinte.Telle
fut l’origine du rempart qui ceignit Rome.
Ces enceintes, trop négligées, sont souvent appelées Camp romain ou Fossé de César et elles sont très nombreuses dans toute l’Europe celtique : Espagne,
Allemagne du sud, Lorraine, Calvados près de Coutances, à Lithaire (le
Camp romain ), Lithaire venant de ridh
tir(ial) , Rudiana tir (terrain) ial [découvert], Touraine ,
nord Sénonais, Eure-et-Loir , à
Lanneray et dans au moins six autres communes..
Bernard Robreau, dans « Les dieux des Carnutes : Mars, Jupiter, Apollon »
in Mémoire XXXIV-2, numéro 90, octobre novembre, décembre 1990, p. 48,
s’interroge : « Ne faudrait-il pas interpréter les viereckeschanzen [en allemand, enceintes
à quatre coins, nom donné en Allemagne
du sud à ce type de géoglyphe défini , peut-être top étroitement , comme des
« enceintes quadrilatérales à fonction cultuelle de la Tène
finale »], nombreux en pays carnute, comme des sanctuaires de campagne
dédiés au Mars gaulois ? Cela expliquerait […] leur fréquente association
par deux en forêt de Marchenoir, en forêt de Rambouillet ou même à Lanneray
dans le Perche dunois. » Et il renvoie pour Lanneray à son étude, B.
Robreau et A. LEROY,
« Les deux enceintes quadrilatérales du Bois des Goislardières à Lanneray
(Eure-et-Loir) », in Les
Viereckschanzen et les enceintes quadrilatérales en Europe celtique (=Actes
du IX è Colloque AFEAF tenu à Châteaudun, en 1985), 1989) ainsi
qu’aux articles concernant Marchenoir
dans le Loir- et- Cher, plus exactement Briou et son lieu-dit Moncelon, et Rambouillet.
Examinons
les quatre ou cinq enceintes de
Lanneray.
1) La
moins connue est la Friche des Bois de la Butte, dans la Section G1 du cadastre de
Lanneray, dite du Gouffre, au nord de
la Forêt.
H. Leplège dans Lanneray .Ses Châteaux, ses hameaux et
lieux- dits. Sa préhistoire, Amicale des Anciens Elèves de l’Ecole de
Lanneray, Châteaudun, 1991, p. 46, écrit à son propos : « Ce
mot butte [féminin de but, du
francique but, souche, puis cible de
flèche], naturellement, faisait penser à la présence possible de tumulus ou d’une autre structure
archéologique A l’endroit de ce
champtier, il n’y a plus, depuis un bon nombre d’années, ni bois ni butte, tout
est nivelé et en cultures, sans vestige apparent quand le sol est nu. » Le Littré donne pour butter le sens d’ « ameublir la terre en pyramide autour du
pied d’une plante » et pour butte le sens de « petit
tertre ». Mais ici butte vient
en réalité du gaulois vut, sillon, de
la racine indo- européenne wolkw,
gonfler, et c’est par incompréhension que le mot butte a été utilisé comme signifiant tertre.
Quant
au mot friche , au sens premier , il est employé pour désigner
un endroit qui a subi un gros travail de
déforestation, car ces géoglyphes sont
l’aboutissement d’ un processus complexe
de défrichage de la forêt primaire et de
« triple labour » en profondeur ,- dont témoigne le nom du site
préhistorique voisin de Montgasteau,
(Saint-Denis –les- Ponts) où gasteau renvoie
à un mot d’origine gauloise jachère , au
sens premier extraction des racines et des branchages avec adjonction de cendre et de fumier, etc. ,
étant précisé que , depuis, la forêt a repoussé et que, comme par hasard ,
c’est dans des forêts qui furent jadis défrichées que l’on trouve le plus
souvent nos mystérieux sillons .
Le mot gouffre utilisé dans le titre de la Section G1 du
cadastre de Lanneray, dite du Gouffre , renvoie, non à un gouffre
(il n’y en a pas), mais à un mot ibère signifiant sillon, parent du grec
kolpos, pli, qui nous a donné en français les mots golfe et gouffre, du radical indo-européen kswolkw , gonfler, qui donne aussi luk , sillon. La section du gouffre signifie donc la section du
« sillon », de la butte si l’on préfère.
2) La
prospection aérienne a permis à Alain
Lelong d’en dresser le plan : il
s’agit, aux « Chemins de la
Touche », de deux enceintes
contiguës, dont l’une est trapézoïdale, non loin probablement d’un site appelé Le Moulin à vent. « Il s’agit
vraisemblablement d’un ensemble agraire », conclut-il, p. 68, dans son
article « Le problème des grandes
enceintes du sud de l’Eure-et-Loir », in
Les Viereckschanzen et les enceintes
quadrilatérales en Europe celtique, op.
cit. , où il évoque la présence
d’autres enceintes à Conie -Molitard, à
Alluyes, à Neuvy- en- Dunois ,à Villiers- Saint- Orien (Orien venant du nom
du dieu gaulois Rudianus),
à La Chapelle -du Noyer et à Trizay -lès- Bonneval. Notons qu’à Trizay il y a
la trace de trois moulins comme à Conie- Molitard (molitor désignant en latin le meunier d’un moulin à bras).
A cause
des homonymes, je précise que la Touche en question désigne un bois, aujourd’hui
totalement défriché; et que c’est cette
Touche qui figure dans la section
I dite de l’Eglise et dans la section O
dite de la Touche (champtier de la
Touche), où se trouve aussi le champtier du Moulin
à vent. Le nom entier du chemin est chemin de Lanneray à la Touche. A remarquer, dans la section H dite de
Touchémont, le nom du champtier de la Rouzannerie, qui garde le souvenir de Rudianos, le dieu gaulois+un suffixe en –erie, ainsi que le champ voisin des Rougeaux, le champ de
Mars, de rougel.
, de Rudi(anos) +gaulois -ialo, clairière, à
rapprocher, par exemple, du nom de
Ruillé- sur- Loir près du Mans.
3) Le second toponyme est Le Bois des Buttes, ou bois des Goislardières
(malgré les deux noms, l’un ancien, l’autre relativement récent, il s’agit d’un
seul bois). Il comprend deux enceintes
d’environ un hectare, chacune, l’une au Nord, et l’autre au Sud. Le sol en
avait aussi été défriché, mais la forêt a repoussé dans ce qui constituait des clairières.
L’enceinte Sud a été appelée localement, comme souvent, le Camp
romain.
Pour tenter de déchiffrer le mystère, il nous
faut étudier les données de la toponymie.
Moncelon,
à Briou, dans le Loir-et-Cher, cache
un Mon -Sirona (Mon –serona), tandis que Rambouillet dissimule un champ
de Mars- Rudiobus, de Ru (di) obus +suffixe gaulois –ialo,
clairière, champ, espace découvert, ainsi que le confirme le gallois tir ial, terrain découvert. Marianne
Mulon, Noms de lieux d’Ile- de- France, introduction à la toponymie,
Editions Bonneton,Paris,1997, p. 16, indique que le diminutif Rambouillet
désignait un petit Rambeuil,.qui est attesté comme fief en 1244 et qui est
englobé aujourd’hui dans le territoire de Rambouillet. « L’enfant a
dévoré le père ! », conclut avec humour la philologue.
Passons
maintenant à la toponymie du Bois des Buttes et aux hameaux voisins : Villestain, Guignarderie, la vallée des
Serins. .
Villestain, pour uil-esta, mentionné en 1586, se décompose en une finale –esta(in) , orge, cf. vieux haut
allemand gersta, et en vil , de vut , sillon, donc sillon pour orge. .
Dans La Guignarderie, mentionnée en 1417
comme La Guignardière, de sinarherria, et qui désigne, non pas une ferme précise ,
mais un lieu, celui de l’enceinte Nord , on identifie une métathèse de Sirona, savoir sinaro et un suffixe ibèro -basque en –herria, qui signifie emplacement .
Tout
près se trouve une Vallée des Serins,
où l’oiseau chanteur des Canaries prend la place, par un trait d’humour, et
grâce à une homonymie, du nom de l’orge
d’origine ibère devenu chante , cf.
les nombreux noms en chante- :
Chantemesle, etc.
Autre écart voisin : la Haloyère, prononcé localement la Halogère, de halogersta, littéralement sillon (lituanien welku, grec aulax, ôlax, alox, ôlx, (s)elkos comme latin sulcus, ôlax ) à orge ( gersta à rapprocher du vieux haut
allemand gersta). Le mot qui signifie
sillon est proche du mot qui signifie
meule, grec aleuron, farine, aleiar, aleô, moudre, arménien aram. On peut en déduire qu’un moulin n’était pas loin et que Sirona est la
déesse du grain broyé ou, ailleurs, grillé, mort avant de renaître. On a retrouvé
à Libouville les deux meules du moulin, la grande portant d’ailleurs des sillons.
Il y a un fond de cabane gaulois
derrière la Poterie., c’est-à-dire à la Haloyère, et , la prospection aérienne de A. Lelong
ayant détecté la présence d’une ferme « indigène » voisine, on est en
droit de penser que ces deux enceintes étaient le sanctuaire de cette ferme
carnute cultivant de l’orge.
En nous
fondant sur la toponymie, les deux divinités Rudiobus ou Teutatès et Sirona sont concernées par ces
quatre enceintes. Les quatre enceintes
de Lanneray sont des champs
de Mars et de Bellona, délimités par
les fameux sillons, et ce sont, pour
leur donner leurs noms gaulois, le champ
de Rudiobus ou Teutatès (enceinte sud dont
le nom Teutatès (ta) survit dans Villestain
et dans chante avec l’allusion contenue serins )
et le champ de Belena , déesse liée
à Apollon Belenos ou Sirona (enceinte
nord dont le nom survit dans la
Guignarderie), à rapprocher des noms du
pain en grec, sitos, de sidos, de sei-, graine, cf .la
déesse latine des semailles Seia , et
de dza, orge, grec zeia , et du mot silo, seiros chez Varron, 1, 57 ou en grec classique siros
) que sont dédiées les deux enceintes du Bois des Buttes, l’une,
l’enceinte Sud pour la vie et la
croissance du grain dans le sillon, sous la protection de Mars, l’autre pour le fait de broyer le grain au moulin, sous l’égide de Sirona.
Le conservateur du Musée des Antiquités
nationales à Saint- Germain-en- Laye, Alain
Duval, remarque, dans « Monde des morts, monde des vivants :
qu’appelle-t-on « sanctuaire » à l’époque de la Tène ? », op. cit. , p. 164, que les
trouvailles de Felbach –Schmiden en Allemagne, qui ont révélé des restes d’une
statuette en bois interprétée comme celle d’une divinité (Sirona) et surtout la
présence de graines, invitent à considérer certains enclos, non comme funéraires, mais comme des
sanctuaires des vivants dédiés « aux semailles, aux
richesses » « et s’adresseraient davantage à ceux qui
travaillent le sol. ». .Tel pourrait être le cas des Viereckeschanzen de
Lanneray.
A propos
de la statuette en bois, on peut supposer que c’était la figuration de Sirona.
Or, au Boulay, non loin du Bois des Buttes, se trouve un simulacrum de pierre qui peut être celui d’Epona, la déesse gauloise protectrice des chevaux, mais aussi être
celui de Sirona -Belena: on
trouve à Valainville (de Belena villa), sur la façade de la chapelle,
comme d’ailleurs à la chapelle de Saint- Hilaire- des- Noyers (anciennement Bellenville, de
Belena villa), le même fruste
visage (ci-dessous, cliché de Madame Yvonne Cochard).
Simulacrum de Sirona- Belona (Lanneray)
.Ajoutons que le Tchèque J. Waldhauser
a découvert (op . cit. , p.49) un four avec des graines de
millet incinérées dans l’ enclos de Markvartice en Bohème celtique, le pays
des émigrés Boïens de César, vartice signifiant sillon à céréale,
souvent l’orge, ici le millet en langue celtique, comme dans un autre enclos
appelé Vazice en Tchéquie (op.
cit., p. .45) cf . Varize
en Eure-et-Loir. . En grec, ortux,
attesté par Hésychius avec digamma ,
soit gortux, comme le vartice
de Bohême, c’est-à-dire wortux,
confirmé par le sanskrit vartakah, le grec ortugia. , ou ôtugia, désigne la caille, c’est-à-dire,
étymologiquement, l’oiseau qui picore les grains d’orge (orge en indo-européen yew-, donnant en grec ug) des
sillons (vorth). Mark pourrait renvoyer , dans Markvartice,
au four en pierres, mark signifiant pierre.
Les dieux agraires des Gaulois d’Eure-et-Loir.
Le nom de Latone,
la mère d’Apollon, vient de Blaton, le blé. Apollon est appelé
Hécatos dans l’ lIlade et le mot,
de sens obscur, signifie probablement le semeur d’orge. Sa soeur jumelle est
dite Hécata, la semeuse d’orge et son
nom comme sa fonction évoquent la déesse
égyptienne Héket. . En lydien, on a
un nom d’Apollon, Pldans, de blatso, le germe du blé, à rapprocher du
nom de Pluton. Les épithètes homériques, obscures, du
dieu et de sa soeur, Hécatèbolos et Hékaergos, s’analysent en liaison avec
le nom des céréales : bolos le
blé, ou wergo, le blé noir.
Les
cordes de la lyre d’Apollon sont une
représentation des sillons. Les géoglyphes maltais appelé carl ruts dont le nom signifie sillons pour grains
d’orge, s’analyse en : carl , grain d’orge , de kardha, en grec kritha , en latin hordeum , en gaulois ksordheon
( qui donne en français le mot escourgeon,orge d’automne) , en allemand Gerstenkorn, du vieux haut allemand gersta , de kwr(n),
grain, et de dhea, orge, , grec homérique dzeeai, épeautre , à rapprocher
du sanskrit yavah, orge , et rut, de luk , sillon, parent de la racine swel/swolk , gonfler, qui donne en latin sulcus, sillon.
En
Bretagne, les noms de Mané Rutual ou
de Mané Lud contiennent ce mot sillon
sous la forme lud ou rut--ual, -ual signifiant découvert, superficiel (cf tir-ial, terrain découvert , clairière défrichée en gaulois)
et il y a quatre rangées de bâtons coudés
dans lesquels on a vu à juste
titre des épis ou germes de sésame (et
non , comme parfois, des crosses d’évêque !), accompagnés d’une tête de
jument, c’est- à- dire de la déesse Cérès. Mané est parent du latin milium, millet et de sesamon, sésame.
En
Eure-et-Loir, le
« polissoir » disparu de Germignonville a laissé
son nom à la commune : c’est la ferme (villa) de la pierre aux grains de millet, du gaulois Germilion, de ger, grain, et de milion,
millet (latin milium, grec mélinè).
Voilà la
richesse des mots apparentés au nom de la louve romaine.
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